Appartement d'Erwan Stransfield

Depuis combien de jour Erwan était-il sortit du bureau du boss avec pour mission de devenir sociable ? Pifou… Il n’en savait rien… Il n’avait rien changé à sa vie habituelle, ou plutôt si : c’était pire. Il n’était pas sortit une seule fois de son appartement depuis tout ce temps, à part une heure pour aller faire des courses rapides. Sinon, rien. Il était informaticien, il pouvait tout faire depuis une seule et même pièce. Il n’avait pas besoin d’aller courir les rues pour aller assassiner telle ou telle personne… Il passait ses journées à fumer devant son écran, mangeant à peine, et ne dormant que très peu. Ah ça c’était certain qu’il fournissait un excellent travail en tant qu’espion. Il recevait son travail de ses supérieurs grâce au réseau local, l’exécutait, et basta. Il n’avait commit aucune erreur, si ce n’était celle de ne pas écouter Maxter…

Où était-il celui là d’ailleurs ? Aucune nouvelle… Quel crétin. S’il pensait qu’il avait un quelconque droit sur sa vie privée, il se trompait lourdement. Erwan le geek n’avait aucunement l’intention de changer, et ce n’était pas un crétin bonoclard et blanc comme un cul qui allait lui dire quoi faire !

Ce jour là, comme tous les jours, il était assis en tailleur au beau milieu de sa chambre, son ordinateur portable sur les genoux. Autour de lui, au moins 3 cendriers, remplis à rebord, et des piles et des piles de papiers qui pouvaient sembler en pagaille à première vue, mais qui était pour lui parfaitement ordonnés. C’était en quelque sorte son petit « bordel organisé ».
Une cigarette au bec, il était en pleine saisie de texte. Ses doigts s’agitaient sur le clavier à une vitesse impressionnante. Il ne faisait aucune faute de frappe, regardait à peine son écran, occupé à lire en même temps un mail de son supérieur qui lui indiquait sa prochaine mission.

Il fit une pause pour écraser son mégot et boire une gorgée d’eau dans la bouteille qui se trouvait juste à côté de lui, et il s’étira, faisant craquer son dos et les articulations de ses épaules. Ah qu’il était bien ici. Il entendait la pluie claquer sur les carreau de sa fenêtre, à travers les volets et les rideaux fermés, et pensait à tous ces imbéciles qui sortaient de chez eux… Au moins ici, il ne risquait rien, même pas un rhume.

La porte de l'appartement du jeune informaticien s'ouvrit à la volée pour laisser entrer Olivier Maxter, chef de la Synnefo et une paire de gardes lourdement équipés, armés et armurés. Quand Olivier prit la parole, ce ne fut pas de sa voix bienveillante mais du ton qu'un assassin utiliserait avant d'achever une proie. Prélude à un sale quart d'heure pour Erwan? Assurément...

"Le délais de temps est expiré depuis maintenant 48 heures Stansfield et les limites de ma patience ont été plus que franchie. Je vais me faire une joie sans nom que de corriger le problème à la source et de corriger ce cerveau déviant par le biais des instruments les plus efficaces de la science moderne. Tu as voulu jouer au malin avec moi... Tu as perdu. Et ne me fait pas le plaisir de me faire employer la force: plus tu seras affaiblis, moins tu résisteras et ces messieurs se feront une joie de te briser quelque chose pour te rendre coopératif, avorton chétif indigne de cette société!"

Erwan ne remarqua pas l’entrée fracassante de son chef. Et pour cause, il avait sur les oreilles ses écouteurs intra, avec le volume poussé au maximum. Il était dos à la porte, et concentré dans son travail. Quand il était comme cela, un troupeau de vache aurait donc pu entrer dans sa chambre, il ne s’en serait pas rendu compte… Le brun n’eut donc comme réponse à son discours qu’un petit :

- Gitchi gitchi ya ya da da…

Il avait pour sale habitude de fredonner les chansons qu’il écoutait… Quand il était comme cela dans sa chambre ce n’était pas un problème, mais quand il travaillait dans un bureau commun, cela devenait tout de suite beaucoup plus gênant… Pas tellement pour lui, mais surtout pour ses collègues. Actuellement il écoutait la bande originale d’un film vieux de plusieurs dizaine d’année : Moulin Rouge, considéré en 2065 comme étant des plus… Ringard. Mais il avait des gouts, autant pour la musique que pour beaucoup d’autre chose assez… décalés de son époque disons.

Il venait de se remettre à l’ouvrage, tapant son texte à cette vitesse toujours aussi impressionnante, ignorant royalement, et malgré lui, Olivier. Il remarqua tout de même un reflet étrange dans son écran. Il fronça les yeux, et regarda plus attentivement, avant de se retourner pour tomber nez à nez avec Maxter, et il poussa un petit cri de surprise, retirant d’un geste vif ses écouteurs.

