La pie voleuse [PV Olivier]

La main de Lily Roverandom se crispa sur l'accoudoir recouvert de velours de son fauteuil. La musique était certainement la seule chose qui parvenait à l'émouvoir avec autant d'intensité. On a beau être une tueuse professionnelle, cela n'empêche aucunement d'avoir de la sensibilité. Malheureusement, ce n'était pas pour profiter de la musique que Lily Roverandom s'était rendue au théâtre Schya, qui donnait ce soir-là une représentation de la Pie Voleuse, le célèbre opéra de Rossini, mais pour accomplir un contrat. Un contrat pour le moins inhabituel car, contrairement à l'habitude, elle ne devrait tuer personne, mais tout simplement dérober un objet. Bon, peut-être que pour en arriver là, elle devrait tuer, mais ce n'était pas le but du contrat.

En l'occurrence, elle se trouvait dans la même niche que sa cible, juste derrière elle, pour être précise, en compagnie de quelques autres personnes. Il s'agissait d'une vieille femme qui détenait un énorme caillou d'une valeur inestimable monté sur une bague en or blanc, et qu'elle portait imprudemment de manière quasi constante. Pourquoi ne pas avoir engagé un cambrioleur plutôt qu'une tueuse à gages ? Tout simplement car il se trouvait que Lily avait réservé sa place depuis longtemps, et que le hasard avait voulu qu'elle se retrouvât placée dans la même niche que cette femme. Pourquoi n'avait-elle pas cédé sa place à un cambrioleur ? Tout simplement parce qu'il n'en était pas question, qu'elle attendait cette représentation depuis trop longtemps et qu'elle avait refusé de laisser sa place à quelqu'un qui, selon elle, ne saurait pas apprécier la musique autant qu'elle. Elle s'était donc vue attribuer le contrat.

La vieille femme semblait apprécier grandement le spectacle : toute son attention était portée sur la scène, et cela était tant pis pour elle, et tant mieux pour Lily, qui avait su profiter de cela pour glisser un narcotique dans le verre de champagne de la lady. Cela explique pourquoi, au bout d'un certain temps, malgré toute l'attention qu'elle portait au spectacle, la vieille femme commença à dodeliner de la tête. Elle piqua finalement du nez, les yeux clos. Lily regarda autour d'elle, mais sans tourner la tête, ne faisant bouger que ses globes oculaires, puis, le plus discrètement possible, comptant sur l'obscurité pour que l'attention des autres spectateurs présents dans la niche ne soit pas attirée par son mouvement, tendit lentement sa main vers celle de la vieille femme qui pendait vers le sol. Elle fit précautionneusement glisser la bague le long de son doigt puis, avec toujours beaucoup de prudence, la glissa dans son sac à main. Elle regarda à nouveau autour d'elle, vérifiant que personne ne l'avait remarquée. De toutes façons, si quelqu'un tentait quoi que ce soit, elle était en mesure de se défendre.

"Voler est chose qu'on ne devrait jamais faire dans une société civilisée..."

Chuchota Olivier qui était assit à côté de la jeune femme. le capteur de mouvement de son ordinateur l'Avait prévenu d'une agitation à sa gauche et craignant pour sa vie, il avait alors posé un regard inexpressif sur... Une main voleuse, rien de plus. Soulagé mais sa curiosité piquée, la conversation sembliait de mise.

"Bien évidemment... Quand on y va par pseudo-nécessité, c'est à moitié pardonné..."

Ajouta t'il avec un sourire amusé. Il voyait parfaitemetn la jeune femme ave cle mode vision nocturne de ses lunettes et donc toute tentative pour lui faire un sale coup serait donc taxée d'une surprise de taille...

A sa grande honte, Lily ne put s'empêcher de sursauter en entendant les paroles chuchotées qui lui étaient clairement adressées. Elle se tourna vers le jeune homme assis à côté d'elle et le détailla rapidement des pieds à la tête. Dans l'obscurité, malheureusement, elle le voyait à peine, sinon, elle aurait certainement eut l'impression que son allure lui était familière. Et pour cause, qui à Ataxia n'avait pas au moins une vague idée de ce à quoi ressemblaient les trois boss qui étaient à la tête des trois grandes sociétés criminelles ?

