Il peut s'en passer des choses dans un ascenseur...[ pv ]

C'est en chantonnant que cet après midi Yumi s'était rendue dans le quartier des affaires, visiblement de bonne humeur pour une fois, ce qui était rare depuis qu'elle s'était installée à Ataxia. La raison était toute simple, elle avait eut sa meilleure amie et téléphone qui lui proposait de quitter toute cette agitation pour un week end en campagne avec d'autres amis, et pour la première fois, la jeune fille put accepter car elle n'avait pas de missions prévues pour ce laps de temps.

C'est donc toute guillerette qu'elle avait accepté de jouer les coursiers pour son patron et s'était rendue dans l'un des gratte ciel des grandes sociétés, afin d'y retirer quelques papiers qu'elle devait ensuite ramener au QG de la Schya.
Cependant Yumi avait décidé de ne pas rentrer tout de suite après, car à la veille de son départ, il fallait bien qu'elle prépare deux, trois trucs.

Mais d'abord, le travail. Elle passa la porte et se dirigea tout droit vers la réceptionniste. Elle déclina son identité et la pria de bien vouloir prévenir monsieur Barnes de son arrivée. Cela prit un peu moin d'une minute, avant que la réceptionniste ne lui dise qu'il l'attendait, et lui indiqua de prendre l'ascenseur jusqu'au 69ème étage. Yumi la remercia poliment, un grand sourire aux lèvres, et se dirigea en sautillant vers l'ascenseur.

Comme si c'était un coup de chance, elle n'eut même pas à l'attendre car les portes s'ouvrirent à la minute même ou elle appuya sur le bouton. Visiblement tout lui souriait aujourd'hui, et elle était sûre que rien ne pourrait la faire redescendre de son petit nuage. Elle s'engouffra à l'intérieur de la cabine et appuya sur le bouton portant le numéro 69.
Les portes allaient se refermer, quand une main les retint, laissant son propriétaire entrer à son tour dans la cabine.

Artus n'aimait pas s'exposer au reste du monde, mais, désormais, il était sous contrat avec la Synnefo, et lorsqu'il recevait un ordre, il se devait de l'exécuter. Voilà pourquoi il se retrouvait à l'extérieur, exposé à la lumière du jour. Sa mission ? Rien de bien compliqué en vérité. On l'avait chargé de transmettre une lettre à un poids lourd de l'économie mondiale, si lourd qu'on ne pouvait faire confiance à la poste pour transmettre l'information.

Il arriva dans le hall et se présenta timidement à l'accueil, articulant à peine son nom. Heureusement, l'hôtesse, bien que froide et méprisante - le regard qu'elle eut pour détailler la tenue d'Artus fut loin de lui plaire, elle ne semblait pas manquer de jugeotte et comprit immédiatement de quoi il s'agissait.

- Hmm oui. M. Barnes vous attend. Je vais vous annoncer. Veuillez vous rendre au 69e étage.

Artus hocha la tête et tourna les talons pour se diriger vers l'ascenseur. Les portes étaient en train de se refermer lorsqu'il arriva devant. Il les retint de la main et se glissa à l'intérieur. Son visage déjà renfermé se durcit lorsqu'il constata qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur. Partager un espace réduit avec un représentant de la race humaine. Ô ! joie indicible...

Il tendit la main vers les boutons, mais la retira lorsqu'il constata que le bouton 69 était allumé. Il se calla alors dans le coin opposé à celui où se trouvait la femme, fixant le sol avec détermination. Soudainement, l'ascenseur eut un soubresaut et stoppa. Aussitôt, Artus sentit une sueur froide couler le long de sa nuque et sa respiration se faire sifflante. Il s'avança vers le clavier et appuya frénétiquement sur le bouton 69, puis sur celui d'ouverture des portes, mais rien ne se passa. Artus ne put retenir un gémissement. Tout son visage ruisselait maintenant de sueur alors qu'il s'acharnait sur maintenant tous les boutons du clavier.

Yumi ne fit même pas attention à la personne qui venait de rentrer dans l'ascenseur. Elle qui d'habitude fait très attention à l'apparence des gens qu'elle ne faisait que croiser et ne manque pas de les juger là dessus, aujourd'hui elle se sentait bien au dessus de tout cela. Elle ne fit pas attention à la dureté du visage de cette personne, ni même au fait qu'il prenait grand soin de se tenir à l'autre bout de la cage d'ascenseur.

Environ à mi parcourt, l'ascenseur se stoppa net, Yumi n'eût même pas le temps de se déplacer que son accompagnateur appuyait déjà frénétiquement sur le bouton de son étage ou apparemment il devait se rendre aussi.
Visiblement, le jeune homme était légèrement paniqué, ça se remarquait tout de suite. Yumi quant à elle, n'en avait que faire, l'ascenseur allait sûrement sa course vers les sommets d'un instant à l'autre, qui plus est elle n'était pas claustrophobe et avait une parfaite maîtrise de son sang-froid, une chance pour elle. Cependant, elle était au courant que ce n'était pas le cas de tout le monde, aussi préféra-t-elle ne rien dire et ne rien faire.

Ce n'est que lorsque le jeune homme se mit à appuyer sur tous les boutons comme un forcené qu'elle se décida à dire quelque chose.

-Euh je ne pense pas que ce soit la solution, ça risque d'aggraver encore la situation, rassurez-vous, ça ne sera sûrement pas long avant qu'on nous débloque.

