Plein les glazes !

"Donc c'est un personnage de fiction que tu crois réel. D'où vient-il d'un film, d'un livre, d'une bande dessinée? Forcément d'un mass média pour que d'autre le personnifie..."

*Un laboratoire. Mon portable pour un laboratoire. c'est le cas de psychologie le plus dément que j'ai vu hors des connaissances que l'on m'aie implanté. Une vivisection ne fera pas de tort en plus des examens conventionnels...*

Olivier prit une grande gorgée de vodka cette fois, histoire de se mettre à l'Aise et il poursuivit son interrogatoire. Un sacré interrogatoire d'ailleurs!

"Tu penses que ce personnage de fiction existe réellement? Je crains que ce ne soit un voeu pieu Charlie. Où serait-il, sinon, si il existe réellement? Et en quoi aurait-il besoin que tu prépares le monde? Il y a 7 millards de personnes sur cette terre..."

Il attendit ensuite les réactions de cette manifestation physique de la déchéance intellectuelle de l'être humain. Quel délicieux cas d'études elle constituait...

Charlie qui avait à nouveau renversé la tête en arrière, et chantonnait distraitement le thème de la 9e symphonie de Beethoven, la redressa lentement et planta son regard vitreux dans celui d'Olivier. Elle agita son index vers lui, comme elle l'avait fait auparavant, dans l'attitude d'un adulte sermonnant un jeune enfant.

- Toi, t'as de la chance que je sois en train de planer, sinon, avec ce que tu viens de dire, je t'aurais refais le portrait, quelque chose de bien !

Elle ricana mollement, laissant à nouveau aller sa tête contre le dossier de la banquette, puis reprit après avoir poussé un long soupir :

- Ce film... C'est ce film qui m'a faite telle que je suis. Mais... Il y a plus que ça... C'est... Je...

Elle se redressa en secouant la tête, son visage devenant soudain crayeux.

- Je vais être malade...

Elle mit la main devant sa bouche alors qu'un haut le coeur l'agitait d'un soubresaut. Mais ce n'était, heureusement, qu'une fausse alerte. Elle poussa un autre long soupir, passa une main sur son front pour en essuyer la sueur et ferma les yeux pour tenter de reprendre ses esprits. Il semblait que le mélange des drogues présentes dans le Moloko et du sérum de vérité avait quelques effets indésirables.

Charlie s'effondra soudain sur la table, ses épaules agitées de sanglots. Olivier ayant confronté univers de fiction et réalité, choses que Charlie avait bien du mal à discerner, elle n'arrivait plus à mettre ses idées au clair, et se tapait maintenant un bad trip.

Olivier jubilait. Littérarallement. L'épine dans le pied d'une société réfléchie était en train de s'effondrer sur elle même comme un bâtiment qui s'écoule... Mais il fallait questionner, analyser, décortiquer davantage!

"C'est donc un problème de discernemen tentre le réel et l'imaginaire qui t'as fait inventer cette espèce de certitude de voir un jour un personnage de film dans le monde réel. Et si on le faisait pour vrai? Qu'on le créait pour de vrai ton Alex? Avec la génétique moderne on peut faire beaucoup tu sais?"

Que de folie que de proposer de joeur avec les lois les plus élémentaires du bon sens... Mais une option si irrésistible, si attirante... S'il réussissait à induire un tempérament adéquat, une nature à peu près correcte en elle...

"T'en penses quoi, Charlie?"

Charlie releva la tête, renifla bruyamment et passa sa main sur ses yeux. Son visage n'était plus blanc, mais légèrement rougit par ses pleurs qui, bien qu'un peu calmés, n'avaient pas cessés. Ses lèvres tremblaient nerveusement et ses traits étaient crispés. Elle réussit tout de même à articuler :

- T'es... Tu sais que t'es méchant, toi ? Tu te moques de moi ! Comme si c'était possible, ton truc !

Elle secoua la tête, en proie à une réflexion intense qui lui donnait un mal de crâne à se cogner la tête contre les murs.

