Au milieu de la nuit, les coups de feu [Charlie Blue]

Il devait être dans les environs de 3 heures du matin, une heure à laquelle d'ordinaire chaque être normalement constitué et sain d'esprit se trouverait bien au chaud dans son lit en train de s'offrir une bonne nuit de repos bien méritée après une dure journée de labeur.
Seulement voilà, Vincent n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler une personne saine d'esprit, au lieu de dormir il préférait venir s'entraîner au maniement de ses armes, au moins la salle était vide de tout autre occupant, ce qui lui permettait d'être au calme pendant qu'il s'amusait un peu.

Après avoir choisit quelques cibles qu'il avait placé à bonne distance de l'endroit où il allait faire feu, il dégaina son arme, un pistolet racing bull de 6 pouces, le genre de jouet à ne pas mettre entre toutes les mains.
Remplissant lentement le barillet, il gardait ses yeux rivés sur son arme, il en avait ôté des vies avec elle, et à chaque fois il avait ressentit ce soulagement d'avoir fait ce qu'il devait faire, une sorte de bonheur malsain en quelque sorte, car à part tuer, il n'avait pas vraiment d'autres passions dans la vie, il faut bien l'avouer.

Le barillet à présent remplit totalement, il glissa une cigarette aux coins de ses lèvres et il l'alluma tranquillement, prenant quelques bouffées de ce divin poison avant de pointer son arme sur l'une des cibles qu'il avait installées plus tôt.
Sa respiration était calme, il fixait la cible sans sourciller, son doigt était posé sur la détente...Lentement, il pressa la détente, et un coup de feu retentit, bruyant, avant de résonner dans le local totalement désert et il y eu le bruit de l'impact dans le mur du fond, la balle ayant traversé la cible de part en part au niveau du coeur de la silhouette dessinée sur le morceau de carton faisant office de cible.

Suivirent alors 5 autres détonations alors qu'il tirait sur les autres cibles, atteignant chacune d'elles en un point vital et donc mortel s'il sagissait d'être bien vivants, il était presque heureux de voir qu'il n'avait rien perdu en précision avec les armes de poing.
Il ôta les cartouches vides du barillet de son arme avant de le remplir à nouveau pour une autre séance de tir.
Au moment de presser la détente, il entendit clairement la porte de la salle d'entraînement s'ouvrir, ce petit grincement si particulier ne trompait pas, queqlu'un venait de faire irruption dans le local. Evidemment, n'importe qui aurait pensé qu'il s'agissait là d'un autre membre de la société Mavros, mais Vincent préféra jouer la carte de la sécurité, on ne sais jamais.
Il fit alors rapidement volte-face, pointant son arme dans la direction de la personne qui venait d'entrer tout en tirant dans cette direction sans aucune sommation, il avait néanmoins prit la peine de viser à coté de la personne, juste pour annoncer la couleur. Il restait ensuite bien droitn, son arme toujours pointée vers l'iconnue attendant que cette dernière ne s'identifie clairement, sans quoi, ce serait le drame...

Certaines personnes sont définies comme étant des créatures de la nuit. Charlie Blue faisait partie de cex gens-là. Son univers était plongé dans les lumières artificielles de la ville, elle voyait rarement le monde éclairé par les rayons du soleil, à moins qu'elle ne se soit vue attribuer un contrat qui devrait être effectué de jour. Tout cela pour dire qu'il n'était pas inhabituel de voir la jeune femme errer dans les rues d'Ataxia ou les couloirs de la Mavros alors que la plupart des êtres humains dormaient du sommeil du juste... enfin juste... on était à Ataxia, quand même...

Charlie revenait tout juste d'une "chasse à l'Alex", activité qu'elle affectionnait tout particulièrement. De quoi s'agissait-il donc ? Hé bien avant tout vous devez savoir que la demoiselle n'a pas toute sa tête... On vous passera les détails, mais disons tout simplement qu'il s'agissait d'une fanatique extrême du film Orange Mécanique, et qu'elle vouait un culte inconditionnel au héros du sus nommé film, Alexander Delarge, et qu'elle poursuivait sans relâche toute personne osant se travestir comme son idole, cherchant à retrouver sa réincarnation, et lorsque l'individu ne lui convenait pas, elle lui réglait tout simplement son compte de diverses façons toutes plus cruelles les unes que les autres, après s'être généralement joyeusement envoyée en l'air avec sa victime... Oui, c'est ça, elle était folle à lier.

Elle venait de regagner le QG de la Schya, jouant avec ses trophées de la nuit : les yeux de sa victime qu'elle s'amusait à lancer en l'air et à rattraper au vol. Elle ne se sentait absolument pas fatiguée malgré l'heure tardive, pourtant, elle était levée depuis les huit heures du matin du jour précédent, ayant eu à effectuer un contrat. Mais il n'était pas difficile pour cette camée de service de tenir parfois plus de deux jours d'affilé sans dormir...

Se sentant l'envie de se défouler, elle se dirigea vers les sous-sols de la Mavros, dans l'idée de rejoindre la salle d'entraînement. Elle en poussa la porte, sans cesser de jouer avec ses trophées. Elle avait à peine pénétré dans la pièce qu'une détonation retentit. Etant en état de planage intense, elle sursauta à peine et regarda d'un air blasé le trou fumant que la balle avait formé dans le mur humide. Puis elle dirigea son regard vers la source du tir (qui logiquement devait se trouver juste en face d'elle, résonna-t-elle à juste titre). Elle pencha la tête de côté et, reconnaissant un collègue qui avait encore plus d'ancienneté qu'elle, afficha son petit sourire qui lui était si typique et qui avait le don de mettre mal à l'aise la plupart des gens : à la fois sadique, et enfantin, trahissant tout de sa folie furieuse.

- Salutations, mon frère, dit-elle simplement, ne s'offusquant absolument pas d'être en train de se faire braquer et continuant à jouer avec les yeux de sa victime.

Bien, il semblerait que la nouvelle venue dans la salle ne soit pas une ennemie, loin de là, il s'agissait de Charlie Blue, Vincent ne la connaissait pas personnelement mais il en avait entendu parler, vous savez ce que c'est le bruits de couloirs et les comérages.
Bref, il savait pertinemment qu'il n'avait rien à craindre d'elle étant donné qu'il ne ressemblait en rien à l'idole de cette allumée, même si cela avait été le cas, cela aurait été difficile pour la demoiselle de se débarasser de Vincent comme elle le faisait avec ses proies ordinaires.