Elle avait dit ça d'une voix très calme, sereine, espérant qu'elle réconforterait un minimum son interlocuteur, qui semblait de plus en plus mal en point.

Artus était clairement en proie à la panique car, non content d'être à la limite de l'autisme, c'était également un claustrophobe. Paradoxal lorsque l'on passe sa vie enfermé, me direz-vous. Mais il y a une différence entre une chambre avec fenêtres et une boite exigüe qui ronronne et se bloque régulièrement entre deux étages, ne laissant aucune sortie possible.

Alors qu'il s'acharnait toujours sur tous les boutons qui pouvaient se trouver sous ses doigts, une voix résonna dans son dos. Il poussa un couinement aigu et fit volte face pour se retrouver finalement en face d'un visage qui lui disait vaguement quelque chose... Ah mais oui, la femme qui se trouvait avec lui dans l'ascenseur. Avec toutes ses émotions, il en avait complètement oublié sa présence.

Il lui fallut une bonne minute afin d'assimiler ses paroles. Une fois que ce fut fait, il se mit à secouer vivement la tête de droite à gauche. Puis, comme si cela ne suffisait pas, il agita son index en signe de négation sous le nez de la jeune femme. Sa respiration était courte et bruyante, comme s'il venait de courir le 100 mètres. Ceci ajouté à ses yeux verrons exorbités, son oeil droit, le bleu, strié d'une cicatrice, son visage d'une pâleur de mort et ses cheveux blancs mal coiffés, le tout lui conférait un air d'échappé de l'asile... Et, en fait, c'était un peu ce qu'il était, bien qu'il ne soit pas un véritable malade mental.

Yumi le dévisagea un long moment, il était totalement paniqué, au point d'en avoir oublié sa présence. La jeune fille ne savait pas trop quoi faire, à vrai dire c'était la première fois qu'elle se trouvait en présence d'une personne complètement paniquée. Peut-être devrait-elle essayer de le raisonner, mais elle ne savait pas comment il le prendrait.

Puis lui vint l'idée de l'interphone. En effet, ce genre d'incident était nombreux, c'est pourquoi tous les ascenseurs étaient obligatoirement équipés d'interphones. Elle se fraya un chemin jusqu'au terminal.

-Attendez, je vais appeler pour qu'ils nous débloquent.

Elle préférait prévenir de ce qu'elle faisait, par simple précaution. Après avoir eut l'accès au terminal, elle pressa le bouton de l'interphone, et attendait un moment avant qu'on ne réponde. Une voix nasillarde et grinçante lança un :

-Oui qu'est-ce que vous voulez ?

Loin d'être aimable. Yumi légèrement agacée de ce ton, en prit un très courtois pour bien montrer à cette pimbèche à l'autre bout, la différence d'éducation qu'elles avaient reçue.

-Bonjour, nous sommes coincés dans l'ascenseur depuis environ dix minutes maintenant, pourriez-vous faire quelque chose pour nous sortir de là s'il-vous plaît?

La voix nasillarde lui répondit qu'elle allait faire ce qu'elle pouvait, avant de couper court à la conversation, visiblement énervée.
Yumi se tourna avec un grand sourire.

-Voilà, ils vont nous sortir d'ici en moins de deux, vous allez voir.

Artus regarda la jeune femme, qui, de façon incompréhensible à ses yeux, restait d'un calme olympien, faire appel aux services de secours. Mais cela ne l'empêcha aucunement de continuer à secouer la tête comme s'il avait une bestiole qui s'amusait à faire du skateboard à l'intérieur de son crâne. Il finit par se calmer... Non, attendez, "calmer" est un bien grand mot. Disons plutôt qu'il cessa simplement de secouer la tête comme un idiot, ce qui ne veut pas dire qu'il ne paniquait plus, loin de là.

Il poussa un gémissement à fendre les pierres et retourna dans son coin, se collant contre la paroi de l'ascenseur contre laquelle il se mit soudainement à se cogner la tête, tout en continuant à pousser aléatoirement des gémissements qu'on ne pouvait trop identifier comme étant de douleur ou de frayeur.

Et que se passait-il alors dans la tête de cet étrange personnage, me demandez-vous ? Hé bien...

*Je vais mourir ! Je vais mourir ! J'veux pas mourir ! Pas maintenant que je suis libre, enfin ! Je veux sortir ! J'veux sortir ! Je vais manquer d'air et je vais mourir !*

Finalement, il cessa de bouger durant quelques interminables secondes, puis se laissa glisser sur le sol. Il prit sa tête entre ses mains et se mit à sangloter en silence.

Yumi qui s'était laissée glisser le long d'une des parois de la cabine pour s'asseoir à terre, attendait tranquillement que les choses s'arrangent d'elle même. Elle jetait de temps en temps des coups d'oeil pour s'assurer de l'état du jeune homme. Bon au moins, il avait arrêté de secouer la tête, ce qui était déjà un progrès.

Mais cela ne dura pas longtemps, car à peine quelques secondes plus tard, il se mit à gémir, et après s'être assis, se mit à se cogner la tête.
La jeune fille se sentit mal à l'aise de le voir ainsi, mais que pouvait-elle bien faire pour l'aider? Elle n'était pas médecin, et encore moins psy.
C'est alors qu'il stoppa tout mouvement avant de se laisser glisser au sol, et de se mettre à sangloter.