- Mais... Mais... Mais... ARRRGH ! J'en ai marre de bêler ! ragea-t-elle.

Elle s'effondra à nouveau sur la table, respirant profondément pour essayer de se calmer, puis se redressa et reprit :

- Mais si c'était po... possible... alors...

Son visage s'illumina.

- Alors ce serait... horrorshow, mon frère !

"C'EST possible. Pour le corps, on peut le faire. Pour l'esprit, c'est plus compliqué. Mais ça se fait. Pratique peu courante je te le concède mais quand on sait à qui s'Adresser... On peut tout faire sur cette terre. Jouer à Dieu y compris."

Le monument d'infamie était peut-être un tantinet plus brillant qu'il ne l'Avait d'abord pensé. Réflexion à peu près lucide, propos semble t'il cohérent... Olivier ne pouvait que s'émerveiller devant cette destruction puis reconstruction de la pensée de cette femme.

"Ça te ferais plaisir Charlie? Ce serait un beau cadeau de Noël non? T'en dis quoi?"

*La question est serais-je assez fou pour faire ce que je viens de dire... Je me demande si c'est moralement et éthiquement admissible même dans de pareilles conditions...*

Les sanglots de Charlie se transformèrent en rire nerveux. Puis elle se calma et essuya les dernières larmes qui s'étaient attardées sur ses joues et sur le bout de ses cils. Elle secoua la tête, n'en croyant pas ses oreilles, mais elle souriait comme si on lui avait annoncer que son voeu le plus cher allait se réaliser... Minute, c'était exactement ce qu'il venait de se passer !

- Arrête, si c'était possible ça... ça se saurait, bredouilla-t-elle sans cesser de secouer la tête.

Elle prit son verre dans sa main et l'approcha de ses lèvres, mais son geste se suspendit à mi-chemin, et elle le reposa sur la table sans y avoir touché.

- Mais... pour sûr que ça me ferait plaisir. J'attends ça depuis si longtemps et...

Elle secoua la tête comme pour se réveiller.

- Mais c'est pas possible ! C'est pas possible !

Elle se prit la tête entre les mains, tirant nerveusement sur ses cheveux.

- C'est... C'est pas...

Elle releva la tête, regardant Oliver entre ses doigts plaqués sur son visage.

- C'est possible ? susurra-t-elle, la voix nettement pleine d'espoir.

"As-tu déjà entendu parlé d'un appareil appelé Codex of knowledge Charlie? Ou de l'implantation de connaissance pacâblage directement au cerveau? Non, bien sûr que non. Et pourquoi? PArce quec e sont des technologies underground. Le milieu de la techno criminelle a 10 ans d'avance sur la techno régulière. Normal, le mot éthique ne fait pas partie de leur vocabulaire."

Cet être au cerveau aussi mou qu'un caramel laissé à 40 en plein soleil, à la logique aussi trouée qu'un filet de pêche et à l'équilibre mental aussi cohérent que la théorie créationiste avait de quoi exaspéré Olivier, un homme de sciences à la logique implacable et à l'esprit (relativement) fort. être aussi dérangée ne devrait même pas être autorisé à vivre, toujours selon sa théorie et il commençait à avoir envie de plus en plus de lui accorder la mort et le repos éternel...

"Je vais avoir besoin de toi par contre. Parle moi de Alex en détail, si tu veux rendre cette affaire possible. Dis moi le plus de choses à son sujet et à ton sujet. Si la différenciation réel fiction ne se fait pas aisément pour toi, alors autant avoir le plus de renseignement pour faire le tri..."

*Patience, Olivier, patience, ton seul regret est de ne pouvoir la psychosonder... Si seulement déchiffrer cette créature aussi bizarre qu'improbable m'était possible... Peut-être que je pourrais faire une demande écrite au chef de la Mavros pour l'étudier...*

- Codex of... implantation de... gné ? marmonna Charlie, ne comprenant que la moitié de ce que lui disait Olivier.