Voyant que tout allait bien, il baissa son arme en poussant un soupir de dédain, tout ce qu'il voulait lui c'était être seul, mais non, il fallait évidemment que quelqu'un vienne maintenant, juste pour le faire chi**
Enfin soit, il avait utilisé une balle pour rien et perdu de vue son entraînement, il se retourna tranquillement et fixa de nouveau les cibles de son regard froid tout en répondant au bonjour de Charlie d'une voix monocorde.

" 'Soir"

Même pas un mot complet, c'est déjà pas mal quand on connaît Vincent, même de réputation; ce n'est pas le genre d'homme à se faire beaucoups d'ami, son credo serait plutôt moins je suis entouré, mieux je me porte; mais il existe néanmoins des exeptions à la règle, mais elles sont très très rares.
Reprenant donc sa séance de tir, il fit de nouveau feu sur les cibles, n'en ratant aucune comme d'habitude.
Après avoir vidé le barillet de son arme, il la rangea sous sa veste dans le holster prévu à cet effet; et il déposa une valise en métal sur la table, l'ouvrant à son aise pour ensuite sortir une à une les pièces de son fusil Dragunov.

Il ne prêtait pas la moindre attention à Charlie alors qu'il assemblait son arme avec facilité et rapidité, combien de fois n'avait-il pas monté et démonté cette arme lors de son apprentissage? C'était maintenant devenu quelque chose de machinal pour lui, une habitude dont il ne se déferai jamais.
Par pur réflexe, il lança un bref regard vers Charlie, non pas qu'il s'inquiétait de savoir si elle s'ennuyait ou non, juste histoire de vérifier qu'elle ne s'approchait pas de trop...

Charlie ne s'était pas attendue à une réponse, ou plutôt, elle n'en avait cure. Que cet individu lui réponde ou non, peu lui importait, elle ne se sentait pas d'humeur bavarde, en revanche, ah ! en revanche...

Affichant toujours son petit sourire intriguant, elle se rapprocha lentement de Vincent, lançant les yeux en l'air et les rattrapant à chaque pas. Elle s'arrêta à environs trois petits mètres de son collègue. Elle l'observa en silence tirer sur les cibles d'entraînement, puis assembler avec agilité un fusil. Elle intercepta le regard qu'il leva vers elle, et son sourire s'agrandit.

... en revanche, elle était d'humeur joueuse. La petite fille démente qui ne s'était jamais éteinte en elle n'était pas au top de sa forme ce soir là, mais elle était tout de même relativement bien éveillée, et aspirait à plus d'amusement qu'une simple fusillade sur des silhouettes en carton. Elle folichonna encore un peu avec ses yeux, puis en lança un en direction de Vincent. Il alla s'écraser lamentablement à ses pieds avec un bruit mou, l'iris marron dirigé vers son visage.

Charlie croisa les bras dans le dos en se dandinant un peu sur elle-même, souriant toujours, dans une attitude abjectement adorable, comme une petite fille qui demanderait un bonbon, et minauda :

- Tu joues avec moi ?

Voilà, le Dragunov était assemblé, encore un petit détail à régler, mettre le chargeur de 10cartouches en place...Voilà qui est fait, à présent il ne reste plus qu'à armer le tout et...Un oeil? Sans doute un de ceux avec lesquel Charlie jouait à l'instant. Voilà une autre chose que Vincent n'arrivait pas à comprendre, comment pouvait on prendre plaisir à faire souffrir quelqu'un vu que la finalité sera quand même la mort pure et simple? Enfin, il n'avait pas la tête à penser à tout ça et la seule réaction qu'il eu face à cet oeil fut de l'écraser sèchement avec son pied, ce qui occasionna un bruit assez dégoûtant pouvant rendre quiconque malade.

Alors qu'il épaula son fusil, il entendit Charlie lui demander quelque chose...Jouer avec elle..Mais est-ce qu'il avait envie ou même le temps de jouer? Non bien sûr, et puis le jeu était une chose qu'il ne connaissait que de nom. Visant le centre d'une cible, il bloqua sa respiration afin de stabiliser l'arme et deux détonations retentirent, assez rapprochées; c'était une petite astuce qu'on lui avait apprit lors de sa formation, une balle pour casser le gilet pare-balle, une autre pour tuer.
Après ce tir réussit, il posa le Dragunov sur son épaule, le doigt toujours sur la détente, et il tourna son visage vers Charlie, le regard toujours aussi froid et dénué de sentiments.

"Jouer?"

Charlie afficha une petite moue déçue en voyant Vincent écraser son joujou, mais elle se consola en se disant qu'au moins, il lui en restait un. Elle le regarda tirer à nouveau sur la cible, attendant sagement en silence qu'il daigne lui répondre, se dandinant toujours, les mains derrière le dos, petite fille dans le corps d'une psychopathe, ignoblement mignonne. La "réponse" tomba comme un couperet, d'une voix voix froide, sèche et cassante comme du verre. Mais cela ne décontenança pas Charlie dont le sourire s'élargit alors qu'elle faisait deux pas vers Vincent, le regardant, tête légèrement penchée sur le côté.

- Joueeeer ! couina-t-elle, lançant et rattrapant l'oeil qu'il lui restait. J'veux jouer, j'm'ennuie. Tu veux pas jouer avec moi ? demanda-t-elle en faisant une petite moue, retroussant la lèvre inférieure.

Spectacle pitoyable que cette adulte de vingt-deux ans se comportant comme une fillette capricieuse, complètement fêlée, droguée jusqu'à la moelle, incapable de faire la différence entre fiction et réalité, perdue dans son petit monde, incapable d'assimiler une quelconque autre vision que la sienne. Ce qui pouvait être un atout lorsqu'on était une tueuse, mais également un inconvénient, son insouciance égoïste chronique la mettant régulièrement en danger. Mais au sein de la Mavros, ce n'était plus une nouvelle, depuis le temps qu'elle en était membre, sa réputation la précédait, où qu'elle aille dans l'enceinte de la société et, même, dans le quartier, où elle avait pas mal de contacts avec de nombreux gangs.