Yumi ne savait pas ce qui se passait dans sa tête, mais elle se doutait que ça ne devait pas être très gai pour en arriver là. Elle farfouilla dans son sac à la recherche d'un mouchoir, puis elle s'agenouilla à ses côtés, et lui tendit le mouchoir en papier.

-Hé monsieur, faut pas vous mettre dans des états pareil hein. Ca arrive tout le temps vous savez et c'est jamais très grave.

Elle avait lu dans un bouquin qu'il fallait parler aux personnes atteintes de phobie pour détourner leur attention, cependant elle ne savait pas vraiment de quoi parler, c'est difficile de savoir quoi dire à quelqu'un qui donne l'impression de ne pas vous écouter.
Dans son bouquin, elle avait lu encore autre chose, au sujet de la claustrophobie, elle ne savait pas si ça valait la peine d'essayer, peut-être aurait-elle juste l'air idiote.
Mais bon, elle ne savait pas quoi faire d'autre, alors autant le tenter.

-Vous savez j'ai lu quelque chose au sujet de la claustrophobie, vous voulez qu'on essaye ensemble? Tenez faites comme ça.

On avait l'impression qu'elle parlait à un enfant de cinq ans, mais bon, elle s'en fichait, peut-être que ça marcherait.
Elle forma un cercle en tendant les bras et essaya de se rappeler ce que disait le livre.

-Ca c'est votre espace, vous avez de l'air en suffisance, inspirez calmement et tout ira bien, récita-t-elle avant de montrer l'exemple.

Elle ne voyait pas vraiment en quoi ça pouvait aider, mais bon elle n'était pas claustrophobe, aussi était-ce normal.
Mais c'est à ce moment là que la cabine tangua et que les lumières s'éteignirent.

-Euh ce n'est rien, ils sont juste entrain d'essayer de nous sortir de là,dit-elle d'un ton rassurant, en prévision d'un redoublement de crise.

Artus, sanglotant dans son coin, avait encore une fois oublié la présence de la jeune femme. Aussi, il sursauta et poussa un couinement une nouvelle fois lorsqu'elle s'adressa à lui. Il écarta les doigts et la regarda aux travers. Il tendit une main tremblante et prit le mouchoir. Il essuya ses larmes puis se moucha bruyamment. Lorsqu'il eut terminé, le mouchoir était complètement trempé et tombait en miettes.

- Yeeeeeeeeeeek ! piailla Artus avec un rictus de dégoût en jetant avec force le mouchoir loin de lui, manquant de peu la jeune femme.

Cette dernière commençait à essayer de le mettre en situation afin de le calmer, et bien qu'au début Artus pensait qu'elle avait l'air ridicule, il fit preuve d'une exceptionnelle bonne volonté et constata que cela avait le mérite de marcher... un peu, au moins.

Il inspirait profondément, puis soufflait bruyamment, faisant se déplacer à chaque fois de quelques millimètres le mouchoir qu'il avait jeté à terre. Mais alors qu'il commençait à être d'un calme relatif, l'ascenseur eut un soubresaut et la lumière fut coupée. Artus poussa un puissant "iiiiiiiiiiiiiiiiiiiik !" qui couvrit les paroles de la jeune femme et, tellement terrorisé qu'il en oubliait sa misanthropie, il se jeta dans les bras de cette dernière et s'agrippa à elle avec tant de force qu'on aurait cru qu'il essayait de lui arracher ses vêtements.

Yumi manqua de tomber à la renverse, elle ne s'attendait sûrement pas à cette réaction, c'est pourquoi elle resta un instant sous le choc. Puis elle se mit à réfléchir à toutes vitesses, en temps normal, si il avait été en pleine possessions de ses moyens, elle lui aurait réglé son compte d'une façon nette et précise, mais ce n'était pas le cas, aussi préféra-t-elle garder son calme et le repoussa avec détermination, sans pour autant être trop brusque.

Une fois qu'elle put à nouveau respirer normalement, elle dit d'une voix calme qui se voulait amusée mais ne l'était pas vraiment :

-Bien que certains pourraient le penser, ce n'est pas vraiment le moment approprié pour ce genre de chose.

La jeune fille appuya la tête contre la parois tout en reprenant son souffle. Ses yeux parcouraient le plafond, quand une nouvelle idée lui vint. La première semblant avoir marché un moment, cela ne faisait que l'encourager pour cette idée, même si celle-ci était des plus stupides.
Au plafond se trouvait une ouverture, enfin c'est un bien grand mot car il fallait encore l'ouvrir, disons un passage qui permettait d'accèder au toit de la cabine.
Une fois là haut, il lui serait aisé de grimper le long des câble pour arriver au niveau supérieur, après il ne lui suffirait plus que de sortir de la et aller chercher quelqu'un pour débloquer l'ascenseur.
Un plan sans faille? Mais une fois au niveau supérieur, comment allait-elle ouvrir les portes? Yumi n'en savait rien elle même, elle improviserait une fois là-haut.

Encore fallait-il qu'elle fasse part de son plan à son "acolyte". Elle chercha bien ses mots, afin de le rassurer et non pas de l'inquiéter d'avantage, car si elle devait atteindre l'ouverture toute seule, cela lui compliquerait grandement la tâche.

-Bon écoutez, il y a une ouverture là au dessus, si j'arrivais à atteindre le toît, je pourrais aller chercher les secours. En revanche, j'aurais besoinde votre aide pour atteindre la trape plus facilement, qu'en dites-vous?