Mais pour l'instant, Lily ignorait à qui elle avait affaire. Tout ce qu'elle pouvait constater était que pour l'instant l'attitude de son interlocuteur ne semblait pas agressive. Elle hocha brièvement la tête et répondit en chuchotant :

- Je ne suis pas habituellement portée dans le domaine du vol... Disons que je n'ai pas le choix. Et puis... regardez-là, dit-elle en désignant la vieille femme parée comme une princesse d'un mouvement de la tête. Vous pensez que cela va faire un grand trou dans sa fortune ?

Elle secoua la tête, se reprenant.

- Et puis, je ne vois pas pourquoi j'aurais à me justifier auprès d'un parfait inconnu, lâcha-t-elle assez sèchement.

Elle reporta son attention sur la scène, tout du moins en apparence, car elle restait attentive au moindre mouvement de son voisin.

"Seul les membres de la Synnefo ont des comptes à rendre à Olivier Maxter, je vous le concède volontier. Mais la politesse est chose que personne ne contrôle si ce n'est la société toute entière."

Fit remarquer le jeune homme d'un ton calme. Il se cala confortablement dans son siège et sourit.

"Vous en revanche, ne travaillez pas pour moi. Sinon je le saurais. Et de par votre attitude, j'en déduis que vous ne travaillez pas pour mademoiselle Helies. Dois-je en déduire que vous êtes de la Schya?"

Il reporta son attention sur la pièce de théâtre, attedant que l'Autre prennne l'initiative de parole. En tant que chef, il n'Avait pas à prendre les initiatives. On s'en chargeait pour lui. Et il n'osait se l'avouer mais il commençait à y prendre goût, tranquillement.

*Curieux personnage, j'espère qu'elle sera de plus agrééable compagnie que cette folle furieuse de la Mavros. Une tbien truamatisante expérience!*

Le mot "Synnefo" lui fit dresser l'oreille, et le nom "Olivier Maxter" tourner la tête vers celui qui était ainsi dénommé. Elle le dévisagea, ne pouvant cacher sa surprise. Ainsi, elle était assise à côté du chef de la Synnefo, rien de plus, rien de moins. Pourquoi était-il ici ? Sa présence avait-elle le moindre rapport avec elle, ou était-ce pur hasard ? Il n'avait absolument pas l'air agressif, mais Lily décida de rester sur ses gardes. D'ailleurs, depuis quand n'avait-elle pas baissé sa garde ? Cela devait bien se compter en années... Néanmoins, la réplique du jeune homme avait fait mouche, et elle reconnaissait qu'elle aurait dû être plus polie, même après avoir été prise la main dans le sac. De plus, elle était positivement impressionnée par le pouvoir de déduction que semblait posséder ce Monsieur Maxter, cela forçait le respect.

Elle esquissa un sourire poli et dit courtoisement :

- Veuillez m'excuser...

Elle lui tendit sa main.

- Enchantée, monsieur Maxter. Lily Roverandom. Et vous avez vu juste, je suis bien membre de la Schya - et je dois avouer que je suis impressionnée par votre esprit de déduction. Mais sachez que, étant donné que je viens tout juste d'accomplir le contrat que je m'étais vue attribuer, je suis désormais au repos, et je ne vous chercherai pas querelle, ajouta-t-elle avec un peu de précipitation.

- Sauf si bien sûr c'est ce que vous recherchez, précisa-t-elle dans un murmure, souriant et se penchant un peu vers lui.

"Pourquoi est-ce qu'à chaque fois que je prends le temps de venir analyser et me rendre compte par moi même des bienfaits de chaque société on m'accuse toujours d'y chercher querelle? Vous me semblez pleine de bon sens, miss Roverandom. Si j'avais voulu causer le trouble... C'est à grand renforts d'explosifs que j'aurais marqué mon arrivée. Feu d'artifices, pour être plus exact. Je suis de ceux qui croient encore en la politesse d'un coup de semonce."

Dit Olivier en lui offrant un regard amusé,égèrement malicieux..Non, il n'avait nullement l'envie ni l'intention de lancer un conflit armé sur le terrain de la Schya...

"Quant à mon sens de la déduction... Quand on vous a branché sur une machine pendant les cinq premières années de votre vie, on finit par penser comme elle. de façon méthodique et analytique."