Elle fit à nouveau deux pas vers Vincent. Elle ne se trouvait plus maintenant qu'à à peine un mètre cinquante de lui et, bien sûr, elle n'avait toujours pas cessé de jouer avec le globe oculaire qui commençait à se déssecher, produisant un bruit confondant à chaque fois qu'il atterrissait dans la paume de Charlie.

Cette fille était totalement cinglée, n'importe qui dans l'immeuble et le quartier savait pertinemment que Vincent n'était pas le compagnon de jeu idéal, quoique au jeu de la chasse à l'homme il était très fort, mais elle semblait n'en avoir cure, se complaisant dans un monde totalement décalé par rapport à la réalité, ce qui faisait à la fois peur et pitié.
En cherchant bien, on pouvait dire qu'ils se ressemblaient tout les deux, chacun était enfermé dans un mode de vie tout à fait différent des standars de la société, l'une était totalement cinglée, l'autre ne vivait que pour le meurtre..

Vincent restait immobile, son fusil sur l'épaule, il observait Charlie s'approcher de lui sans broncher, clamant haut et fort son envie de jouer, mais à quels genre de jeux une psychopathe comme elle pouvait bien s'adonner? Rien de très catholique, c'est sûr.
De sa main libre, Vincent saisit une cigarette de son paquet et la porta à ses lèvres avant de l'allumer à l'aide de son briquet argenté; après quelques bouffées il reporta son attention sur les cibles du fond de la salle...

"Je ne sais pas jouer"

Suivirent alors 8 coups de feu très rapides, à chaque détonation un trou faisait son apparition sur les cibles, toujours à un endroit vital, non, il n'avait rien perdu de son talent, ni à l'arme de poing, ni au sniper, voilà qui était une bonne chose, une très bonne chose.
Et voilà qu'après ce petit exercice il se mit à démonter son arme, replaçant chacun des morceaux dans la valise métallique toujours posée sur la table de manière consciencieuse et profesionnelle.

La réponse de Vincent laissa Charlie bouche bée et bras ballants, elle en laissa même tomber l'oeil qui alla s'écraser pitoyablement à ses pieds. Elle resta pendant plusieurs longues secondes ainsi, ne pipant mot. Puis elle secoua la tête, comme si elle venait de se réveiller après un mauvais rêve, et franchit les quelques centimètres restant qui la séparaient de Vincent pour venir se planter devant lui. Elle planta ses yeux dans les siens, comme si elle chercher à le sonder, cillant plus que la normale, comme si elle avait une poussière dans l'oeil. Puis, après de longues et interminable secondes de silence, elle gazouilla :

- C'est triste ça... Pas savoir s'amuser... Boo hoo hoo !

Son air enfantin s'effaça soudain pour laisser alors place au vice pur et dur alors qu'un sourire de dépravé étirait ses lèvres. Elle farfouilla dans une de ses poches, levant les yeux au ciel et tirant la langue, comme si cela lui était difficile, puis en tira un petit sachet qu'elle brandit victorieusement sous le nez de Vincent. Le plastique transparent, hermétiquement fermé, laissait voir une généreuse quantité de poudre blanche dont l'identification ne faisait aucun doute.

- Charlie peut t'apprendre à t'amuser, mon frère. Un petit malenky de ça, et c'est parti pour la guff. Ça sera la fête dans tes guttiwuts et ton gulliver, que t'en sera pas encore revenu demain.

Le silence était à nouveau présent, faut croire que la réponse de Vincent avait cloué le bec à cette cinglée de Charlie, la bonne affaire, que demander de plus?
A peine avait-il fermé la valise contenant son sniper que la jeune femme prit position devant lui et le fixa intensément dans les yeux, comme si elle cherchait à lire en lui.
Tout ce qu'elle pu trouver dans les yeux bleus clair de Vincent furent un froid intense suivi d'un manque complet d'émotions en tout genre.

Elle baragouina quelques mots avant de fouiller dans une de ses poches, Vincent quant à lui restait immobile, observant le petit manège de la jeune femme non pas par curiosité, loin de là, il attendait juste qu'elle aie finit pour qu'il puisse récupérer sa précieuse valise.
Voilà qu'elle avait trouvé ce qu'elle voulait, et elle brandit alors un petit sachet de drogue devant les yeux de notre chez tueur, lui parlant dans un dialecte des plus étranges, mais enfin, il comprit en gros ce qu'elle voulait, qu'ils se shootent tout les deux afin de passer un chouette moment entre camés, seulement voilà, c'était pas la tasse de thé de Vincent tout ça.

"Je ne prend pas de drogue"

Voilà une réponse qui a le mérite d'être claire et précise tout en restant brève, ceci dit, il passa à coté de Charlie et alla détacher les cibles qui pendaient toujours au fond de la salle. Autant il n'avait rien à faire du sort des autres, autant il aimait que la salle d'entraînement soit rangée lorsqu'il en sortait; une fois les morceaux de cartons mits dans un coin de la pièce, il revint près de la table aussi silencieusement qu'il s'en était éloigné, n'offrant à Charlie qu'un bref regard...

Charlie se figea, les yeux écarquillés de surprise en entendant cette réponse. Laquelle l'avait donc le plus choquée ? Le fait qu'il ne sût pas jouer ou qu'il ne prît pas de drogue ? Ces deux concepts étaient tellement étrangers à Charlie qu'elle n'en revenait tout simplement pas. Bon, à la rigueur, qu'on ne sache pas jouer... Elle avait bien conscience que la vie n'était pas folichonne à la Mavros et que la plupart de ses collègues - à son grand damn - étaient de caractère fort sombre et généralement peu enclins à l'amusement. En revanche, ne pas toucher à la drogue... Hein ? Non non non non non ! Elle n'avait encore jamais rencontré qui que ce soit à la Mavros qui soit innocent sur ce plan, jamais, au grand jamais !

Une grande première, en somme... Elle mit de longues secondes à réatterrir. Elle regarda tout autour d'elle, car Vincent n'était plus en face d'elle. Elle le repéra finalement au niveau des cibles, rangeant consciencieusement les cibles qu'il avait criblées de balles. Elle l'observa en clignant des yeux beaucoup plus que la normale, comme si elle avait une poussière dans l'oeil, un tic qui lui prenait lorsqu'elle était un peu déboussolée.

