La vie est injuste…

De tous les quartiers de la ville, il fallut que la capitaine Malhia Lyman tombe en panne du côté Mavros. Le problème, ce n’était pas tant l’endroit que les gens qui le fréquentaient. Entre elle et la chef de l’organisation, ce n’était pas le grand amour (quoi que Malhia trouvait la criminelle bien de son goût) et de façon générale, les représentants de cette organisation étaient au moins à moitié moins intelligent et encore plus débiles. De véritables brutes qui faisait le mal pour le plaisir de la chose sans même comprendre pourquoi. Il y avait des jours où la capitaine se demandait comment Eloane Helies pouvait avoir le courage de diriger une telle bande de fous dangereux… C’était peut-être ce qui faisait d’elle une chef si efficace : une bonne dose de froide logique dotée d’une bonne couche d’insouciance et d’un penchant pour les plaisirs simples mais souvent synonymes de débauche…

Mais l’heure n’était pas à la réflexion, bien au contraire. Plutôt à l’action en fait. Car comme une malchance est toujours suivie d’une autre, il s’avéra que ce jour là, Malhia avait sa voiture de fonction et non pas son « bébé », l’énorme véhicule blindé qu’elle prenait lorsqu’elle partait avec sa section pour aller faire ce que la police régulière ne voulait pas faire. La voiture avait un bon blindage mais pas ce qui se faisait de mieux, hélas. Et côté armes, elle avait malheureusement laissé son fusil d’assaut chez elle. Elle avait donc son vieil ami soit son revolver et son fusil à pompe mais la douzaine de personnages à la mine tout sauf sympathique qui se dirigeait vers elle semblait quant à elle équipée d’armes semi-automatiques. Quel manque de chance… Malhia tenta d’abord un peu de diplomatie, sortant de son véhicule avec une attitude toute décontractée, annonçant d’une voix claire qu’elle ne cherchait pas les ennuis et qu’elle désirait seulement recharger la batterie de son véhicule et repartir. Elle aurait été du côté Synnefo, on lui aurait dit de faire vite, du côté de la Schya, on lui aurait peut-être même fournit le câble mais du côté Mavros… Peine perdue que d’espérer. Apparemment, la petite troupe avait autre chose en tête dont vol et viol et ce genre de programme ne plaisait pas à l’officier qui déclina poliment en défendant chèrement sa vie contre la meute soudainement devenue hostile. Un échange de coups de feu soutenu s’engagea, Malhia à couvert grâce à son véhicule et les truands utilisant des protections improvisées comme les conteneurs et les nombreux objets qui jonchaient l’endroit. Malhia craignait des renforts venus du restaurant mais à date, tout était en règle.

Elle avait envoyé dans l’autre monde au moins la moitié de ses adversaires quand un tir chanceux la toucha au flanc, lui faisant perdre quelques précieuses secondes à cause de la douleur. Suffisamment pour qu’un des clients du restaurant (le seul) voyant la chance tournée, ne l’attaque par derrière, l’amenant à ses assaillants qui étaient bien décidés à s’en tenir à leur planning précédemment mentionné…

Elle était habillée d’une mini-jupe en jeans qui laissait entrapercevoir son string rouge, n’avait rien si ce n’était un soutien gorge sous sa veste à moitié boutonnée et son haleine empestait l’alcool. Bref, c’était une journée tout ce qu’il y avait de plus banale pour la jeune boss de la Mavros. Elle se promenait au bras d’un grand homme d’une trentaine d’année, musclé, d’un style macho, mais qui cependant était intérieurement mort de peur. Il n’était pas avec elle pour un rendez-vous galant loin de là, mais plutôt pour une petite « conversation ». Il avait été porté aux oreilles de la jeune femme qu’Eliot, l’homme en question, avait vendu quelques infirmations concernant une mission importante de la Mavros à la Schya. Elle s’était donc spécialement déplacé, avait été le chercher chez lui et elle l’emmenait maintenant l’air de rien dans un endroit public, très fréquenté, histoire de l’achever devant bon nombre de témoins, pour donner l’exemple. Tout cela, il le savait, mais il n’osait rien dire et la suivait docilement.