Fit remarquer Olivier avec un sourire bien mystérieux cette fois. Pour le peu de personnes ayant jamais entendu parlé du codex, ce commentaire ne faisait pas grand sens si ce n'est qu'un peu d'excentricité.

Lily l'écouta attentivement et lorsque le chef de la Synnefo eut finit de parler, elle ne répondit rien, mais on pouvait la sentir nerveuse. En réalité... Elle était en train de se concentrer pour ne pas éclater de rire. Pourquoi avait-elle cette soudaine envie de rire ? Il n'y avait rien de comique dans les paroles de son interlocuteur. A part peut-être le coup des feux d'artifices, peut-être... Ou peut-être était-ce la façon qu'il avait de dire de telles choses, comme s'il n'y avait rien de plus naturel. Quoi qu'il en soit, elle avait une envie de rire irrépressible, comme elle n'en avait pas eue depuis... étaient-ce des mois ? des années ? Elle n'en savait trop rien, mais cela faisait longtemps.

Ne pouvant plus se retenir, elle plaqua une main sur sa bouche et détourna les yeux. Ses épaules se mirent à s'agiter dans un rire silencieux et, de sa main libre, elle essuya une larme de gaité qui avait coulé sur sa joue. Puis, reprenant sa respiration et son calme, elle articula entre deux pouffements :

- Je... Je vous prie de m'excuser ce... c'est nerveux !

Elle prit une profonde inspiration, s'essuya les yeux puis, s'était raisonnablement calmée, tenta de prononcer une réponse cohérente :

- Je... Très heureuse d'apprendre que vos intentions ne soit pas euh... belliqueuses.

Sur ce, elle se mit à nouveau à pouffer, arrachant aux autres personnes présentes dans le box des soupirs d'exaspération. Lily leva les mains dans leur direction en signe d'apaisement.

- Désolée, j'arrête ! chuchota-t-elle.

"Heureux de voir que ma réponse vous amuse. Il faut toujours plus rire que pleurer dans la vie. Et puis du reste, c'est la bonne humeur qui favorise les rapports humains et la diplomatie. Avez-vous déjà vu un chef d'état déclarer une guerre avec un sourire aux lèvres? Je veux bien monter sur cette scène et donner un court récital si vous me trouvez une exception à cette affirmation."

Dit Olivier non sans une pointe d'amusement dans la voix. Il avait beau avoir des tas de défauts côtés relations humaines mais les mots étaient ses outils de prédilection et par la paorole, il pouvait créer, modifier ou détruire une vie. Dans le cas actuel, il essayait de remonter le moral de cette jeune femme forcée de travailler pendant une représentation d'opéra...

"Allons, messieurs dames, vous avez été jeunes tout comme cette jeune femme... N'avez-vous point été heureux à cette époque? Euphorique devant la promesse d'une vie remplie de surprises?"

Les autres occupants du box émirent quelques paroles, gênées par leur propre intolérance. Olivier, quant à lui, retint un rire moqueur devant l'imbécilité humaine...

Lily, qui avait finalement réussi à se calmer, ne put s'empêcher de se remettre à pouffer. Les autres spectateurs du box n'osaient plus rien dire, mais ne s'empêchaient pas de lui jeter régulièrement des coups d'oeil désapprobateurs. Lily respira un grand coup, puis, pensant que boire un coup l'aiderait à retrouver son calme, elle tendit sa main vers la table sur laquelle étaient posés quelques verres dont le sien et celui de la vieille femme, qui dormait toujours du sommeil du juste. Lily avait eu partiellement raison : cela la calma, mais non pas de boire une gorgée, mais tout simplement d'y penser, car il lui vint soudain à l'esprit qu'elle avait laissé son verre durant un long moment sans surveillance, et que, dans cette ville, rien ne pouvait lui garantir que quelqu'un n'avait pas fait à son verre la même chose qu'elle avait faite à celui de la lady, voire pire. Le visage à nouveau impassible, elle reposa sa main sur ses genoux, et répondit comme si de rien n'était :

- Certes, vous avez bien raison, mais je dois avouer que je les comprends, je n'aurais pas aimé que quelqu'un ricane pendant Les Noces de Figaro.