Lorsque Vincent rejoignit la table, elle sembla se réveiller et se rapprocha de lui en trottinant. Puis, elle se mit à sautiller comme une puce autour de lui.

- Dis dis dis dis dis y'a une première fois à tout hein ! Tu d'vrais essayer tu sais ! Ça t'ferais du bien ! Si si ! Crois-moi mon frère !

Elle se remit à agiter le sachet sous son nez, comme si cela pourrait le convaincre de se laisser tenter, et ce sans cesser de sautiller autour de lui comme une gamine impatiente.

Charlie commençait tout doucement à lui taper sur le système, Vincent était du genre très patient et ses colères étaient plus que rares, mais il y avait tout de même certaines personnes qui avaient réussit à le faire sortir de ses gonds, ces dernière ne sont malheureusement plus de ce monde pour en témoigner hélas..

Pendant qu'elle sautillait autour de lui en agitant frénétiquement le paquet de dope, Vincent ferma les yeux tout en tirant sur sa cigarette, il espérait juste une chose, que Charlie aie reprit son calme lorsqu'il rouvrirait les yeux..Et lorsqu'il le fit, il avisa avec déception que ce ne fut pas le cas, elle tournait toujours atour de lui en remuant son petit sachet de drogue.
Un bref regard vers la table, un autre vers Charlie, et tout se mit en route...

Rapidement il saisit le poignet de la jeune femme, qui s'agitait avec le paquet de dope, et il le tordit légèrement, juste assez pour ne pas le lui casser net; après quoi il dirigea le poignet en question dans le dos de Charlie afin de l'immobiliser et, de sa main libre, il saisit son pistolet afin de placer le canon de ce dernier sur la tempe de Charlie, comportement assez imprévisible de la part de Vincent, mais cela arrivait quelques fois.
Posant de force la tête de Charlie contre la table, le pistolet toujours collé à sa tempe, il se pencha en avant pour venir lui murmurer quelques mots à l'oreille..

"T'a déjà prit une balle en pleine tête? Non? Y'a une première fois à tout tu sais..."

S'il y avait bien une chose à laquelle Charlie ne s'attendait pas, c'était bien de se faire maîtriser et braquer une arme sur la tempe... Et, entre nous, reconnaissons qu'elle était en l'occurrence - et comme d'habitude - bien à côté de la plaque, car chercher de la sorte un redoutable tueur tenait du suicide. Mais on ne comptait plus les fois où le comportement de Charlie Blue avait faillit la mener aux portes de l'Enfer.

Elle se tortilla pour se dégager, ne se souçiant pas autant qu'elle aurait dû du canon contre sa tempe.

- Heyheyhey mon frère ! Qu'est-ce qui t'arrive, hein ? C'est pas des manières ! Je voulais juste être sympa avec toi.

Elle se tortillait de plus en plus, secouant les épaules et les jambes dans le vide, tentant de cogner les jambes de son bien aimé collègue. Mais heureusement pour lui - ou pour elle ? - il se trouvait hors de portée.

- Iiiiiiirk ! couina-t-elle en essayant de dégager son poignet qui était de plus en plus douloureux. Tu m'fais mal !

Elle cessa de se tortiller, consciente - surprise ! - qu'elle ne faisait qu'empirer la douleur. Elle tourna tant bien qu'elle le pouvait la tête vers Vincent et esquissa un sourire un peu nerveux.

- Allez mon frère, tu t'es bien amusé, maintenant lâche-moi, et j'te laisse tranquille, okay ?

"Laissez tranquille", elle avait dit cela un peu au hasard, n'ayant nullement comprit que c'était à cause de son comportement particulièrement agaçant qu'elle se retrouvait dans cette situation. Elle s'imaginait plutôt vaguement que Vincent était de mauvais poil et qu'il cherchait à passer ses nerfs sur elle.

Ne trouvant ce spectacle ni jouissif ni amusant mais plutôt banal, Vincent observait Charlie se débattre en vain, il est vrai que se retrouver avec un flingue sur la tempe pouvait impressionner, bien que Vincent lui ne pouvait s'en rendre compte, la mort était quelque chose à laquelle il ne pensait pas vraiment, enfin, pas la sienne du moins.
Charlie couinait de peur, notez que c'était totalement compréhensible, Vincent lui la fixait en silence pendant qu'elle lui demandait de la relâcher, heureusement pour elle, elle prononça les mots magiques -j'te laisse tranquille- voilà qui sonnait doux aux oreilles de notre cher tueur à gages.

Pourtant, chose curieuse, il ne dessera pas son étreinte et Charlie pu entendre le mécanisme du pistolet se mettre en marche avec lenteur et fatalité, le cliquetit métallique se faisait de plus en plus menaçant au fur et à mesure que le doigt de Vincent appuyait sur la détente...
Et au final, il y eu un CLIC bien sonore, rien de plus, pas de détonation, aucune odeur de poudre et encore moins d'effusion de sang.
Vincent se pencha alors légèrement à l'oreille de Charlie et murmura doucement

"Pan"

Eh oui, le pistolet n'était pas chargé, mais bon, il fallait le savoir n'est-ce pas? En tout cas, Vincent relâcha le poignet de Charlie et rangea son arme dans le holster prévu à cet effet. Il lacha un petit soupir en haussant les yeux au ciel, espérant que la foldingue lui fiche la paix à présent..

Un silence pesant s'était installé entre les deux collègues, et Charlie, dans un extraordinaire accès de bon sens, n'osait pas le troubler. Elle attendait une réponse qui vint sous la forme d'un cliquetis des plus inquiétant, même pour la désaxée qu'était Charlie. Elle émit un faible gémissement mais ce fut le seul son qui put franchir ses lèvres, car la peur l'empêcher de formuler quoi que ce soit de plus évoluer. Elle ne parvenait même pas à se tortiller et rester immobile comme une pierre. Elle ferma les yeux. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle allait mourir là, tout de suite, maintenant, sans avoir pu parvenir à remplir la mission qu'elle s'était fixée.

Au clic final, elle rouvrit des yeux ronds. Il sembla se dérouler une éternité entre ce son incongru et le "pan" que vint murmurer Vincent à son oreille, juste avant de la relâcher. Charlie se redressa lentement. Tout son visage exprimait la surprise la plus profonde, elle ne cillait même pas. Puis, soudainement, son visage s'illumina d'un sourire et ses yeux se mirent à briller d'excitation.