Elle l’ablati dans la grande avenue, avec un sourire cruel et laissa son corps sur place, corps qui ne tarda pas à être rué de coups de pieds des Mavros qui eux avaient une fidélité à l’organisation qui était à toute épreuve. Elle entreprit ensuite de rejoindre son appartement, pour cuver un peu (elle avait été à une petite fête entre « amis » juste avant de s’occuper du malheureux).

Chemin faisant, elle tomba sur un petit groupe de jeune qui ne devait pas avoir plus de 18 ans, qui semblaient s’acharner sur quelqu’un. Comme ils formaient un cercle, elle ne voyait pas de qui il s’agissait, et elle s’en moquait bien. Elle aurait pu s’éloigner sans rien savoir, mais quand elle passa à proximité, les jeunes qui la reconnurent immédiatement se retournèrent sur son passage, pour la saluer respectueusement, et la jeune femme pu voir plus distinctement la silhouette qui gisait pitoyablement sur le sol. Elle fronça les sourcils, pensant reconnaître cette victime malchanceuse.

Elle s’avança vers eux, et pu confirmer sa pensée, il s’agissait à de sa vieille rivale, la Capitaine de Police Malhia Lyman. Elle marcha jusqu’à elle, et la toisé d’un air narquois, les main sur les hanches et cambrée sur le côté. Elle se retourna vers ce qui semblait être le chef de ce mini-gang et lui lança :

-Aggression envers un représentant de l’ordre ? T-t-t-t-t… C’est mal, très mal, et passible de prison, a votre place j’éviterai de me faire choper.

L’homme, surpris de ces paroles, ne comprit pas vraiment ce qu’elle voulait lui dire. Il haussa un sourcil, et personne ne bougea. Eloane, agacée devant le manque de finesse des jeunes gens soupira et reprit :

-J’ai dis… J’éviterai de me faire choper !

Encore une fois, ils ne comprirent pas grand-chose, mais le regard noir d’Eloane leur fit comprendre qu’ils avaient plutôt intérêt à dégarpire, ce qu’ils firent sans plus se faire prier. La jeune boss reporta son attention sur la policière, et lui lança d’un ton narquois :

-Aurais-tu quelques soucis à faire respecter ta loi ?

"Ma loi? Non, c’est pas la mienne. Et je pensais que tu me connaissais mieux que ça pour le savoir. Ben vas-y, qu’est-ce que t’attends? Tu ennemi est à ta pied, blessé et désarmé. T’auras pas de meilleure chance en cent ans pour me butter une fois pour toute. Manque de bol pour moi, j’aurais dû appeler des renforts. Mais tu me connais… J’Ai un fort penchant pour le travail en solitaire."

Répondit la capitaine en crachant un filet de salive mêlé de sang. Évidemment, elle avait résisté donc on l’avait brutalisée. Mais elle était encore pucelle ce qui démontrait que même agonisante, Malhia ne rendait pas facilement les armes. Mais elle était désormais dans un sale état et trop faible pour se traîner jusqu’à la trousse de secours dont était pourvut son véhicule. La belle affaire. Elle dévisagea sa vieille rivale d’un air appréciateur avant de reprendre la parole d’un ton saccadé. L’air passait mal et ce n’était pas pour l’aider qu’il soit si pollué.

"Wow… Tu t’es mise sur toute en valeur dit donc… Laisse moi apprécier la vue avant de m’achever : tu peux considérer ça comme la requête du condamné. Quelle pitié… Surtout que jamais je pensais que ça finirait comme ça. J’aurais voulu apprendre à te connaître."