-Bon sang, mais qu’est ce que vous faîtes là ?!

A présent qu’il était en froid avec le boss, il avait un tantinet de mal à se montrer poli avec lui… Et cela se voyait, car il s’était montré un peu trop familier avec lui durant leur dernière entrevue, et il était en train de recommencer…

Ce fut plus fort qu'Olivier qui était déjà à bout de patience lorsqu'il empoigna par le col de son vêtement un Erwan qui manifestement n'avait rien entendu. Il commença à secouer comme un prunier l'infortuné espion sans émettre autre chose que ce qui ressemblait à des sifflements stridents tant il était en colère et que les mots lui manquaient. Au bout d'un certain temps, il lâcha son subordonné comme une masse avant de faire signe aux gardes de maîtriser Erwan... Ce qu'ils furent bien volontiers mais sans douceur aucune.

"Quand je vais en avoir fini avec toi même tes ancêtres ne te reconnaîtront plus Stansfield tu as dépassé et de loin les limites de ma patience et tu vas en payer le prix fort même si cela doit se solder par ton trépas qui de toute façon ne changerait rien à ce que tu apportes à la Synnefo espèce de parasite associal borné et irrespectueux!"

Il n’eut pas le temps de continuer à manquer joyeusement de respect à son boss, puisque ce dernier se mt à le secouer brutalement, mettant au passage tous ses papiers en désordre, ou du moins… Encore plus en désordre qu’ils ne l’étaient avant. Le jeune espion, amorphe, ne réagit pas, et se laissa faire sans résister. Après tout… S’il tentait quoi que ce soit, cela ne ferait que plus d’action, donc plus de fatigue et plus de désordre. Il n’apprécia pas en revanche qu’Olivier par mégarde fasse tomber un cendrier, qui vint directement se déverser sur le clavier de son pc, au moment même où il le lâchait

-Eyh ! Ca va pas ! Mon…

Mais il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que deux mammouths en armures vinrent l’immobiliser en le plaquant sans douceur sur le sol.

-…ordi…

Il fronça les sourcils et redressa tant bien que mal la tête vers son chef, pour finalement lui lancer sur un ton plutôt agressif :

-Mais qu’est ce que vous faîtes ?! Vous avez perdu l’esprit ?!

Qu’on vienne s’interposer dans sa vie privée était une chose. Mais qu’Olivier Maxter, pour qui il était subitement passé d’amour et d’admiration à haine et dégout, c’était une autre paire de manche… Et plus on le forcerait à faire quelque chose, plus il s’entêterait, il était comme cela… Il n’avait pas encore eu le temps de murir dans bon nombre de domaine, et se comportait bien souvent en adolescent borné.

"PERDU L'ESPRIT?! ESPÈCE DE SALE GOSSE IMMATURE! JE T'AI DONNÉ PLUS DE CHANCE QU'À QUICONQUE DANS CETTE ORGANISATION POUR TE REPENTIR ET TU CONTINUES À JOUER LES EFFRONTÉS ET LES REBELLES?! Attends voir, je vais te montrer ce qu'il en coûte de jouer avec le feu de ma patience Erwan Stansfield..."

Olivier prit une pile de feuille dans ses mains et un briquet qui traînait non loin. Plaçant un cendrier sous une première feuille, il y mit lentement le feu, regardant le papier se consumer. quand ce fut fait, il prit une seconde feuille, puis une autre et encore une autre jusqu'à ce que sa pile soit à court de papier.

"Et attends de voir ce que je vais faire à ton ordinateur! Tu te soumettras ou il t'en coûtera! C'est moi qui commande la Synnefo et je en tolère pas la délinquance au sein de mes enfants, pas plus que la désobéissance!"

Erwan observa son boss mettre le feu à… Ses propres papiers. Enfin les siens… Ils appartenaient à la Synnefo. Ils n’avaient pas vraiment d’importance pour l’espion, c’était des informations que son supérieur lui avait confié quelques semaines plus tôt… Il se voyait bien monter au bureau pour lui dire « je ne peux pas vous rendre vos document, le boss les a brulé dans un délire étrange »… Le jeune homme commençait sérieusement à se demander si l’homme en face de lui n’était pas en train de perdre la raison.

Il le regardait avec de grands yeux ronds, ne sachant pas quoi dire… Olivier devait avoir un sérieux problème comportemental, il ne l’avait jamais vu comme cela… Ou alors il était en face de son double… Deux. Erwan ne cherchait même pas à se débattre, il était trop ahuri devant le spectacle de son boss perdant la raison. Il finit tout de même par dire d’une petite voix :

-Euhm… Ce n’est pas à moi, c’est un constat sur le réseau informatique de la société Ven Fyle…

Il laissa ensuite sa tête tomber en arrière, et soupira. Il n’avait plus qu’à attendre que cela passe. L’autre allait certainement lui faire un sermon, encore une fois. Il n’aurait qu’à se contenter de hocher de la tête, de lâcher un « oui » de temps en temps et de faire semblant d’être totalement d’accord avec tout ce qu’il dirait… Et il serait débarrassé de lui.