Elle secoua la tête et esquissa un sourire pâteux tout comme l'était sa voix sous l'effet des drogues. En temps normal, elle aurait eu un peu de mal à assimiler exactement les paroles d'Olivier, mais en aurait relativement comprit le sens général - on peut être folle à lier et avoir un minimum de capacités intellectuelles - mais dans l'état où elle était, elle avait vraiment du mal à cogiter. Une nouvelle fois, elle secoua la tête, tentant de remettre ses idées en place, et une nouvelle fois, son visage prit soudainement une teinte crayeuse alors qu'elle portait la main à sa bouche, craignant d'avoir un renvoi. Elle resta quelques secondes immobiles, retenant sa respiration. Puis elle retira sa main, prit une grande inspiration et expira longuement.

- Bon, c'est passé... marmotta-t-elle.

Elle fixa quelques secondes un point invisible d'un regard vide, absente, puis releva la tête vers Olivier et dit d'une voix rêveuse :

- Te parler d'Alex ? Je saurais pas par où commencer... Par le début ?

Elle hocha la tête, se répondant à elle-même, et se lança dans le récit d'Orange Mécanique, qu'elle connaissait par coeur, jusqu'à la moindre réplique. Mais elle avait beau l'avoir vu un nombre incalculable de fois, la folie l'avait emportée trop jeune, et jamais elle n'avait comprit la véritable finalité du film. Une fois qu'elle eut terminé, elle fit une petite moue.

- Mon tour maintenant ? Qu'est-ce que tu veux que j'te dise... Je t'ai déjà tout dis : je marche sur ses pas... expliqua-t-elle d'une voix douce, rêveuse et presque enfantine, qui contrastait effroyablement avec son apparence de folle furieuse.


[HJ : je n'ai pas développé le récit car j'avoue être nulle en résumés. Si besoin est, voici le lien vers l'article Wikipédia sur Orange Mécanique qui a le mérite d'être relativement précis et concis. Sinon je reste bien sûr disponible pour répondre à toute éventuelle question !]

*Une vraie folle à lier! C'est une vraie folle à lier! Je ne pensais jamaisvoir ça dans ma vie... Est-ce que je tente de la guérir? Non... Trop risqué, nien trop risqué... Non il faut se borner aux analyses, attendre que le sérum cesse de faire effet et pendant qu'elle sera dans cet espèce d'état second, me préparer pour la seconde partie de cette soirée... Pousser plus loin les observations risquent de s'avérer plus qu'hasardeux voire dangereux... De la logique Olivier, de la logique...*

"C'est donc une soif de violence qui vous animent toi et ce Alex... C'est incroyable, c'est de la pure folie... Rejeter la société comme ça... Te rends-tu comptes de ce que tu tentes de mettre en place Charlie? que si tu y parvenias, tu te détruirais et toi et ton Alex? Regarde autour de toi: des société armées jusqu'aux dnts, un restant d'Armées... Tu serais condamnée à mort par l'un de ces acteurs majeurs... à l'échelle locale, tu le pourrais. À l'échelle mondiale... Même avec toutes les troupes du monde, tu en sereais bien incapable..."

Expliqua lentement Olivier qui malgré une maîtrise parfaite de sa voix était quand même sujet à des sueurs froides en pensant au monstre de non-conformisme qu'il avait devant lui.

Charlie le regarda d'un oeil vitreux, ses facultés mentales devenant manifestement de plus en plus brouillées. Se laissant une nouvelle fois aller contre le dossier de la banquette, elle manqua de tomber de cette dernière mais se rattrapa à la nappe au dernier moment, renversant au passage son verre de lait dopé. Elle se redressa et poussa un geignement sourd en constatant qu'elle avait gâché le dernier quart de sa boisson.

- Cal... maugréa-t-elle, réutilisant sans s'en rendre compte le Nadsat.