Elle parvint à se lever avec difficulté, se servant de son fusil à pompe d’abord comme d’une béquille puis comme d’une arme, pour inspecter les dégâts. Autant partir dans la tombe avec du matériel en bon état. Manque de bol pour elle, un des types qui l’avait attaqué, ignorant les ordres de son boss, s’était caché, manifestement pour assister à une exécution et, croyant sa chef en danger et voulant passer pour un héros (et peut-être que par gratitude ils finiraient dans le même lit) tira sur la policière. Et le salaud avait visé là où elle était déjà blessée, aggravant de ce fait la blessure. Incapable de supporter davantage son propre poids, la policière s’effondra et le « sauveur de la chef » s’avança, tout fier, son arme à la main, prêt à achever la fliquette si besoin était.

"J’vous ai sauvé boss, ça mérite bien un petit quelque chose non? Elle vous aurait éclaté sinon avec sa pétoire…"

Eloane eut un sourire cruel. Elle faisait vraiment peur, d’autant plus qu’elle avait le visage aspergé de sang, ce su à l’homme qu’elle avait assassiné quelques minutes plus tôt. Elle fit un mouvement de tête sur le côté, pour rabattre une de ses mèche derrière son oreille, et regarda la jeune femme se lever péniblement, sans penser un seul instant à l’aider. Qu’est ce qui l’avait poussé à l’aider alors qu’elle était en proie à une fin cruelle ? Elle ne savait pas trop. Elle voulait certainement l’achever elle-même, question d’honneur. C’était SON ennemie, c’était SA sale garce de policière, personne ne la butterait à sa place, et elle n’allait pas la tuer alors qu’on lui avait prémâché le travail, non Malhia ne mourrait pas maintenant, sauf si elle commettait un geste malheureux.

-Qu’est ce que c’est que toutes ces flatteries ? T’essaye de faire baisser ma garde ? C’est pas comme ça que tu vas y arriver pouffiasse, j’en entends à longueur de journée des trucs comme ça, et des mieux crois moi.

Elle cracha son chewing-gum par terre sans aucune grâce, quand après un violent bruit de coup de feu, la capitaine de police tomba à nouveau sur le sol. Eloane eut un léger sursaut, et regarda autour d’elle pour voir arriver un jeune homme, tellement jeune qu’il devait encore être apprenti venir à sa rencontre. Elle ne savait pas s’il faisait parti du groupe de tout à l’heure, elle n’avait pas pu retenir toutes les têtes autour d’elle. Mais ses paroles la firent s’esclaffer d’un rire froid mais cristallin. Malgré cela, elle était profondément exaspéré qu’il ai agit sans en recevoir l’ordre, encore une fois, c’était SON ennemi, personne n’avait le droit ne serait-ce que de la blesser.

-Bon alors écoute junior… Si tu crois qu’une salope comme elle pourrait m’avoir de face à bout portant avec un fusil de merde, blessée en plus peux m’avoir c’est que t’es encore plus con que t’en a l’air et c’est peu dire, alors casse toi avant que j’retienne ta sale tête et que j’te fasse regretter de ton tire.

D’ordinaire, elle était plus douce envers les apprentis, mais là il se trouvait qu’elle était très énervée. Le gamin trop téméraire ne se fit pas prier, et à son tour il détala sans trop comprendre ce qu’il lui arrivait. La jeune femme reporta à nouveau son attention sur Malhia, alors que la foule désertait ce coin de rue, ayant bien compris que la maîtresse des lieus était d’humeur massacrante.

-Ne sont ils pas mignons tout mes petits chiens fidèles ?

Elle se pencha vers Malhia, élargissant un peu plus son sourire malsain.

-Seulement ils n’ont pas compris que t’es à moi.