Artus se rendit compte de ce qu'il avait, et juste au moment où il s'apprêtait à repousser brutalement la jeune femme, celle-ci fit de même. Leurs forces combinées envoya Artus à la renverse et il se retrouva à moitié à faire le culbuto sur le sol. Il se redressa et posa les mains à plat sur le sol, la respiration toujours très profonde, mais il semblait un peu calmé. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il était un peu dégoûté de s'être jeté dans les bras d'un individu humain, et cela avait au moins l'effet de lui faire oublier un peu sa claustrophobie. Il ne fit pas attention à la petite remarque humoristique de sa compagne d'infortune, en revanche, il fut attentif à la proposition qu'elle lui fit. Il réfléchit durant quelques secondes, pesant le pour et le contre. S'il acceptait, il devrait à nouveau effectuer un contact physique avec cet être, mais s'il refusait, peut-être passeraient-ils plus de temps enfermés que s'ils tentaient quelque chose.

Il hocha donc la tête et se redressa pour aller se placer sous la trappe. Il agita les mains, lui faisant signe de se relever également et de grimper sur ses épaules. C'était un garçon très maigre et très grand, ce qui lui donnait une apparence extrêmement frêle, et on aurait difficilement pu croire qu'il était capable de soulever plus lourd qu'un chaton, et on n'aurait pas tout à fait eu tord. Mais la jeune femme était elle-même très mince et, contrairement à Artus, plutôt petite. Il n'aurait donc pas trop de mal à la soutenir.

La jeune fille fut légèrement surprise de voir avec quel engouement il se leva et alla se placer sous la trape, lui faisant signe de se lever à son tour. En voyant sa silhouette si longue et frêle, Yumi se demanda si elle n'alalit pas ployer sous son poids. Cela dit, elle était elle même très fine, et aussi très agile, ce qui fait qu'elle n'allait pas peser sur ses épaules comme un poids mort.

Elle se leva et lui fit signe de se pencher en avant, prit deux pas d'élan, et dans une acrobatie presque digne d'un haut spectacle, parvint à se hisser sur ses épaules. Manque de bol, la jeune femme portait une jupe ce jour là, et dans ce cas, cette position était loin d'être confortable.

Elle essaya de ne pas penser à ça, se disant que ça n'était pas primordial pour le moment. A cette hauteur, il lui suffit de donner deux grands coups pour que la plaque, pas très bien fixée ne se détache. Après, il lui suffit de soulever la plaque et de la faire coulisser sur le côté, après quoi elle se cramponna fortement, allégeant ainsi son poids.

Artus se baissa un peu comme la jeune fille le lui demandait et contracta ses muscles, se préparant à supporter son poids. Non pas qu'il s'attendait à ce qu'elle soit imortellement lourde, certainement pas, étant donné sa taille et sa minceur, mais il se savait faible de nature. Il n'eut tout de même pas trop de mal à supporter la jeune femme et une fois qu'elle fut sur ses épaules, il se redressa un peu afin de ne pas se faire mal au dos. Mais, faisant cela, il faillit perdre l'équilibre et sentit la jeune fille vaciller un peu sur ses épaules. Pour l'empêcher de tomber, il leva les bras et l'attrapa par les hanches. S'il avait pu choisir, il n'aurait certainement pas fait ça, mais, en l'occurrence, il n'avait pas le choix, c'était les hanches ou la chute. Mais, aussitôt, il rougit jusqu'aux oreilles et, une fois assurée qu'elle n'allait pas tomber, il la lâcha et leva timidement les yeux vers elle, pour voir si elle ne s'en était pas formalisée.

Mais ce ne fut pas son regard qu'il rencontra, malheureusement pour lui. Il avait en effet une vue non pas plongeante mais plutôt en contre plongée sur le dessous de la jupe de la jeune fille. Il fixa le panorama durant quelques secondes alors que son visage d'ordinaire blanc comme de la craie devenait cramoisi - spectacle impressionnant. Finalement... Il tourna de l'oeil. Ses jambes se dérobèrent sous lui et il s'écroula lamentablement sur le sol avec un petit gémissement, laissant la jeune fille suspendue à la trappe sans soutien aucun.

Yumi sentit tout à coup le vide en dessous d'elle, heureusement, elle s'était bien cramponnée ce qui lui évita la chute. Elle n'eut aucun mal à se hisser sur le toit. Une fois stabilisée, elle jeta un oeil pour savoir ce qui était arrivé au jeune homme. Apparemment, il avait perdu connaissance. Yumi n'en comprit pas la raison, car à ses yeux, elle était loin d'être évidente.

Elle mit ses mains en porte-voix, et cria :

-Est ce que ça va?

Elle n'était pas sûre d'obtenir une réponse, mais bon peut-être que ça pourrait le réveiller. Elle se leva et examina les hauteurs. Elle estima la hauteur qui la séparait de la porte de l'étage supérieur. Seulement quelques mètres, ce qui était une chance, car Yumi n'était pas ne pas être sécurisée, après tout, il y avait toujours un risque. Elle entreprit de vérifier les câbles aussi, qui par chance, n'était pas trop glissant non plus. Elle ne devrait pas avoir trop de mal à se hisser la haut, maintenant, tout ce qu'elle espérait, c'est que la cabine ne se remettrait pas en marche alors qu'elle escaladerait.