Elle essuya sa jupe où un peu de lait avait coulé puis releva son regard vitré vers son interlocuteur. Elle semblait dans un état vraiment lamentable. Le cocktail moloko sérum de vérité ne lui réussissait décidément pas. Elle réussit tout de même à balbutier quelque chose :

- Dé... Détruire mon Al... Alex ? Jamais ! Il est ét... éternel et im... mortel...

Elle dodelinait de la tête, semblant prête à s'écrouler d'un moment à l'autre.

- Hmmm... gémit-elle. Je comp... prends pas... D'hab... d'hab... d'habitude ça fait pas ça...

Olivier fit signe à la serveuse de venir et lui demanda ce qui composait l'étrange breuvage de Charlie. Il écouta d'une oreille attentive, une longue équation d'éléments défilant dans sa tête. Effectivement, tous ces éléments mélangés ne pouvaient qu'occasionner des problèmes de santé. Rien de mortel... Mais la seconde partie de la soirée venait de prendre le bord par contre. Les douleurs au ventre allaient être atroces, le sytème luttant ferme pour absorber l'ensemble... Il s'empressa de règler l'addition, prit subtilement un prélèvement du liquide et traîna (ou tenta plutôt) Charlie dehors, près d'un véhicule garé. Il allait l'amener au repaire de feu le groupe Chaos Puppeter... Et tenter de traiter ce cas d'empoissonnement ou d'overdose qu'il avait sous la main.

*Pauvre petit avatar de la déchéance... Tu vas comprendre le sens du mot douleur j'en ai peur... Et tu risques fort de voir que tes petites illusions ne sont que ça, du vide et rien d'autre.*

"Allez, viens Charlie, faut y aller, nous devons rentrer maintenant. Tu as besoin de beaucoup de repos. Je vais veiller sur toi."

Charlie n'avait absolument pas remarqué le manège d'Olivier, elle en aurait été bien incapable, dans son état. Elle se laissa traîner hors du bar sans aucune résistance, n'ayant même pas conscience de ce qu'il se passait exactement. De plus, elle commençait à souffrir d'un affreux mal de ventre, pire encore que ce qu'elle devait supporter une fois par mois. Elle sentit bientôt le froid mordant sur son visage et son cerveau ramolli en déduit qu'elle se trouvait maintenant dehors, et que la neige n'avait fait qu'empirer. Tenant à peine debout, elle se retint à la voiture près de laquelle l'avait amenée Olivier, écrasant son visage brûlant sur la carrosserie glaciale.

- Je... Je pensais qu'on avait... des trucs à faire... marmonna-t-elle sans relever la tête.

Elle poussa un long soupire, essayant de ne pas se laisser aller à la douleur. Elle était à la limite de faire une crise de démence tant la douleur dans son ventre et dans sa tête était forte. Elle se redressa un peu, dévoilant son teint qui rivalisait avec le tapis de neige qui recouvrait les trottoirs.

- Je suis pas... Je suis pas encore morte, hein ? C'est juste un... coup de mou... J'suis encore capable ! se défendit-elle. Toujours prête pour un peu de... d'ultra-violence ! ajouta-t-elle avec un petit sourire, juste avant d'être prise d'un autre haut le coeur qui faillit l'envoyer au tapis. Elle se rattrapa au rétroviseur de la voiture qui fut arraché au passage et tomba sur le sol, le bruit de sa chute fut étouffé par la neige.

"Bon... On va passer à un mode d'exécution un rien plus rapide... TAXI!"

Un véhicule ne tarda pas à se garer devant le bar et Olivier traîna péniblement la jeune femme à l'intérieur.

"195 Lexington, plein gaz. Je veux y être dans les 5 prochaines minutes. Passé ce délais..."

Il désigna son arme à feu du regard.

"Je te mets une balle dans le corps pour chaquqe dix secondes additionnelles. Alors roule et gruoille toi!"

Le chauffeur écrasa la pédale des gaz et 3 minutes 42 secondes plus tard, ils étiaient arrivés. Olivier l'abattit froidement et traina Charlie dans le repaire secret qui lui servait de maison hors fonction. Donant le meilleur de lui même, il parvint à l'amener jusqu'à une table d'opération sur laquelle il la coucha. Il ne restait plus qu'à fixer les attaches pour l'empêcher de se blesser.