"Go ahead, make my day, Eloane. Non. Hier ce que je tai dit aurait été des flatteries pour te distraire. Aujourd’hui c’est sincère. Ces fils de pute on tué Burton parce qu’il faisait son travail. Ces sales fils de pute on tué mon ami alors qu’il faisait ce en quoi il croyait et pourquoi il s’est engagé. Ça, c’était la goutte qui a fait déborder le vase. Mes patrons vont me le payer et c’est par le sang que ça va se faire. Mais tu m’auras tué avant alors… Ils auront encore gagné… Écoute-moi… Et fais en ce que tu veux après. Ça a jamais été le grand amour entre nous. On le sait toutes les deux. Mais tu sais autant que je sais que si je te tuais ou si tu me tuais, ça nous ferait mal à toutes les deux. Pourquoi penses-tu que je suis pas venu te tuer en prison? Ce que tu as sortis à ton lèche-cul, j’aurais pu le sortir à mes gars. T’étais dans un sale état toi aussi et c’est moi qui me suis arrangé pour qu’ils te mettent en haut de la liste des gens à soigner. Je me suis prit deux balles pour que tu vives et j’ai tué deux gardiens de prison qui voulait profiter de ton état de faiblesse pour te violer puis te tuer. Tu penses vraiment que je t’aurais sauvé si je t’avais tant détesté?"

Le ton était un souffle fuyant. La blessure était grave mais avec son medpack, elle y survivrait, comme elle s’en était toujours sortit. Sauf que là… Si Eloane ne l’aidait pas, c’était good night Malhia, fin de la pièce et un nom sur une pierre tombale dans un cimetière. Mais tant qu’à crever, autant vider son sac. Malhia ne croyait pas en un dieu et cette confession était plus un testament pour sa plus grande rivale, un acte de respect plus qu’un acte de foi.

"Si tu savais combien de fois pendant toutes ces années j’ai voulu te dire qu’au fond je t’aimais bien, dans tous les sens du terme… Que j’aurais voulu avoir cette liberté que tuas de ne jamais avoir de problème, de t’en débarrasser avec tant de facilité… Mais j’en étais bien incapable. Et c’est dans une rue mal famée de ce quartier que je te le dis à quelques minutes de ma propre mort tu parles d’une saloperie d’ironie. J’ai même plus la force de me sauver moi tu te rends compte? Mon fidèle medpack n’est pas là pour moi, ça aura été mon dernier numéro sans filet… Ce fut… Un privilège que de t’avoir eu pour adversaire. Sincèrement. Désolé de te priver de la jouissance de finir ton ennemi, va falloir que tu tires un ennemi désarmé si tu veux le faire toi-même…"

Et ensuite plus rien. Un souffle faible et irrégulier, un pouls fuyant et la vie sur la mince ligne entre vie et trépas. C’était à Eloane de faire son move, à savoir si elle laissait vivre ou mourir la policière. Cruelle ironie : ce serait un novice quelconque qui aurait triomphé de sa rivale…

Eloane regarda la jeune femme quelques instants légèrement déconcertée. Pour elle il était clair que Malhia cherchait à sauver sa peau, et passer de la pommade à la seule personne susceptible de l’aider était la meilleure chose qu’elle avait trouvé à faire. De toute façon, flatteries ou pas, il était clair que la jeune femme ne laisserai pas son ennemie mourir ici, même si elle ne se rendait pas encore compte de la gravité de la blessure de cette dernière. Accroupie devant la policière, elle posa doucement sa main sur la blessure dont d’écoulait peu de sang, et pourtant, elle était grave, c’était souvent comme cela que se présentaient les blessures faites à l’arme à feu.

-Tsss… Quelle connasse. Commence pas à te la raconter, si je suis sortie indemne de ce trou dans le quel tu m’avais dois-je te le rappeler toi-même envoyé c’est grâce à mes gars, et à personne d’autre. S’ils m’ont soigné, c’est parce qu’ils avaient pas le choix.

Elle se baissa un peu plus, pour attraper Malhia par le bras, et péniblement, elle la hissa sur son épaule, à la façon sac à patate. Elle regarda autour d’elle, et repéra une voiture qui semblait en bon état. Elle était passée experte il y a de cela bien longtemps dans l’art de voler les voitures. Elle savait qu’elle ne devait pas trop bouger la policière, ou bien l’état de celle-ci allait s’aggraver. Elle donna un violent coup de pied dans la vitre qui céda, en même temps que le talon de sa chaussure, et ouvrit la portière en passant sa main à l’intérieur du véhicule. Elle posa la jeune femme sur la banquette arrière, referma violemment la porte et s’assit à la place du conducteur.