- Waaaah ! Alors ça, c'était horrorshow, mon frère ! Real dobby !

Elle se frottait le poignet d'un air absent, ne faisant même plus attention à la douleur tant elle était excitée.

- En fait tu caches bien ton jeu, hein ? J'le savais bien que c'était pas possible de pas savoir s'amuser !

Elle se mit à marmonner des paroles inaudibles, regardant en l'air comme si elle réfléchissait :

- Mhbl mhbl mhbl... Pan ! Excellent, j'la ressortirai !

Le silence avait reprit ses doits, Vincent avait fichu une trouille bleue à Charlie et il semblait que cette dernière n'avait plus envie de faire la mariole, mais tout cela n'était que provisoire, il ne fallut pas plus de temps qu'il n'en faut pour dire -Supercalifragilisticexpialidocious- que la cinglée de Charlie avait retrouvé ses esprits, au plus grand dam de Vincent qui poussa un enième soupir de désarroi.

Bizarrement, ce que Vincent venait de lui faire subir avait l'air de l'amuser, aller savoir pourquoi, en tout cas cela dépassait l'entendement de notre cher tueur qui préféra ne l'écouter que d'une oreille distraite, ce que Charlie ignorait, c'est qu'elle ne devait son salut qu'au fait que Vincent aie juste oublié de recharger son arme avant de la mettre en joue, tout simplement..

Voulant mettre les pendules à l'heure et surtout que Charlie soit bien prévenue, il la fixa droit dans les yeux tout en ôtant sa clope de sa bouche, parlant sérieusement et froidement..

"La prochaine fois que tu me propose de la drogue, le barillet ne sera pas vide"

C'était clair net et concis, enfin, Vincent espérait que Charlie avait bien percuté le message, sans quoi au prochain débordement, il y aurait des éclaboussures sur les murs et de la viande éparpillée un peu partout dans la salle.

Charlie fut tirée de ses pensées par la réflexion de Vincent. Elle se figea et le regarda en fronçant les sourcils, en proie à une réflexion intense, avant de soupirer et de lancer d'une voix traînante :

- T'es bizarre toi... Tu t'amuses, tu t'amuses pas, tu t'amuses, tu t'amuses pas...

Elle leva les yeux au ciel et agita la main dans l'air comme si elle cherchait à dissiper un essaim de moucherons. Puis, elle lui tourna le dos, apparemment décidée à finalement passer son chemin. Elle fit trois ou quatre pas, puis se figea de nouveau, et se retourna lentement vers Vincent, un sourire malicieux étirant ses lèvres.

- Héééééééééééé ... ! miaula-t-elle. Pas de drogue, hein ?

Elle pointa son doigt vers la cigarette de Vincent, visiblement fière d'elle.

- Et ta cancerette alors ? C'est quoi ? Du sakar ?

Elle baissa le bras puis haussa les épaules en retroussant la lèvre inférieure.

- La cancerette, c'est pas que j'aime pas, mais c'est pas trop mon truc. Enfin, je dis pas non non plus. T'en aurais pas une pour moi ? Je suis à sec.

Voilà, c'était gagné, la petite réflexion de notre chez bloc de glace avait eu l'effet escompté et miss foldingue se dirigeait vers la sortie de la salle, bon, Vincent allait donc pouvoir reprendre son entraînement, il ne lui restait plus que quelques exercices au katana à réaliser et il pourrait aller dormir un peu avant que le soleil ne se lève.
Au moment où il posa la main sur son sabre, il entendit avec une légère surprise la voix de Charlie résonner une fois encore dans la salle, elle lui faisait des remarques sur la cigarette et le fait que ce soit une drogue également...Une drogue certes mais qui n'altère pas le jugement!

Enfin, elle quémanda une clope et, pour ne pas qu'elle soie trop envahissante, Vincent lui envoya son paquet de cigarettes en plein visage et sans le moindre ménagement, après quoi il dégaina lentement son sabre, observant le fil aiguisé de la lame..

"Sers-toi.."

Quelques mouvements rapides et le voilà qui s'exerçait au maniement de l'arme blanche, son aisance et le timing de ses gestes laissaient penser qu'il était habitué à ce genre de choses, dire qu'il maniait le sabre depuis maintenant plus de dix ans, poussé par son ancien instructeur..

Charlie ne s'attendait pas du tout à ce que Vincent lui balance le paquet dans la figure, aussi n'eut-elle pas le réflexe de le rattraper, mais se mit à battre des mains comme s'il se fût agit d'ailes et qu'elle essayait de s'envoler de façon certes pitoyable. Le paquet tomba à ses pieds et elle se baissa vers le sol pour le ramasser, en profitant au passage pour tirer un peu sur sa jupe éternellement courte, si courte qu'elle laissait bien trop souvent voir ce que la plupart des gens ont l'habitude de cacher.

Elle se redressa et prit une "cancerette", puis farfouilla dans sa sacoche. Alors qu'elle glissait sa main hors du sac, quelque chose se coula à l'extérieur, cherchant à s'enrouler autour de son bras. Charlie repoussa gentiment le python qui renonça à escalader le bras de sa maîtresse mais continua à balancer sa tête hypnotiquement hors du sac. Charlie planta la cigarette entre ses lèvres et l'alluma avant de fourrer négligemment le briquet dans sa sacoche. Elle tira dessus longuement et recracha la fumée en l'observant avec une sorte de fascination enfantine, un peu comme une petite fille observant avec ravissement la vapeur qui s'échappe de sa bouche un froid jour d'hiver.

Elle laissa tomber la cendre sur le sol, s'en fichant clairement comme de l'an 40 de salir, de toutes façons, il n'existait pas un centimètre carré totalement clean à la Mavros... Bon, à part les quartiers du boss, bien sûr.

Charlie s'approcha de Vincent, remarquant alors le sabre qu'il venait de dégainer [rangez votre esprit pervers, voyons, enfin, quand même]. Charlie aimait bien les armes blanches, selon elle, elles étaient beaucoup plus "amusantes" que les armes à feu. Elle sourit rêveusement en observant l'arme, puis se réveilla soudain alors qu'elle n'était plus qu'à quelques centimètres de Vincent. Elle détourna son attention du sabre pour la porter sur le porteur et lui tendit son paquet.