"Bon, t'inquiète, je vais purger ton corps du poison qui le ronge. Pas le choxi si tu veux aller un peu mieux."

*Petit fragment d'inhumanité, tu as encore une utilité. Je ne e laisserai pas à ton triste sort... Pour le moment.*

Charlie se laissa caser dans le taxi sans moufter, et s'effondra lamentablement sur la banquette. Elle sombra presque immédiatement dans l'inconscience, n'entendant que la moitié des menaces qu'Olivier proféra à l'attention du chauffeur de taxi. Elle n'était toujours pas consciente lorsque le véhicule stoppa mais fut quelque peu tirée de sa torpeur par le bruit de coup de feu. Elle se laissa traîner à l'intérieur de la maison et ne broncha même pas lorsqu'Olivier l'installa sur ce qui ressemblait à tout sauf à un lit, ni même un canapé, rien de la sorte. En revanche, lorsqu'elle sentit la dernière des sangles se refermer sur son poignet, elle comprit - à peu près - la situation dans laquelle elle était, et ses soupçons furent confirmés par les paroles d'Olivier.

- Hey... HEY ! Oli-gulliver ! Que... Qu'est-ce que tu fabriques, mon frère ? protesta-t-elle de tout le peu de forces qu'il lui restait. Qu'est-ce... qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu va me f... faire ?

Elle essaya de se débattre, mais les attaches étaient bien fixées, et de plus, elle était très affaiblie. Elle sentit quelques larmes couler sur ses joues glacées et serra les dents, tant à cause de la souffrance qui lui rongeait les tripes et la cervelles qu'à cause de l'appréhension qu'elle avait quant à ce qui allait arriver.

- Tu vas m'ouvrir le gulliver et fouiller dedans ? Tu... tu...

Ses yeux s'exorbitèrent soudain avec effroi et elle hurla de toute la faible force de ses poumons :

- TU VAS... TU VAS ME FAIRE CE QU'ILS ONT FAIT A ALEX ?

Elle se mit à hurler de façon démentielle, se débattant comme une furie de toutes ses faibles forces.

"DU CALME CHARLIE!"

ORdonna Olivier de ce ton qui faisait que le plus turbulent de ses subordonnés s'Appalaventrissait devant lui.

"Je vais te purger des poisons physiques. Tes tendances pour l a violence, tu te les gardes, ce n'est pas moi qui vais te les enlever de force. Et si tu ne te calme pas, je vais te donner tellement de somnifère que tu vas rester stone pour les trois prochaines semaines!"

Il brancha un moniteur médical et l'approcha pour que Charlie puisse voir.

"Je vais t'injecter un anti-poison fort qui va purifier ton sang et appaiser ton mal de ventre et ton mal de tête. Mais j'ai besoin quetu sois calme. et si ça peut t'aider à te calmer..."

Olivier s'Adressa à l'ordinateur et le diagnostic médical fut remplacé par un portrait du héros de Charlei.

"Tant que tu restes calme, je garde l'image d'Alex sur le moniteur. Si tu t'énerves, je l'enlève et je remets le diagnostique. Compris? Et crois moi, je vais le faire si tu m'y forces!"

Il s'empara ensuite d'une seringue posée non loin qu'il remplit à L'Aide d'une petite bouteille et il s'appréta à vacciner la jeune femme.