Tandis qu'elle entrait tous ces paramètres dans sa tête, la cabine connut un nouveau soubressaut, et Yumi glissa. Au moment ou elle allait tomber et s'écraser comme une pierre, elle eut la présence d'esprit et la force de se retenir du bout des doigts.
Elle était à présent suspendue dans le vide, donnant des coups désespérés contre la cabine pour essayer de se rétablir, mais à son grand désespoir, les semelles de ses chaussures glissaient contre la parois métalique.
Yumi commit alors la grande erreur de regarder en bas, et ce qu'elle vit la terrifia, surtout que ses doigts commençaient lentement à lâcher prise.

Dans un ultime effort, elle se mit à crier :

-Au secour ! A l'aide !

Espérant de tout coeur que quelqu'un l'entendrait et pourrait venir à son aide.

Artus n'était pas tout à fait inconscient, mais il comatait méchamment. Aussi, il ne réagit pas lorsque la jeune femme lui demanda s'il allait bien, bien qu'il ait entendu et assimilé ses paroles. Il grimaça et pensa :

*A ton avis nunuche... J'ai l'air de bien aller ?*

Il poussa un soupire et ferma les yeux, appréciant la fraîcheur du sol carrelé qui l'apaisait physiquement et moralement. Il se sentait si détendu qu'il aurait presque sombré dans le sommeil, si des bruits de coups ne l'avaient tiré de sa léthargie. Il se redressa en grommelant, mécontent d'avoir été interrompu dans son début de sieste. Puis il reprit conscience en frissonnant de l'endroit où il se trouvait. C'est alors qu'un cri à percer les tympans retentit. Artus grimaça et griffa le sol sous le coup. Ses oreilles musiciennes et délicates ne supportaient pas le bruit. Puis il se massa les tempes, prenant quelques secondes pour cogiter sur les paroles qu'il venait d'entendre.

*Voix de fille ? A l'aide ? ... Oh non c'est pas vrai !* songea-t-il en comprenant ce qu'il venait de se passer.

Il se redressa et leva les yeux vers la trappe. Il ne lui serait pas bien difficile de se hisser là haut vu sa taille, et comme il était mince il n'aurait pas de mal à se glisser à travers la trappe. Il poussa un soupire.

*Quand faut y aller...*

Il se plaça juste en dessous de la trappe, plia les genoux et sauta le plus haut qu'il pu en tendant les bras. Il s'agrippa au bord de la trappe et se hissa de toutes ses forces, agitant ses jambes fines dans le vide. Il se retrouva bientôt sur le toit de la cabine et avisa les mains de la jeune fille suspendue au-dessus du vide.

Artus leva les yeux au ciel en secouant la tête, puis s'approcha à quatre pattes. Heureusement, il n'était pas sujet au vertige. Il en avait bien assez avec sa misanthropie, son agoraphobie, sa claustrophobie, j'en passe et des meilleures. Il se pencha vers la jeune fille, cala un de ses pieds entre les câbles de l'ascenseur afin de ne pas risquer de se faire entraîner en bas si elle lâchait prise, et attrapa les avant bras de la jeune fille, la tirant à lui.

Yumi commençait à lâcher prise, quand une main la secourut, dieu merci, quelqu'un l'avait entendue. La jeune fille releva la tête et se rendit compte que son sauveur n'était autre que le jeune homme claustrophobe de l'ascenseur. Bizarrement, elle fut surprise de le voir, mais elle se surpris encore plus à être soulgée de savoir qu'il allait bien, alors qu'elle était elle-même suspendue dans le vide.

Trève de bavardage, au prix d'un effort surhumain, la jeune fille réussit à remonter, mais en faisant contre-poids, ils retombèrent tous les deux dans la cabine, cependant la chute de Yumi fut quelque peu amortie par le corps du jeune homme.
Elle se laissa aussitôt rouler sur le côté, essayant de reprendre son soufle comme elle le pouvait, tout en grimaçant sous la douleur du choc.

Quand tout fut rétablis, la jeune fille se releva lentement, les courbatures la firent grimacer de nouveau. Yumi tâcha d'évaluer les dégâts, une chance, elle était encore en vie et entière. Elle remarqua qu'elle s'était blessée au genoux, sûrement à force de donner des coups contre le métal. Elle farfouilla une nouvelle fois dans son sac et trouva un mouchoir pour éponger le fin filet de sang qui s'échappait de la plaie.

Ce n'est qu'après avoir fait tout cela qu'elle se rappella qu'elle n'était pas seule . Elle regarda en direction du jeune homme pour s'assurer qu'il allait bien, enfin façon de parler. Disons pour s'assurer que son état n'avait pas trop empirer.

-Est-ce que ça va aller? Merci de m'avoir aider, mais mon plan a échoué, je m'excuse, tout ce que je voulais c'était vous aider à sortir plus vite d'ici, et résultat je me suis encore fourrer dans le pétrin. Enfin je vous dois une fière chandelle.

Avant d'avoir pu dire ouf, Artus fut entraîné en arrière et retomba à travers la trappe pour atterrir sur le dos avec un claquement violent sur le sol de la cabine.

- Euhaaaa... gémit-il.

Il voyait mille chandelles sur fond flou et sa tête tournait méchamment. Il en oublia où il se trouvait, et lorsque la jeune femme s'adressa à elle, sa voix lui parvint étouffée, comme si elle se fut trouvée dans une autre pièce que lui, et il n'arriva même pas à assimiler ses paroles.

- Flagagel... marmonna-t-il, incapable d'articuler quelque chose de cohérent.