Elle désigna la scène d'un mouvement de tête.

- Celui-ci n'est pas mon préféré, et il faut avouer que la mise en scène laisse quelque peu à désirer (soit dit en passant, je suis sûre que si vous descendiez sur scène pour faire un discours ce serait plus intéressant que ce qu'ils arrivent à faire) mais les représentations d'opéra se font si rares de nos jours que je n'ai pas su résister...

Réalisant ce qu'elle était en train de faire, elle secoua la tête et reprit :

- Veuillez m'excuser, ce n'est pas mon genre d'être aussi bavarde. Décidément... Je dois être fatiguée, termina-t-elle avec un petit soupire d'impatience.

"Parler allège le coeur et l'esprit. C'est un grand libérateur de l'âme et il est plus efficace que totues les techniques modernes de relaxations. Vous verrez, rien ne remplace les méthodes qui sont venues avec le commencement du monde."

Fit remarquer olivier avant de passer son propre verre devant sa montre. Aucun danger détaecté, dit doucement l'appareil, son analyse terminée. Satisfait, il en prit une gorgée avec un large sourire, attendant que sa curieuse interlocutrice reprenne la parole. Il y avait quelque chose de brisé en elle... Mais il n'aurait su dire quoi.

*Comment ce fait-il que la Schya et la Mavros ne disposent pas de psychologues compétents?! c'Est à se demander comment ils font pour avoir des gens encore sains d'esprit...*

Lily ne put s'empêcher de sourire à nouveau, ce Maxter l'intriguait.

- Vous êtes vraiment un curieux personnage, sans vouloir vous offenser, bien sûr, dit-elle à mi-voix. Mais cela n'empêche pas que vous ayez raison.

Sur scène, on pouvait deviner que les derniers moments de l'opéra se jouaient. Lily poussa un soupire de soulagement. Elle aimait la musique, mais son plaisir avait été indéniablement gâché par son travail, et elle avait besoin de prendre l'air. Elle aurait très bien pu se lever et partir avant la fin, mais cela était contre ses principes : elle respectait le travail des artistes. Cela ne l'empêcha pas de pianoter avec impatience sur l'accoudoir de son fauteuil, attendant avec impatience que les dernières mesures retentissent, tout en reprenant :

- Ne croyez pas que je cherche à éviter de converser avec vous, je pense juste que ce n'est pas l'endroit le plus approprié.

Elle désigna d'un mouvement de la tête les vieux grognons assis avec eux en affichant un air las mais entendu.

"Je vous le concède volontier, ce n'est ni le moment ni l'endroit. Nous pourrrons poursuivre la conversation à l'extérieur."

Olivier prit la peine d'apprécier la fin de l'opéra et il vérifia distraitement que ses appareils d'enregistrement aviaient bien capturé l'oeuvre entière et il se dit qu'il devrait sans doute faire des retouches côté son... en supposant que ce ne soit pas une remasterisation complète. Pas impossible mais difficile, bien sûr. Il se doutait bien que la Schya n'apprécierait pas mais on a tous ses petites habitudes et celles d'olivier étaient héritée des hackers.

*À archiver et classer dans les productions de l'Année en cours sous H puis sous L...*

Lorsque le dernier accord retentit, Lily se leva en applaudissant comme les autres spectateurs - sauf, présentement, la vieille femme, qui dormait toujours comme un bébé - mais de façon plutôt distraite. Haussant la voix afin de se faire entendre par-dessus le brouhaha des applaudissements, elle répondit :

- Pourquoi pas ?

Elle cessa d'applaudir, contrairement à la plupart des autres spectateurs, puis reprit d'un ton emprunt d'une légère note de taquinerie :

- Mais cela ne risque-t-il pas de faire jaser si le chef de la Synnefo, qui a hum... prié ses subordonnés de ne pas établir de contact avec les autres sociétés, est vu en compagnie d'un membre de la Schya ?

Elle haussa les sourcils et fit un petit sourire malicieux.

- Personnellement, je le dis et je le répète : je ne suis pas en mission, et j'estime être libre de faire ce dont j'ai envie de mon temps libre, et je ne serais pas contre poursuivre cette conversation à l'extérieur.