Alors qu’elle se baissait pour connecter les fils qui ferait démarrer l’auto, elle lança à sa passagère :

-Si tu crois que je vais te laisser crever d’une mort aussi douce, tu rêves… Je t’emmène chez… Des amis à moi dit-elle su un ton assez mystérieux.

En effet, elle avait dans ses connaissances un chirurgien plus ou moins amateur, qui pratiquait illégalement des opérations pas chères. Elle avait une phobie chronique de l’infirmerie Mavros, el trouvait imprudent d’aller à l’hôpital de la ville. C’était donc toujours là bas qu’elle allait se faire soigner. Le moteur démarra, la jeune femme enleva ses chaussures pour être plus à l’aise et fit le plan dans sa tête du trajet qu’elle avait à parcourir.

-Evite de crever, y’en a pour même pas 5 minutes.

Malhia ne répondit pas, toujours dans un sale état. Son seul regret était de laisser une bonne bagnole sur place mais elle savait qu’un de ses collègues récupèrerait le véhicule. Elle avait eu la présence d’esprit d’activer l’alerte de GPS avant de se battre. On utilisait pas ce truc pour les renforts évidemment, seulement pour les alertes de positionnement. Les petits rats de la Mavros ne pourrait même pas mettre la main sur du matos de flic, à son soulagement. Cependant, ce qui la préoccupait en ce moment c’était le fait qu’Eloane ne semble pas comprendre la véracité de ses paroles. Allez savoir pourquoi, une méfiance chronique sans doute… quoi qu’il en soit, elle n’était pas en état de se livrer à des réflexions trop complexes : le cerveau ne suivait tout simplement pas et elle était bien trop amochée pour essayer d’y changer quoi que ce soit. Sauf que… L’idée de passer entre les mains d’un amateur ne l’enchantait pas, aussi tenta t’elle de manifester son désaccord. Un râle donc dans lequel les quelques bribes de sa phrase étaient audibles si on tendait l’oreille. Mais bon, à quoi bon s’acharner à parler, la chef de la Mavros ne changerait sans doute pas d’idée. Les secondes finirent par devenir des minutes et Malhia se sentait s’écarter de plus en plus de la réalité. Elle sentit qu’on la transportait, qu’on la posait sur une sorte de table d’examen et qu’on la reliait à un appareil pour avoir des mesures. C’est justement à ce moment là que son corps la lâcha et que cela fit hurler toutes les alarmes de l’appareil. Il était évident que la double blessure était plus grave qu’évalué par Eloane… Et que son obstination à ne pas écouter la policière (le medpack, le medpack!) allait lui coûter sa proie. Dommage…

Désormais dans une sorte de coma, Malhia était complètement imperméable au monde extérieur et à ce qui pouvait s’y dérouler. On pouvait donc supposer que toute une petite équipe s’affairait à la maintenir en vie (comme si Eloane allait laisser sa proie lui filer entre les doigts!). Pendant ce temps, devant le fast food de la Mavros, deux des collègues de Malhia récupérait véhicule et armes, anxieux toutefois de ne pas y voir leur collègues. Adressant une prière plus symbolique que pieuse à leur collègue, ils repartirent pour le poste de police avec l’équipement abandonné. Allez savoir maintenant si ces prières ou les manipulations des amis d’Eloane eurent leur effet en premier : toujours est-il que sur le moniteur, Malhia revenait à la vie, plus que faiblement mais quand même….

Elle n’avait pas mit longtemps à arriver jusque chez l’homme. Sans sortir Malhia du véhicule qu’elle avait laissé en vrac devant la porte de l’immeuble, elle avait sonné pour réclamer de l’aide. Deux « infirmiers » étaient venus chercher le corps de la jeune femme avait un brancard. Eloane aurait alors pu s’en aller, et laisser la policière à son triste sort, mais étonnement, elle suivit le cortège jusqu’au 5e étage, là où se tenait le cabinet clandestin. Vu son statut, on avait fait passer sa blessée en première, bien qu’il y ai une longue file d’attente parmi ceux qui voulaient se faire soigner discrètement.