Il se redressa avec des gestes patauds et se frotta longuement les yeux et les tempes. Il semblait ne plus être victime de sa claustrophobie pour le moment, et pour cause, il ne réalisait plus où il se trouvait. En revanche, il était clairement dans un piteux état. Il releva un regard vitreux vers la jeune femme et gargouilla divers bruits incongrus :

- Filibidi... Kapouééé !

Yumi s'était enfin décidée à sortir son portable de son sac, bien sûr c'était le premier réflexe de toutes personnes coincées dans un tel endroit, mais elle s'y connaissait assez pour savoir que le réseau ne passait pas dans ses machines. Elle l'ouvrit quand même pour s'en assurer. Pas de réseau, bien évidemment. Elle referma son portable et le rangea tout en soupirant.

C'est alors que le jeune homme se releva, mais chancela dangereusement. Yumi le regarda inquiète, apparemment il était amoché par la chute. Par la chute? Ou autre chose? Elle n'aurait sû le dire, elle n'était toujours pas médecin. Ensuite il baragouina quelque chose que la jeune fille mit du temps à assimiler comme n'étant pas cohérent. Elle fût au moins soulagée de se rendre compte qu'elle pouvait encore elle-même faire la part des choses.

-Euuuh pardon?

Elle se releva visiblement agacée de toutes ces histoires, ça commençait à bien faire, mais elle ne pouvait pas le laisser divaguer ou autre sans rien faire.

-Vous devriez peut-être vous asseoir, vous n'avez pas l'air bien.

Elle tenta de le faire asseoir tant bien que mal, puis appuya de nouveau, mais cette fois avec plus de conviction sur le bouton de l'interphone. Quand la voix désagréable lui répondit, elle commença à perdre patience. Cependant, elle se contenta d'un :

-Oui nous sommes toujours coincés dans votre appareil, la personne qui est avec moi n'est pas au mieux de sa forme, vous feriez mieux de vous magner un peu le train.

Polis mais efficace. Après quoi elle retourna s'agenouiller aux côtés du jeune homme, et fouilla à nouveau dans son sac afin d'y dénicher sa bouteille d'eau, qu'elle ouvrit et qu'elle lui tendit.

-Vous en voulez un peu?

Artus était complètement déconnecté. Il avait été méchamment sonné par la chute. Il s'appuya contre la paroi de la cabine, fixant un point dans le vide. Il entendit à peine ce que la jeune femme disait dans l'interphone, et d'ailleurs, était-il en état de comprendre la moindre parole ? Il semblait avoir plusieurs neurones de grillés. Il ne lui manquait plus que le filet de bave au coin de lèvres, et éventuellement l'entonnoir sur la tête.

Il ne réagissait à rien. Mais lorsque la jeune femme lui proposa de l'eau, il releva le nez et fixa la bouteille durant de longues secondes, avant de tendre lentement la main pour saisir délicatement l'objet. Doucement, avec minutie, comme s'il recceuillait un oiseau tombé du nid, il dévissa le bouchon, puis approcha le goulot de son visage. Il renifla longuement le liquide pourtant inodore, fronçant les sourcils comme s'il était en proie à une intense réflexion. Puis, soudainement, il envoya le liquide au visage de la jeune femme.

- Gwega... marmonna-t-il mollement, on expression toujours aussi vide et fixe.

Puis, il vida le reste du contenu de la bouteille sur lui même, renversant la bouteille au-dessus de sa tête.

- Gweeh...

Elle l'oberva un moment jouer avec la bouteille. Visiblement, il n'avait plus toute sa tête. Yumi se dit qu'elle n'avait vraiment pas besoin de ça, elle ne savait pas vraiment s'y prendre avec les gens qu'elle méprisait, car oui, elle le méprisait, comme presque tous les gens de cette maudite ville. Elle s'était d'ailleurs surprise à être aussi gentille avec lui, alors qu'en temps normal elle ne lui aurait sûrement pas adressé la parole. Seulement, elle se disait que quoiqu'il puisse faire au dehors, à l'intérieur de cette cabine d'ascenseur, il redevenait un être humain comme les autres, aussi ne c'était-elle pas mise à le juger comme à son habitude. Cependant, là ce n'était plus pareil.

Alors qu'elle était en pleine réflexion, une bonne giclée d'eau froide la sortit aussitôt de ses pensées. Yumi, à moitié trempée, s'essuya le visage avec un mouchoir en papier. En apparence, elle avait l'air parfaitement calme, mais ce n'était qu'en apparence. Elle mit la main sur une de ses hira shurikens qu'elle cachait toujours au niveau de sa ceinture, complètement hors d'elle.

*Bordel je vais me le faire celui-là*, pensa-t-elle en colère, alors qu'elle s'apprêtait à l'épingler.

Mais minute, il venait quand même de lui sauver la vie. Elle ne pouvait quand même pas l'oublier sous prétexte que ses nerfs commençaient à lâcher. Qui plus est il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait.
Elle se contenta finalement de lui arracher la bouteille des mains, comme on arrache une trompette ou tout autre objet bryant à un enfant qui fait du bruit avec.

-Bon ça suffit maintenant.

Yumi pria en silence que l'autre idiote du service dépannage se dépêche un peu les faire redescendre de là, et que quelqu'un de plus qualifié prenne le relais. Et désormais, elle s'en fichait bien de récupérer les papiers qu'elle était venue chercher.