"Et moi je ne suis pas dans mes heures de bureau donc je peux me permettre ce genre d'écart. Les plaintes écrites ou verbales n'auront qu'à m'être remise si problème il ya."

Dit Olivier avec un large sourire, commençant à se diriger vers la sortie de la salle.Il jeta un regard moqueur à la vieille femme qui dormait encore et attendit poliment Lily au dehors, se disant qu'elle avait peut-être quelque chose à faire avant d'Aller le rejoindre. Saluer des amis, peut-être? On était en territoire de la Schya après tout...

*Voyons comment la Schya tolère les intrus, il doit bien y en avoir plusieurs dizaines dans le secteur...*

Le fait de se quereller avec eux lui dépllaisait. Cela dit... Tolérance et raison sont souvent choses diamétralement opposées et Olivier le savait pertinement pour l'Avoir vécu en de nombreuses occasions.

Lily suivit Olivier et les autres spectateurs hors du box et dans les couloirs, après avoir jeté un dernier coup d'oeil à la vieille femme endormie, se demandant avec amusement combien de temps elle allait rester là avant qu'on la trouve... Si on la trouvait avant qu'elle ne se réveille ! En tous cas, ce n'était plus le problème de Lily : elle avait le caillou, l'affaire était réglée... Enfin, elle l'espérait. Elle restait sur ses gardes, guettant la moindre agitation : peut-être que la lady n'était pas venue seule. C'est pourquoi elle mit un peu plus de temps qu'Olivier à sortir de l'imposant bâtiment qu'était le théâtre Schya. Il l'attendait à la sortie, et Lily se dirigea tout naturellement vers lui. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu une discussion intéressante avec une personne extérieure à la Schya, et elle ne voyait pas pourquoi elle devrait se priver de cela, même si la personne en question était le chef de la Synnefo. Bien sûr, comme toujours, elle resterait sur ses gardes... Son éducation aurait voulu qu'elle mette les voiles dès que le jeune homme lui avait adressé la parole, mais en étant sans cesse sur la défensive, comment prendre le temps de vivre ?

Elle arriva à sa hauteur et se tint à côté de lui, fixant le flux des personnes sortant du théâtre d'un oeil absent. Elle aperçut dans la foule deux ou trois de ses collègues dont un la remarqua et eut l'air surpris de la trouver en telle compagnie, mais, nullement gênée, elle le salua d'un signe de tête et il passa son chemin sans poser de question.

- Puis-je me permettre de vous demander ce qui vous a amené en ces lieux ce soir ? demanda Lily. La musique ? Ou un quelconque autre business ? Si c'est trop indiscret, bien sûr, vous n'êtes pas obligé de répondre.

"Un intérêt purement critique. J'aime faire des comparaison entre les différentes productions. Et de vous à moi... Quand on est célibataire, il faut bien occuper ses soirées!"

Dit le jeune chef en rougissant. Il détestait admettre qu'il était humain, cela lui donnait l'impression d'être inutile. Il soupira et fut prit d'une violente quinte de toux. Du sang tachait sa main qu'il avait mit devant sa bouche. Satané problème de poumons...Il tenta toutefois de ne pas montrer sa faiblesse.

"Et vous, en dehors du travail, vous venez souvent ici ou uniquement pour le travail?"

Demanda t'il en cachant sa main derrière son dos, espérant ne pas vavoir fait montre d'un quelconque malaise.

*Je déteste quand ce genre de chose m'Arrive, plus que l'échec même...*

Lily hocha la tête en souriant d'un air entendu et s'apprêtait à répondre à Olivier lorsque celui-ci se mit à tousser fortement. Elle tourna son regard vers lui juste au moment où il retirait sa main de devant sa bouche avant de la faire disparaître derrière son dos. Etait-ce seulement une ombre ou avait-elle bien vu des taches sombres maculer la main du chef de la Synnefo ? Dans la lumière orangée artificielle projetée par les réverbères, Lily n'en était pas trop sûre. Elle préféra ne pas poser de questions, ne voulant pas être indiscrète. Elle ne s'enquit même pas de savoir s'il allait bien ou non, car il enchaîna directement avec une question, lui donnant un bon prétexte pour ne pas relever ce qu'il venait de se passer.