C'est alors qu'elle se figea, le bras tendu, les yeux écarquillés et la cigarette se consumant au bord de ses lèvres. Elle fixait les yeux de Vincent. En effet, elle venait de remarquer qu'ils étaient de la même teinte que ceux d'Alex, son idole de toujours. On aurait cru que quelqu'un avait appuyé sur le bouton "pause", elle ne cillait même pas.

Penant son entraînement à l'arme blanche, Vincent était totalement coupé du reste du monde, il ne pu donc pas voir le python qui était sortit du sac de Charlie, et quand bien même il l'aurait vu, cela ne lui aurait fait ni chaud ni froid car après tout, ce n'était rien d'autre qu'un bête animal sans plus, pas de quoi fouetter un chat dirons-nous.
Même le déclic du briquet il ne l'avait pas entendu, faut dire qu'un bruit aussi insignifiant..Si par contre il aviat sagit d'un déclic d'arme à feu, il n'aurait pas fallu plus de deux secondes à Vincent pour se mettre à couvert, sur ses gardes jusqu'au bout le ptit tueur.

Voilà que Charlie se rapprochait à présent, Vincent la sentait venir et, pour ne pas la blesser, il cessa provisoirement son entraînement car même si elle est un peu toquée dans sa tête, elle n'en reste pas moins une collègue alors évitons de diminuer les effectifs de la Mavros de manière inutile, d'autant que ce genre d'incident ne plairait surement pas au boss.
Elle voulait lui rendre son paquet de clopes, c'est déjà ça, au moins elle n'avait pas tout gardé, finalement elle venait de regagner un point dans l'échelle de l'estime de Vincent, ce qui n'était pas chose aisée, croyez-moi!

Par contre, ce qui rendit Vincent perplexe pendant un quart de seconde, ce fut la manière dont Charlie le fixa, comme si elle se trouvait en face de dieu le père ou que sais-je encore, c'est comme si la demoiselle s'était retrouvée figée dans le temps et l'espace, limite si elle respirait encore.
Ne comprenant pas la cause de cet état, Vincent se contentait de la fixer de son regard bleu clair et glacial, sans se douter une seule seconde que c'était cela qui avait mit Charlie dans l'état où elle se trouvait actuellement.

De sa main libre, il vint claquer des doigts aux oreilles et devant les yeux de Charlie, tentant par là de la ramener à la réalité, bien que la laisser dans cette sorte de transe lui parut une bonne idée, au moins comme ça elle lui fichait une paix royale, mais bon, par la même occasion elle l'empêchait de poursuivre son entraînement.
Il saisit alors son paquet de clopes et le remit en poche, posant ensuite sa main sur l'épaule droite de Charlie, plongeant son regard au plus profond de celui de son interlocutrice..

"Pourquoi tu me fixes comme ça?"

Les jambes de Charlie se mirent à trembler alors que Vincent se rapprochait d'elle, plongeant son regard dans le sien. Oh, bien sûr, en dehors des yeux - leur forme et leur couleur - il n'avait rien à voir avec Alex, mais Charlie était tout simplement subjuguée par le regard de Vincent, elle avait oublié qui se tenait devant elle et, dans sa folie, elle voyait presque les traits d'Alex à la place de ceux de Vincent. La situation aurait pu dangereusement dévier si elle n'avait pas été réveillée par la voix de Vincent, et également par la cendre de sa cigarette qui tomba dans son col, la brûlant légèrement.

Elle sursauta, comme lorsqu'on se réveille après avoir rêvé qu'on rate une marche, puis brossa la cendre du dos de la main, ne détournant pas son regard de celui de Vincent, et balbutia divers sons incongrus :

- Bah beh gweguah...

Elle était tout de même réveillée et avait maintenant repris conscience qu'il s'agissait du dénommé Vincent Crow, mais elle était toujours extrêmement troublée.

- Je... je... je...

Elle retira la cigarette de ses lèvres et la tint du bout des doigts, ne se souciant toujours pas de la cendre qui tombait peu à peu sur le sol.

*Est-ce que... est-ce que je l'aurais trouvé ? Est-ce que ce serait lui ? Sa réincarnation ? Mais alors...*

Hé oui, on ne se refait pas... Folle un jour, folle toujours !

*Mais alors... Il aurait oublié qui il est ?*

Charlie venait de se mettre dans la tête que Vincent était la réincarnation d'Alex, dont elle attendait la venue depuis toujours. Et le fait qu'il s'agisse d'un personnage de fiction et que l'image qu'elle avait de lui était celle de Malcolm McDowell ne changeait absolument rien pour elle. Elle était folle, tout simplement, et ne savait pas faire la différence entre fiction et réalité. Bonne ou mauvaise nouvelle pour Vincent ? On aurait tendance à répondre sans hésitation : mauvaise...

Charlie s'éclaircit la gorge, sourit timidement, et se mit à tripoter une de ses mèches de cheveux, tout en piétinant d'un pied sur le sol comme si elle écrasait une cigarette, dans l'attitude typique d'une jeune fille en face de quelqu'un qui lui plaît clairement et nettement. Elle poursuivit le cliché en marmonnant d'une petite voix :

- Tu... te... Hem... T'as de beaux yeux...

Décidément, Charlie resterait toujours une énigme pour tout le monde..Il y a encore quelques instants il était pratiquement impossible pour Vincent qu'elle se taise ou se tienne tranquille et à présent elle ne bougeait plus et ne prononçait plus un mot, doit vraiment y avoir des choses bizarres qui se passent dans la caboche de cette dingo, mais bon, comme on dis, moins on en sait mieux on se porte donc Vincent n'allait pas s'amuser à jouer aux psy de supermarché pour comprendre ce qui arrivait à Charlie, d'autant qu'il n'en avait rien à foutre.

Pourtant, c'était intriguant de la voir soudainement si calme, c'était vraiment pas normal, et ce le fut encore moins lorsqu'elle se mit à balbutier des trucs incompréhensibles, cela ressemblait un peu aux premières esquisses de phrases des bébés, c'était à peu près ça, la bave en moins...
Maintenant elle prononçait un mot mais à plusieurs reprises...Y'avait du progrès, c'est déjà ça..
Pour Vincent, l'entraînement était terminé et il devait remballer ses affaires. Soupirant doucement, il rengaina son sabre tout en jetant son mégot dans la pièce.