*Sale souillure à la pensée cohérente, tu es mieux de rester calme...*

Charlie se tut de suite. Si elle avait pu disparaître sous terre, elle l'aurait fait. Elle resta immobile - mis à part le tremblement qui l'agitait - et silencieuse alors qu'Olivier lui expliquait ce qu'il allait lui faire et comment la procédure allait se dérouler. Elle faillit avoir une syncope lorsque le visage d'Alex apparut sur le moniteur. Sa respiration se fit courte et son coeur se mit à battre la chamade, mais elle resta docile et sage, comme une enfant devant qui on agiterait une sucette. Elle ne broncha même pas lorsqu'Olivier brandit une seringue, et pourtant Dieu sait à quel point elle avait horreur de ces machins là. Elle comprenait qu'elle était sur le point de passer un sale quart d'heure, mais le stratagème qu'avait trouvé Olivier était vraiment efficace : elle se concentrerait sur l'image de son idole, et ferait tout pour ne pas craquer, de peur de se le voir enlever. Elle se permit néanmoins de bredouiller d'une toute petite voix, que l'on aurait aisément pu confondre avec la voix d'une petite fille de sept ans :

- C... compris... Je vais être sage, c'est promis !

Elle osait à peine respirer, car comme sa respiration était courte à cause de la douleur et de l'émotion, elle craignait que cela ne passe pour de l'énervement et que la punition ne tombe impitoyablement. Elle n'arrivait en revanche pas à admettre que cela était "pour son bien", et ne pouvait s'empêcher de pester intérieurement :

*Si j'étais pas attachée... et dans mon état normal... Tu verrais ce que tu prendrais, Oli-Gulliver !*

Elle serra les dents, tous les traits de son visage se crispant dans l'appréhension de ce qui allait suivre, mais ne ferma pas les yeux, ne voulant pas rompre le contact visuel avec l'amas de pixels qui formaient les traits qui hantaient ses pensées depuis maintenant quinze ans.

Quand Olivier piqua, Ce fut comme si un souffle de vent était passés ur la peau de sa patiente. L'anti-poison commença à courir dans les veines de la jeune femme, faisant tranquillement son travail purificateur. Olivier, sur un second moniteur, mesurait les signes vitaux. Tranquillement, els différents taux de composantes chimiques reprirent un cours normal, le sérum de vérité s'estompant en premier.

"Tu devrais commencer à te sentir mieux Charlie. Courage."

Dit l'image d'Alex sur le moniteur. En vérité, les paroles d'Olivier étaient retransmises et profitant de la subjugation de la jeune femme, le stratagème passerait inapperçu.

*Petite sotte incompétente, pustule au visage de la logique, j'ai tellement hâte d'être débarassé de toi...*

Avec quelques réglages de plus, il aurait pu faire un hologramme mais il ne tenait pas à causer plus de tort que ce qui se déroulait dans l'instant...

Charlie pouvait sentir les améliorations qui se produisaient dans son corps, la douleur et la tension la quitter. Mais était-ce son imagination délirante ou l'image d'Alex venait-elle de s'adresser à elle, la rassurant et lui souhaitant d'être courageuse ? Charlie déglutit avec peine, ne sachant plus trop quoi penser. Tout ceci était tellement surnaturel pour elle, elle avait encore du mal à mettre ses idées en place, malgré le fait que les effets des drogues se dissipaient peu à peu. Elle revenait lentement à la réalité, ou plutôt à sa réalité, qui était bien loin de celle de quelqu'un de saint d'esprit, mais qui était déjà un brin moins aberrante que celle qui s'était imposée à elle sous les effets combinés des drogues et du sérum.

Elle hocha vigoureusement la tête et répondit à mis-voix à l'image d'Alex :

- Oui oui ! Je serais courageuse ! Je le suis. Je le sais qu'il le faut !

Sa vision fut brouillée par les larmes, elle tenta de lever la main pour les essuyer, mais son mouvement fut retenu par les sangles. Alarmée, elle détacha son regard du moniteur pour se tourner vers Olivier, craignant qu'il n'interprète ce signe comme une forme de rébellion et qu'il ne la punisse en conséquence.

- Je... Je suis sage, hein ? J'ai rien fait ! balbutia-t-elle, paniquée.

"Non, tu n'as rien fait, je le sais."