- En dehors du travail ? Hé bien, j'aime beaucoup venir ici, même s'il est très difficile de se trouver une place. Ce n'est pas tant que l'argent me manque, c'est qu'il faut bien trouver le temps lorsqu'on...

Elle se racla discrètement la gorge. Elle s'était apprêtée à mentionner son activité professionnelle, mais, pour une quelconque raison, cela la gênait d'en parler avec cet homme.

- La musique est sûrement ma distraction préférée, reprit-elle comme si elle ne venait absolument pas de s'interrompre en plein milieu de sa phrase. Je n'ai jamais rien connu qui puisse m'apporter d'émotions et de sentiments aussi intense que cet art, continua-t-elle, tentant de meubler le sujet afin de ne pas attirer l'attention sur ses dernières paroles.

Malheureusement pour la jeune femme, l'esprit observateur d'Olivier capta la phrase incomplète et cela attira son attention. Il voulu savoir, bien curieux de comprendre ce manque de constance... Pour lui, cela ne faisait pas grand sens... Pas de sens du tout même, surtout venant d'une personne saine et équilibrée. De la Schya en plus? Des secrets alors, définitivement!

"Lorsqu'on quoi? Pourquoi tenter un rafistolage de phrase au lieu de la compléter? Je trouve cela étrange d'une personne de la Schya, vous qui êtes réputés pour votre distinction et votre raffinement... Pour ma part, je trouve que..."

Nouvelle quinte de toux, plus violente cette fois et la main déjà tâchée de sang d'olivier fut couverte de nouvelles tâches, bien visibles cette fois, malgré soneffort pour le cacher.

*Vraiment génial... Signe de faiblesse en terrain potentiellement ennemi... De quoi se faire acehver sur place oui!*

Lily retint un soupir lorsqu'Olivier lui fit clairement comprendre qu'il n'était pas passé à côté de sa phrase incomplète. Comprenant qu'il serait vraiment mal venu de se défiler, elle s'apprêtait à répondre lorsqu'Olivier fut pris d'une nouvelle quinte de toux plus violente que la précédente, et cette fois-ci, Lily vit clairement du sang tacher sa main.

*Bon, je fais quoi, là ?* s'interrogea Lily. *Quel sujet je vais décider d'éviter ?*

Timidement, elle posa sa main sur l'épaule d'Olivier et dit, de la façon la plus détachée possible afin de ne pas paraître trop condescendante :

- Est-ce que ça va aller ?

Elle se sentit aussitôt parfaitement idiote, et retira précipitamment sa main. Elle ne savait pas trop quoi dire, se demandant ce qui serait le plus malvenu entre se montrer poliment concernée, rester silencieuse ou repartir sur le sujet initial.

"On s'habitue, à la longue, à avoir des poumons qui fonctionnent bizarrement. Très désagréable, excessivement douloureux, mortel si non traité pendant trop longtemps...Je suis en cours de guérison, c'est un bienrôle de virus, excessivement rare, qui est à l'originie de ce dérèglement."

Expliqua calmement Olivier, en sortant un mouchoir de sa poche pour s'essuyer la bouche et les mains. Satisfait, il appuya sur un bouton de sa montre et deux petites pilules en sortirent. Ayant amené avec lui le reste de sa bouteille d'eau prise au théâtre, il avala son médicament, le fit suivre d'une gorgée d'eau, grimaça et reprit la parole.

"Or donc, si nous en revenions à cette phrase incomplète?"

Lily l'écouta en hochant poliment la tête, n'osant trop commenter ses paroles. Après tout, elle n'allait pas se pâmer de sympathie, au sens littéral du terme, pour ce parfait inconnu - enfin, relativement inconnu, car qui, à Ataxia, n'avait jamais ne serait-ce qu'entendu parler des trois grand chefs criminels ? Du coin de l'oeil, elle le vit manipuler sa montre pour en sortir deux pilules qu'il avala avec une gorgée d'eau. Des médicaments, clairement. Bien malgré elle, dans un réflex professionnel, Lily ne put s'empêcher de prendre note de cela, se demandant si elle communiquerait cette information à la Schya si on lui demandait un jour ce qu'elle savait sur le chef de la Synnefo. Elle préféra chasse cette pensée de son esprit. Après tout, elle n'était actuellement pas en mission, et estimait pouvoir choisir librement de dissocier temps libre et travail.