Lorsque la jeune fille lui retira la bouteille des mains, Artus se réveilla soudainement, comme si elle avait appuyé sur un interrupteur. Il cligna des paupières et mit sa main en visière, fronçant les sourcils, comme aveuglé par la lumière, ou comme cherchant à scruter le visage de sa compagne de mauvaise fortune. Puis il regarda tout autour de lui, cherchant visiblement à se rappeler où il se trouvait et ce qu'il lui était arrivé. Cela ne lui prit pas trop de temps, contrairement à ce que l'on pourrait penser, et un mince filet de sueur se mit à couler le long de sa tempe alors que la nervosité remontait en lui, mais cela ne se vit pas puisque son visage était déjà trempé à cause de l'eau qu'il s'était renversée sur lui-même.

Bien qu'il se sentit à nouveau nerveux à l'idée d'être enfermé dans un espace si réduit, cette fois-ci, Artus ne céda pas à la panique. Il ouvrit sa sacoche d'une main tout de même un peu tremblante et sorti son ordinateur portable. Il appuya sur le bouton power et attendit que le pc charge, puis, en silence, il ouvrit plusieurs fenêtres et se mit à taper des lignes de codes interminables. Puis, soudainement, le discret Artus beugla un superbe "MERDE !!!" qui résonna dans la cabine.

Il se cogna plusieurs fois le front du plat de la main. Que se passait-il donc dans sa petite tête ? Et bien voici : il avait essayé de pénétrer le système de maintenance des ascenseurs du bâtiments, mais il s'était heurté à la protection de l'entreprise. Or, il avait bien conscience que quelqu'un un minimum plus éclairé que lui aurait réussi à percer cette protection. Seulement voilà, Artus n'avait jamais été un fana d'informatique, contrairement à son frère. Oh, il était déjà plus avancé que la plupart des gens, mais pas suffisamment pour faire face à cet obstacle. Hé dites ! Quand même ! C'était pas du n'importe quoi, c'était une sacrée protection à laquelle il devait faire face, non mais tout de même !

La jeune fille l'observait toujours du coin de l'oeil, alors qu'il semblait reprendre ses esprits. Elle en fût grandement soulagée, d'autant plus, qu'il semblait moins sus l'effet de la panique de se savoir coincé dans un ascenseur.
C'est alors qu'il sortit un ordinateur portable de sa sacoche. Yumi n'en croyait pas ses yeux, il avait un ordinateur sur lui depuis tout ce temps ! Bon d'accord, il n'était pas censé savoir qu'elle était une pro de l'informatique et que même si lui n'y arrivait pas, elle y parviendrait sans problème parce qu'elle avait été formée à ça, mais quand même !

Alors qu'elle allait lui demander de le lui passer pour qu'elle les sorte de là, elle le vit s'activer à la tâche de l'infiltration d'un système de maintenance disons, moyennement sécurisé pour une personne qui s'y connait. Mais à peine quelques minutes plus tard, il jura, signe qu'il avait échoué.
Yumi sourit, et demanda :

-Hum vous permettez?

Elle sortit ses lunettes de son sac, et prit l'ordinateur qu'elle posa sur ses genoux. Elle fit craquer ses doigts, ce qui lui donnait un léger air de professionelle, et se mit à pianoter à une vitesse affolante sur le clavier. La protection de l'entreprise n'étant pas bien élevée, elle n'eût aucun mal à s'y introduire, et en un temps record, elle réussit à débloquer l'ascenseur qui se remit en marche en trésautant.
Un large sourire s'afficha sur ses lèvres.

Artus tendit à contre coeur son ordinateur à la jeune femme après quelques secondes d'hésitations. Il n'aimait pas prêter ses affaires, mais si elle pouvait faire quoi que ce soit pour les sortir de là, alors, il pouvait bien faire un petit sacrifice. Il l'observa travailler afin de percer la protection et, plus les secondes passaient, plus son antipathie s'effaçait. Elle était vraiment douée ! Il devait reconnaître qu'il était impressionné. Non pas parce qu'il s'agissait d'une femme, loin de là. Artus avait toujours beaucoup plus estimé les femmes que les hommes. Son mentor en cryptologie et en poisons, et la seule personne a lui avoir apporté aide et affection, avait été une femme. Non, c'était juste qu'elle avait l'air bien jeune - il ne lui donnait, à tord, pas plus de quinze ans - et très chic, pas tellement le prototype de la geekette. S'il avait su qu'elle s'en sortait si bien plus tôt, il lui aurait offert son ordinateur sur un plateau d'argent.

Lorsque les lumières se rallumèrent et que l'ascenseur se mit en branle, un sourire illumina le visage du timide Artus, et ce sourire était adressé à la jeune femme. Peut-être ne le réalisait-elle pas, mais venant de la part d'Artus, il s'agissait presque d'une offrande divine !

Mais le sourire fit bientôt place à un étrange rictus. On aurait dit qu'il souffrait. En réalité, ce qu'il se passait, c'était qu'il essayait de formuler une phrase. Une phrase complète, composée de plus de deux mots, et cela était très dur pour lui, qui ne prononçait rarement plus de deux ou trois mots d'affilés. Finalement, il articula d'une voix étonnamment douce (puisqu'on aurait pu s'attendre à ce qu'elle soit rauque) :

- V... Vous... pourr-i-ez me mmmontrer comment vous z'a-vez fait ?

Il se passa la main sur le front pour en essuyer la sueur qui avait coulé sous l'effort qu'il avait fourni.