Chose des plus étranges, à présent la demoiselle Charlie agissait comme une jeune fille de 14/15ans qui adressait la parole au garçon pour qui elle avait craqué, cela devenait de plus en plus étrange pour Vincent mais d'un autre côté, il n'avait jamais vraiment connu ce genre de choses, l'amour? C'est un mot dont il ne connaissait le sens que grâce au dictionnaire, sans plus.
Allumant une autre cigarette, il entendit Charlie marmonner quelques mots à son attention...Ayant une ouïe particulièrement bonne, Vincent comprit l'entièreté de la phrase de Charlie et se rendit compte qu'il s'agissait là d'un compliment...

Ce fut au tour de Vincent de buguer un petit peu...Bah oui, des compliments sur son travail ou ses contrats, ça il en avait reçu des masses et il s'y était fait...Mais qu'on lui fasse un compliment sur son apparence physique, là par contre c'était tout nouveau pour lui, comment devait-il réagir? Dire merci? Ignorer Charlie? La tuer? N'importe quelle machine, aussi bien rôdée soit-elle, n'est jamais à l'abri d'un petit grain de sable qui vient tout foutre en l'air en deux secondes montre en main..
Posant une main sur sa nuque, Vincent regarda Charlie qui avait toujours cette mimique assez mignonne de gosse sur le visage..Mignonne? Oula oula, ça commence à dérailler, vite, il faut dire un truc pour pouvoir passer à autre chose, n'importe quoi...

"Heu....Merci...Toi...Aussi..."

Mouais, finalement, c'était peut-être pas une bonne idée de dire n'importe quoi le plus vite possible, parce que là, c'était un compliment, et ça risquait de relancer Charlie..
Mais entre nous, ne serait-ce pas là le début d'un joli roman d'amour entre nos deux tueurs à gages? Bah, l'avenirs nous le dira..

On le sait, Charlie était et avait toujours été une déséquilibrée. Pourtant, elle n'était pas non plus totalement stupide. Aussi, elle avait bien conscience que ce qu'elle venait de déclarer à ce féroce tueur de collègue risquait de dégénérer, surtout qu'il n'avait pas conscience d'être la réincarnation de son héros... Elle se tenait donc prête à contrecarrer unes des fameuses sautes d'humeurs (comprenez par là violence) du fameux mister Crow doublé, selon elle, du fameux Alex Delarge (ça ne risquait pas d'être triste)...

Mais il réagit, au grand soulagement et étonnement de Charlie, à peu près comme elle... Gêné, troublé même, par les paroles de la jeune fille, qui se sentit fondre comme glace au soleil devant tant de cuteness. Elle se mit à se dandiner comme un pingouin, tortillant une mèche de cheveux autour de son index. Quoi de plus cliché comme attitude ? Mais bon, on ne pouvait pas lui en vouloir, n'est-ce pas ? Tout d'abord, elle était sous le charme total, mais, en plus, elle était folle, alors bon...

- H... Ha ? T... Tu trouves ? Ce... C'est les mêmes que toi, tu sais... Euh, j'l'ai pas fait exprès hein ! J'veux dire... c'pas des lentilles, c'est mes vrais yeux, j'ai pas voulu te copier hein euh... Enfin... Euh...

Elle mit fin à cette tirade peu convaincante sur la couleur commune de leurs yeux, ayant conscience qu'elle ne faisait très certainement que de s'enfoncer aux yeux de son héros. Elle était extrêmement gênée, se demandant comment agir. Elle était persuadée d'avoir à faire à la réincarnation de son Alex, mais lui, en avait-il seulement conscience ? Apparemment, non. Dès lors, que faire ? Devait-elle tout lui expliquer dès maintenant, ou le guider progressivement vers la "vérité" ? Mieux vallait laisser faire les choses. Charlie était bien placée pour savoir qu'une violente prise de conscience pouvait devenir un traumatisme à vie.

Charlie se racla la gorge, comme pour se donner une contenance. Mais c'était peine perdue, tout son malaise était clairement visible : joues rouges, jambes flageolantes, lèvres inférieures tremblotante. Mais, malgré tout, elle était également clairement aux anges, comme le prouvaient la petite lueur de plaisir dans ses yeux et le petit sourire timide qui étirait ses lèvres.

Bon, une chose était certaine, le compliment de Vincent avait fait plaisir à Charlie, vu la manière don elle venait de lui répondre. Il était tout de même assez surprenant de la voir se comporter ainsi, elle qui d'ordinaire était des plus exubérantes, la voilà maintenant emprunte d'un calme étrange, regardant notre cher tueur d'une manière qu'il ne saurait décrire lui même, c'était un regard intéressé apparemment, presque concupiscent, vraiment bizarre.

Evidemment, Vincent était à cent lieues de s'imaginer que dans l'esprit dérangé de Charlie, il était à présent considéré comme l'homme, ou la réincarnation de l'homme, qu'elle avait voulu trouver toute sa vie, il faut dire que les délires de Charlie étaient totalements inconnus pour Vincent qui, par ailleurs, n'avait jamais vu le film Orange Mécanique, c'est pour dire...
Devant la question de Charlie si il trouvait vraiment qu'elle avait de joli yeux, Vincent se contenta de toussoter nerveusement en se retournant afin de récupérer ses armes, marmonnant ensuite une réponse..

"Si je te le dis..."

Faites vos jeux rien ne va plus, en ce moment même, Vincent se sentait étrange, bien évidemment il avait déjà rencontré pas mal de femmes, mais jamais aucune ne lui avait parlé ainsi, certaines l'avaient insultés, d'autres suppliées de les laisser en vie, ect ect...Mais là, lui faire presque une délcaration, jamais, c'était une grande première et il ne savait pas comment il devait prendre la chose, bien ou mal, tout ce qu'il savait, c'est qu'il était un peu mal à l'aise alors que d'ordinaire il trouvait toujours quelque chose à faire ou à répondre.