Elle ne s'était pas attendue, étant donné le personnage, à ce qu'Olivier abandonne le sujet de sa phrase inachevée, et ne put s'empêcher de sourire avec amusement lorsqu'il aborda à nouveau le sujet, comme si de rien n'était. Sans prendre la peine de développer, elle répondit tout de go :

- Tueuse professionnelle. Lorsqu'on est tueuse professionnelle.

Elle se tourna vers lui, souriant d'un air entendu, et reprit :

- Cela vous convient-il ou devrais-je développer ?

"Vous n'avez pas besoin de préciser. Toutefois, je ne vois pas de traces apparentes de névropathie cyclique commune au pire tueurs de cette terre. Vous avez encore une bonne dose d'humanité en vous. C'est bien, vous êtes rcécupérable si jamais vous décidez de prendre votre retraite. Ceux qui oublient ce qu'ils sont, de simples humains, finissent par perdre humanité et pire encore, créativité."

Dit Olivier avec un sourire énigmatique sur le visage. Il détailla la jeune femmme de la tête au pieds avec un regard à la fois critique et satisfait.

"Comment une personne aussi exquise peut-elle servir en tant que tueuse à gage... C'est comme si une rose se servait de ses épines pour tuer..."

Dit tristement le chef de la Synnefo.

Lily faillit être à nouveau victime d'un fou rire, mais flattée tout de même par les paroles d'Olivier, elle su le contenir et répondit non sans une certaine malice :

- Une rose a des épines afin de se protéger, de survivre. Il en est de même pour moi. Je suis d'une espèce qui naît avec des épines et n'a d'autre choix que de faire sa vie avec.

Elle se tut durant quelques secondes, puis reprit d'une voix un peu rêveuse, plus comme si elle réfléchissait à haute voix plutôt qu'elle ne s'adressait à son interlocuteur :

- Je devais avoir un chromosome un peu différent dans mon ADN pour dévier ainsi de la voie qui m'était tracée.

Elle faisait bien sûr allusion au fait qu'elle avait abandonné sa carrière de garde du corps professionnelle pour se consacrer à celle de tueuse à gages, rompant ainsi avec la tradition ancestrale de sa famille.

Puis, relevant les premiers dires d'Olivier, elle reprit :

- Je fais ce métier par choix. Je ne peux pas dire que je ne prenne pas un certain plaisir à l'exécuter... Pourtant...

Elle haussa les épaules et continua d'un ton incertain :

- Je ne pense pas que vous vous trompiez en affirmant qu'il me reste une part d'humanité... Bien que quelque fois je me pose encore la question...

Olivier sourit et posa délicatement une main sur la joue de l'assassin.

"Il reste de la chaleur bien humaine dans ce corps. Tant que les battements de votre coeur ne vous apparaissent pas comme un bruit désagréable qui nuit à vvotre concentration avant un assassinat, vous serez encore humaine."

Olivier réfléchit un moment avant de reprendre, d'un ton appaisant.

"Les réponses se trouvent toutes en vous, il suffit d'aller les chercher, ce n'est pas aussi difficile qu'on le croit. Il suffit de croire en soi vous savez?"

*Et ça je l'ai appris à la dure moi, il aura fallu 33 morts pour que j'En prenne conscience!*

Lily émit un petit rire dénué d'humour, mais non vide de chaleur humaine, et cela tombait bien puisque justement il s'agissait du sujet de conversation.

- Voilà qui est plus facile à dire qu'à mettre en pratique, vous ne trouvez pas ?

Elle sembla réfléchir, secoua la tête, puis reprit :

- Pour croire en quelque chose ou quelqu'un, il faut bien le connaître. Or, je suis intimement persuadée qu'il est impossible de connaître parfaitement quelqu'un, pas même sa propre personne. Je ne crois formellement en rien ni personne. Plus maintenant, termina-t-elle avec une note d'amertume à peine audible.

Elle poussa un petit soupir, puis reprit d'un ton plus détaché :

- On ne va pas rester sur ce parvis toute la nuit, si ? Ce n'est pas que je m'ennuie, mais il fait un peu frisquet.