Un grand sourire illumina le visage dans la jeune fille lorsque les lumières se rallumèrent. Elle était un génie ! Elle éteignit l'ordinateur portable et le rendit à son propriétaire. C'est à ce moment là qu'elle se rendit compte qu'il lui souriait, cela devait sûrement être sa façon de la remercier. Assez contente d'elle, elle lui sourit en retour.

Alors que la cabine reprenait son ascension, Yumi décida de ranger ses affaires éparpillées dans son sac, étant donné qu'ils allaient bientôt pouvoir en descendre, et ne fit pas attention au fait que le sourire du jeune homme se transformait en rictus.

Elle fût assez surprise de l'entendre s'adresser à elle de cette façon, car durant la quasi totalité de leur aventure, elle avait eût l'impression de s'offrir un monologue, digne de la plus grande pièce de Shakespeare. Qui plus est, elle ne s'attendait pas un seul instant à ce qu'il lui pose cette question, ce qui accentua son état de surprise.

Elle réfléchit un moment, était-ce une bonne idée de lui révéler comment elle avait fait ça? Après tout, elle ne savait pas du tout qui il était, il travaillait peut-être pour la Synnefo ou pour la Mavros, l'une de ces sociétés de criminels rivale de la sienne. Mais aufait, qu'est ce qu'elle en avait à faire de s'avoir si en effet, il était de l'une de ces sociétés? Elle n'était à la Schya que par obligation, alors pourquoi s'en soucierait-elle?

Un sourire macchiavélique se forma alors sur ses lèvres.

-Bien sûr, je vais vous expliquer.

L'ascenseur arriva à l'étage voulut et les portes s'ouvrirent. Yumi appuya sur le bouton qui permettait de les refermer, ben oui elle ne tenait quand même pas à ce que tout le monde le sache. Puis elle s'installa à côté du jeune homme, repris l'ordinateur et l'alluma de nouveau.
Une fois que cela fût fait, elle lui expliqua qu'à chaque système correspondaient plusieurs codes, tout en accompagnant ses paroles d'exemples et qu'il fallait en général les essayer tous avant de trouver le bon.
Etant donné qu'il avait essayé tout à l'heure, il avait déjà quelques notions de ses codes, ce qui lui facilita la tâche.
Il lui suffit de lui donner les codes les plus souvent utilisés, et le tour était joué.

Artus ne broncha même pas lorsque la jeune fille les enferma à nouveau dans l'ascenseur. Il était bien trop excité à l'idée de recevoir de nouvelles connaissances pour y faire attention, de toutes façons. Il écouta attentivement et en silence toutes les explications qu'elle lui donnait, engrangeant tant qu'il pouvait. Il était loin d'être bête, on pouvait même dire qu'il était très intelligent et éclairé, mais ce n'était pas un fana de l'apprentissage, contrairement à ce que l'on pouvait croire, et faisait parfois quelques blocages. Mais, et ce n'était pas nouveau, Artus était lunatique, et il lui arrivait parfois de se prendre soudainement de passion pour l'étude, surtout lorsque cela lui pouvait rendre service. En l'occurrence, le sortir du pétrin lorsqu'il était coincé dans un ascenseur, ce dont il avait une sainte horreur.

Lorsqu'il eut le sentiment que la jeune fille avait terminé ses explications, il détourna son regard de l'écran pour le braquer sur la jeune fille. Il la fixa pendant de longues secondes sans rien dire, puis dit finalement :

- Artus.

Rien d'autre. Artus n'était pas un prénom bien commun, allait-elle comprendre qu'il se présentait ? Ou allait-elle penser qu'il baragouinait encore des sons incongrus ?

Yumi fut étonnée de voir que le jeune homme ne disait sur le fait qu'elle ait refermé les portes. Peut-être était-ce le fait de ne plus se savoir bloqué, elle n'en savait rien, mais ça lui semblait bizarre, cependant elle ne dit rien à ce sujet et remarqua agréablement qu'il était très attentif à ce qu'elle lui expliquait.

Quand elle eût finit ses explications, elle lui jeta un coup d'oeil pour s'assurer qu'il avait tout comprit, elle se rendit compte alors qu'il la fixait. Elle se sentit aussitôt rougir, et préféra reporter son attention sur l'écran. Bien qu'elle aimait attirer l'attention, elle ne supportait pas qu'on la dévisage, que ça vienne de n'importe qui, elle avait horreur de ça.
Elle en oublia complètement ce qu'elle voulait dire, mais fût heureuse que ce ne se remarque pas trop, et laissa place au silence.

Silence qui fût romput par le jeune homme. Artus. Cela semblait être son nom, bien qu'elle ne pouvait en être absolument sûre après l'épisode baragouinage. Elle le regarda un court instant, et se dit qu'en fait il avait bien une tête à s'appeller comme ça.

Elle inclina la tête sur le côté, et dit :

-C'est votre nom?

Puis elle ajouta avec un petit sourire :

-Moi je m'appelle Yumi.

Elle jeta un coup d'oeil à sa montre, et remarqua qu'elle était déjà bien en retard, oh elle s'en fichait bien sûr, mais elle n'allait pas rester indéfiniment assise dans cet ascenseur maintenant qu'elle l'avait débloqué. Elle se leva et réouvrit les portes, puis avant de s'en aller, elle dit :

-Ravie d'avoir fais votre connaissance, et encore merci !

» Le hasard fait bien les choses [PV Ryan Slattery]
» Une petite séance en toute tranquilité...ou peut-être pas.
» Traînant dans les rues
» Un traitre dans les rangs
» Fade journée dans le parc