Dit-il gentiment en essuyant le visage de la jeune femme. Bien malgré lui, il commençait à prendre pitié de ce pauvre petit être. Cette plaie ouverte dans le flanc de la rationalité méritait quand même ssa chance dans le monde...

"Atttends moi ici pendant quelques minutes, je reviens."

Olivier changea de salle, se dirigeant vers le centre informatique. Fouillant dans ses affaires, il trouva le mini-projecteur holographique qu'il avait bricolé, chargea son programme Emoti-companion et paramétra un Alex comme compagnon pour Charlie.

"Tiens, c'est pour te tenir compagnie en attendant ton Alex."

Dit-il en posant le gadget sur la poitrine de la jeune femme, qu'elle puisse voir le petit hologramme lui faire des salut, lui dire des mots d'Encouragements... LE programme était fait pour remonter e moral, rien de plus mais ce serait peut-être chose suffisante pour lui permettre d'avoir l'Esprit calme...

Rassurée, Charlie arriva même à esquisser un sourire lorsqu'Olivier essuya les larmes sur son visage. Elle reporta alors son attention sur l'image de son héros et ne tourna pas la tête vers Olivier lorsque celui-ci la prévint qu'il serait de retour dans quelques minutes, ni même lorsqu'elle l'entendit rentrer dans la pièce. Ce ne fut que lorsqu'elle sentit un poids sur sa poitrine qu'elle détourna son attention pour la porter sur le gadget qu'Olivier venait de lui présenter. Sa bouche s'ouvrit en une exclamation silencieuse avant de s'étirer en un sourire radieux, ses yeux brillant encore plus qu'un enfant découvrant le jouet de ses rêves sous le sapin de Noël.

Elle en oublia sa douleur, bien qu'elle la lancinât toujours. Elle eût voulu approcher sa main de l'image holographique d'Alex - que bien sûr elle prenait pour un être de chair et de sang, ne se posant même pas de question sur la taille et la transparence du personnage - mais son bras était retenu. Et heureusement, d'ailleurs, car ne pouvant se confronter à la réalité, elle restait d'un calme olympique. Elle était tellement émue qu'elle n'osait même pas répondre au prétendu Alex, peut-être était-ce d'ailleurs pour le mieux. En revanche, contrairement à l'image qui avait été affichée sur le moniteur, elle n'arrivait pas à fixer de façon continue l'hologramme, et détournait timidement le regard en rougissant à chaque mot d'encouragement qu'il lui lançait. C'est en voulant échapper ainsi au regard de l'illusion qu'elle croisa celui d'Olivier.

- Merci, balbutia-t-elle.

Le mot lui écorcha presque les lèvres tant il n'était pas dans ses habitudes de dire pareille chose, mais c'était sorti tout seul, sans qu'elle y réfléchisse.

"Entendons nous sur le fait qu'il sagit d'une projection holographique, un compagnon virtuel dans l'Attente du vrai Alex. De quoi rendre l'Attente plus facile."

Prévint Olivier. Il en voulait pas causer davantage de confusion dans un esprit déjà pertubé. Un équilibre aussi fragile ne ddevait en aucun cas être rompu...

"Est-ce que tu saisis la nuance, Charlie? Est-ce que tu comprends la différence?"

*PRogrammer un ordinateur est pplus simple que de traiter cette tare au bon sens et à l'objectivité... COmment lui faire comprendre de façon adéquate? Je ne saurais trouver La réponse...*

Olivier revérifia les écrans,s 'Assurant que tout était normal. À date, tout se passait comme prévu, à la perfection même, presque trop beau pour être vrai...

Le cerveau de Charlie, légèrement moins ramolli qu'il ne l'était quelques minutes auparavant, analysa avec un peu de difficulté les paroles d'Olivier. Tout le visage de la jeune femme témoignait de sa concentration : traits crispés, sourcils froncés, yeux plissés, lèvres pincées. Puis, finalement, sa frimousse se détendit et elle esquissa même un petit sourire curieux et amusé.

- Aaaaah ! souffla-t-elle en hochant la tête. C'est un peu comme un calendrier de l'avant !