Faisant à nouveau face à Charlie, Vincent la regarda droit dans les yeux pendant un instant, son katana à la ceinture et la malette de son sniper en main, il resta ainsi figé durant à peine 5 secondes, secondes qui lui parurent durer plusieurs minutes, il ouvrit la bouche afin de dire quelque chose mais la referma aussitôt, il ne savait pas quoi dire, c'était la panne sèche...
Ses yeux se promenèrent alors un peu sur le visage de Charlie, détaillant chacun de ses traits et remarquant la couleur rouge de ses joues, ce qui lui donnait un petit quelque chose de charmant...Charmant?

*Qu'est-ce qui me prend de penser à des choses pareilles moi...Faut que je me resaisisse..*

Redéposant sa malette sur la table derrière lui, Vincent alluma une cigarette assez nerveusement, cela pouvait se voir au léger tremblement de sa main qui tenait le briquet, chose anormale pour lui; tirant une bouffée sur sa clope, il lança un bref regard en coin à Charlie, plongeant son regard dans le sien en silence, seul le léger bruit du papier cigarette qui se consumait lentement était audible, comme si Vincent avait même arrêté de respirer...

Charlie réagit de façon mitigée à la réponse de Vincent. Le comparant bien sûr à Alex, elle se disait que sa réponse avait peut-être un petit quelque chose d'agressif, du genre "si je te le dis" égale "de quel droit doutes-tu de ma parole ?". Bien sûr... Plus jamais elle ne se permettrait une telle chose. A moins que ce ne soit une réponse complètement désinvolte, du genre "si je te le dis" égale "faut bien répondre quelque chose". Bref... Mieux valait occulter ceci pour l'instant. De toutes façons, son "héros" ne semblait pas lui tenir vraiment rigueur.

Mais tout de même, son silence la mettait un peu mal à l'aise. Déjà qu'elle se sentait toute bizarre… Que se passait-il donc entre ces deux-là ? Bon, dans le cas de Charlie, ce n'était pas bien compliqué : elle était complètement sous le charme. Forcément, me direz-vous… Mais elle n'arrivait pas à comprendre si le sortilège allait dans les deux sens ou non. Visiblement, Vincent était troublé, mais pourquoi ?

Lorsqu'il lui tourna le dos, Charlie se remit à se tortiller, essayant de voir ce qu'il faisait. Elle était penchée en avant lorsqu'il se retourna vers elle, et elle sursauta, se redressant précipitamment, faisant mine de cacher sa curiosité. Elle se donna un air faussement assuré, mais il était clair qu'elle était tout sauf assurée. Ses jambes flageolaient légèrement et ses joues devinrent de plus en plus rouges alors que Vincent collait son regard dans le sien. Bien que cela fût dur – car elle était très impressionnée – elle le soutint, essayant de déchiffrer ce qui pouvait bien s'y cacher. Sans succès… Son attention fut finalement attirée par le mouvement qu'esquissèrent les lèvres de Vincent. Il allait parler ! … Ah… Non… Dommage…

Peut-être pouvait-elle alors dire quelque chose, non ? Elle baissa les yeux, ouvrit à son tour la bouche, mais aucun son n'en sortit. Elle la referma, puis releva son regard pour voir Vincent allumer une cigarette. Etait-ce un effet de son imagination, voyait-elle mal dans la pénombre qui régnait dans les sous-sols de la Mavros, ou bien les doigts de l'homme de sa vie tremblaient-ils ? Elle voulu lui demander si tout allait bien, et ouvrit à nouveau la bouche. Mais Vincent planta à nouveau ses yeux dans les siens, et elle fut stoppée net dans son élan, alors que le feu lui montait à nouveau aux joues. Mais cette fois-ci elle ne ferma pas la bouche et un son incongru réussit à passer la barrière de ses lèvres :

- Bah beh gwegah…

Et en plus, elle se répétait… Pitoyable. Ce n'était pas comme ça qu'elle allait impressionner son héros.

*Allez Charlie, reprend-toi !!!*

Elle toussota et se dandina encore un peu, faisant de son mieux pour reprendre de l'assurance. Bon, ce ne serait pas simple, mais s'ils restaient tous les deux dans le silence comme ça, ils n'avaient pas le cul sorti des ronces… Aussi, Charlie décida de reprendre les choses en main, même si elle ne se sentait pas très sûre d'elle.

- Euh… euh… bah… euh…

*Ah bah bravo, super impressionnant, bien joué !*

- Euh… Ça te dirait de… enfin… de sortir, et de faire des trucs. Enfin, aller s'amuser un peu, quoi.

Bien sûr, dans la tête de Charlie, cela voulait dire s'adonner à une petite partie de tuerie. Elle ne pensait pas une seconde que ses paroles puissent être interprétées d'une autre manière.

La situation devenait de plus en plus tendue comme une ficelle de string, il était clair que quelque chose se passait entre ses deux là, évidemment Vincent ne pouvai pas savoir que Charlie avait littéralement flashé sur lui, mais lui de son coté, qu'en était-il?
Alors que d'ordinaire il aurait quitté la salle sans demander son reste, là il restait planté comme un couillon sans savoir quoi répondre à Charlie, et cette étrange sensation de chaleur dans le corps, qu'est-ce que cela pouvait être?
Quoi qu'il en soit, le silence fut brisé par une sorte de baragouinement de Charlie, ce qui eut pour effet de détendre un peu Vincent, mais au final ça n'arrangeait pas les choses...

En y repensant un peu plus au calme, on pouvait trouver quelques points communs entre ces deux-là; premièrement ils sont tout les deux tueurs à gage pour la même société, deuxièmement ils vivent chacun dans leur petite bulle perso, et enfin tuer ne leur à jamais causé de troubles psychologiques, et comme dit le proverbe, qui se ressemble s'assemble!
Charlie posa alors une question, demandant si Vincent avait envie de sortir pour s'amuser...Ma fois pourquoi pas, mais il devrait d'abord repasser par sa chambre.

"Hrem...Ok...Mais je vais d'abord déposer mes affaires dans ma chambre...Tu m'accompagne ou on se rejoint à l'entrée?"

Même s'il n'y songeait pas, quelque part dans sa tête une petite voix lui soufflait que c'était la première proposition que Charlie choisirait..
Reprenant sa malette, il lança un petit regard à Charlie avant de se diriger vers la porte de la salle d'entraînement, ouvrant cette dernière, il se retourna sur sa collègue et la fixa un court instant...

"Alors?"

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