"Oh mais je le sais Stansfield. Je sais encore lire. Mais quand j'en aurai terminé avec toi, tu vas devoir faire ton travail sans données, sans support et sans soutien car tu ne seras probablement même plus partie intégrante de cette société. Je fais donc d'une pierre deux coups: j'empêche l'espionnage industriel et je fiche un boulet à la porte. Tu auras bien sûr droit à un douze heures avant que je ne t'envoies quelques tueurs à gages si tu refuse de te montrer plus coopératif. Ou bien tu te plies à mes ordres jusqu'à ce que je sois sûr que tu sois suffisamment mature et autonome pour faire le travail ou bien c'est une bonne baston, la rue et la tombe. Et crois moi, je le ferai sans hésiter espèce de sale geek amorphe, frêle agaçant et moche, arrogant, prétentieux, insupportable et complètement abruti par son petit monde imaginaire de débile!"

Vociféra Olivier avant de faire signe à un des garde d'exercer une légère pression sur le dos d'Erwan, juste pour que quelques pointes de douleur lui rappelle que sa position ne lui autorisait pas la confrontation.

Il fronça les sourcils. Certes, il était conscient qu’il avait manqué de respect à son boss, mais ce dernier lui trouvait de fausses excuses pour justifier son comportement. Il s’apprêta à répliquer quand il ressentit une douleur vive dans le dos. Il soupira une nouvelle fois, en faisant une grimace. Olivier Maxter n’était décidément le grand chef si parfait qu’il s’était imaginé pendant toutes ces années… Ce n’était qu’un crétin qui voulait contrôler jusqu’à la vie privée de ses employés. Un crétin à lunettes qui n’avait aucune idée des limites qu’avait son poste.

Il serra les dents, se retenant de lui dire ses quartes vérités. Il n’était de toute façon pas en position de le faire… Aussi, il se contenta de vociférer :

-Mais bon sang ! Je fais ce pour quoi je suis payé le reste ne vous regarde pas !

L’espace d’un instant, il repensa à la Schya… Cette société qu’il commença à regretter. Là bas au moins, les gens étaient si froids entre eux, qu’il n’avait pas le moindre soucis en ce qui concernait les débordements sur son espace personnel, sauf avec son père bien sûr… Maintenant qu’il état à la Synnefo, il n’avait comme contact humain que les deux personnes qui étaient certainement les plus détestables de cette ville, à ses yeux. Olivier et Artus, son frère… Il se serait bien passé de vie sociale s’il avait pu ne plus les croiser ces deux là…

"C'est là que tu as tort, Erwan Stansfield. Quand j'ai été choisis pour être chef, je me suis rendu compte en lisant l'héritage laissé par mon prédécesseur que ce que la seule partie inachevée de son oeuvre, cette même partie que tous nos chefs ont fait avancé petit à petit sans jamais la compléter, résidait dans le fait que la Synnefo était certes une grande famille mais une famille dysfonctionnelle. L'aspect social était ce sur quoi nous en étions rendu à miser. Il fallait que la famille ne soit pas une simple appellation symbolique mais une réalité. Sous notre prédécesseur, cette initiative avait été mise sur pied et l'efficacité de la Synnefo a triplé en six mois. Depuis que je suis en poste, cette politique se maintien et notre efficacité grimpe en flèche. En me penchant davantage sur le sujet, je me suis aperçu que ce que nos anciens chefs qualifiaient de faiblesse de leur part devait cesser séance tenante: garder à la Synnefo tout ses membres, utiles ou non, fonctionnels ou non. Depuis que je suis en poste donc, j'ai suivis les conseils laissé par mes prédécesseurs: j'ai personnellement renvoyé plusieurs dizaines de membres qui gangrénaient notre organisation, forcé parfois de les faire exécuter pour éviter une opposition qui aurait divisé cette organisation. La Mavros et la Schya s'entretuent et les pronostics indiquent que le survivant viendra se charger de nous rayer de la carte. Devant cette éventualité, j'ai besoin d'une Synnefo forte et non pas d'un amalgame de parasites et d'éléments compétents. Je te laisse le choix une dernière fois: ou tu te plies à ma requête de développer ton aspect social pour t'intégrer pleinement à la famille ou alors tu pourras pratiquement lire "game over" devant tes yeux quand j'en aurai terminé avec toi."

Expliqua calmement Olivier en s'installant confortablement dans un siège de l'appartement.

» Appartement de Lil'
» Appartement de Sylia W.D.W.
» Appartement des Swancott [PV]
» Appartement de Stan et Moira
» Appartement de Kostya Andropov