Elle émit un petit rire, tout ce qu'il y avait de plus innocent et enfantin, puis se mit à chantonner, lèvres closes, le thème de la 9e symphonie de Beethoven, ne cessant de hocher la tête d'un air rêveur. En revanche, elle avait beau avoir compris qu'il ne s'agissait pas du vrai Alex, elle ne pouvait s'empêcher de continuer à détourner les yeux lorsqu'elle croisait son "regard".

Les minutes passaient, et elle pouvait sentir son corps se détendre de plus en plus alors que la douleur s'envolait peu à peu. De fait, elle revenait progressivement à son état normal - si on pouvait bien sûr appeler "normal" l'être bien particulier qu'était Charlie. Ses idées se faisaient plus claires et elle commençait à comprendre ce qui était en train de se passer.

- Hmmm... marmonna-t-elle. C'est quand même bizarre... J'ai l'habitude du Moloko Plus... Qu'est-ce qui a bien pu m'arriver pour que j'me retrouve dans cet état ? pensa-t-elle à voix haute, s'adressant plus à elle-même qu'à Olivier.

"Empoisonnement alimentaire, intoxication, les causes sont aussi multiples que variées. Ça peut aller du manque de sommeil au stress intense en passant par un trouble affectif ou un simple début de rhume."

Expliqua Olivier enr egardant les niveau redescendre, en regardant la jeune femme et en se demandant s'il avait vraiment envie de la laisser partir. Un si beau sujet d'expérience...

"Il va falloir que je te fasse une petite prise de sang pour m'Assurer que ton sang est redevenu normal, qu'il n'Est plus contaminé par je ne sais quoi. Et qu'y avait-il donsc dans ce verre bon sang?"

Demanda Olivier, feignant l'ingnorance.

*Détraquée mentale, danger public, bourillon de conscience humaine! T'es complètemenpétée voire irrécupérable!*

- Hmmm... marmotta Charlie, peu convaincue mais ne cherchant pas à relever.

Lorsqu'il lui demanda ce qu'il y avait dans ce qu'elle avait bu, elle prit le temps de la réflexion puis répondit lentement :

- Le Moloko Plus... C'est du lait... Avec du vellocet, du synthmesc, du drencrom... et ces lames qui t'aiguisent pour te préparer à cette bonne vieille ultra-violence ! expliqua-t-elle en citant presque mot pour mot son héros.

Il ne s'agissait là que des noms fictifs que l'on retrouvait dans le film et qui avaient été interprétés par certains dans la réalité comme correspondant au LSD, mescalines synthétiques et adrenochromes, par d'autres encore remplaçant le LSD et les adrenochromes par du speed et du crack. Le cocktail pouvait varier d'un bar à l'autre, mais on pouvait dire en général que tous utilisaient les amphétamines et les hallucinogènes. Mais Charlie aurait été bien incapable de préciser tout cela, bien entendu.

"Me voilà bien avancé... Ordinateur! Recherches des termes de la phrase suivante: "Le Moloko Plus... C'est du lait... Avec du vellocet, du synthmesc, du drencrom... et ces lames qui t'aiguisent pour te préparer à cette bonne vieille ultra-violence !" dans citations, comparatif et analogie. Dresse moi la liste des variantes de ce truc et analyse l'échantillon bleu-32 que j'ai ramené tout à l'heure."

Ordonna Olivier d'un ton entre la hargne et la déception. Il préleva, pendant ce temps, un peu de sang décontaminé de la jeune femme. On a toujours besoin d'échantilllon, avait un jour appris Olivier à ses dépends et celui-ci risquait d'être un sacré succès...

"Vraiment je me demande de quelle curieux mal mental tu peux bien être victime Charlie. L'activité électrique de ton cerveau est irrégulière.... As-tu déjà été suivie en psychiatrie? En neurohchirurgie?"

Demanda Olivier en continuant son analyse. Cette vomissure de la bouche de l'éthique et de la morale était tout sauf nette...