Elle n’assista pas à l’opération, mais resta aux côté de la policière en salle de réveil. Elle fumait en silence, perdue dans ses pensées. Fumer n’était pas vraiment la meilleure chose à faire dans ce genre de lieu, mais dans ce cabinet là, plutôt insalubre et mal fréquenté, cela ne choquait personne, et surtout, personne n’irait faire le moindre reproche à la Boss de la Mavros, de peur d’être abattu sur le champs. Les heures passaient lentement, très lentement. Eloane n’était pas trop du genre à lire un livre ou même un magasine, et de toute façon, elle n’en n’avait pas sur elle. Elle n’avait sur elle qu’un pot de vernis à ongle rouge, un peigne, deux revolvers et un paquet de chewing gum. Après d’être longuement recoiffée, elle entreprit de se faire les ongles, lentement, très lentement pour que cela prenne le plus de temps possible. Mais même ainsi, cela ne lui prit qu’une vingtaine de minutes.

Elle se retrouva donc à nouveau sans rien faire. Soupirant toutes les 5mn, elle passait son temps à regarder sa montre, sans pour autant songer une seule fois à s’en aller. Elle entendit finalement un bruit de froissement de draps, pour relever la tête et voir la main de la jeune femme bouger. Elle appela un médecin qui arriva pour prendre le pou de la blessée.

-C’est bon, elle revient à elle, appelez nous s’il y a un soucis, qu’un appareil commence à faire tout un tas de bruit à la con ou euh… Autre chose, et puis, évitez de la… Enfin je veux dire… La brusquer serait malvenu.

Oui, ce n’était clairement pas l’un de ces chirurgien que l’on trouvait dans le grand hopitâl de la ville, il n’en était pas moins doué, il avait juste disons, un peu plus de mal à s’exprimer. Il s’éloigna pour s’occuper dans la pièce à côté de recoudre une blessure due à un coup de couteau, laissant Eloane seule avec son « ennemie ».

-Est-ce que la belle aux bois dormants compte arrêter de pioncer ou va-t-elle encore me prendre de mon précieux temps ?

"Donne moi cinq minutes et je te fais ravaler tes paroles avec le drap plus les intérêts. Sérieusement, tu sais pas écouter ou quoi? Le medpack aurait fait tout le travail tout seul… Mais bon, un merci est de mise non? Merci, Eloane, de m’avoir sauvé la vie. Même si tu vas la prendre plus tard. Je te la réserve, promis juré."

Répondit la policière. Faiblement certes mais le ton était vivant et bien plus assuré que précédemment. Son regard se posa sur une étagère chargée de flacon de pilules et de médicaments en tout genre et elle se leva péniblement pour aller faire un petit cocktail qui la remettrait sur pied. Les appareils protestèrent, évidemment, mais Malhia s’en moquait. La plaie était refermée et nettoyé, le pire était passé, elle n’allait pas jouer les convalescente! Pour un clandestin, le type avait du bon matos, suffisamment pour la remettre sur pied pour un quarante-huit heure. Elle se servit donc sans gêne, prenant juste ce qu’il lui fallait. Elle alla ensuite se planter devant Eloane, la regarda droit dans les yeux… Avant de faire ce que la chef de la Mavros n’aurait sans doute jamais cru possible : elle la serra dans ses bras. Si si, sans se gêner qui plus est.

"Je t’en dois une. Toute une qui plus est. Bon sang, que va-t-il falloir que je fasse pour que tu comprennes que je ne te cherche plus querelle? Allez, dit toujours, je verrai ce que je peux faire. Te souviens-tu de ce que je t’ai dit lorsqu’on s’est rencontré pour la première fois? Que je servais la justice et non pas l’état. Tu t’en souviens sans doute tu m’as même craché dessus de mépris. Sache que ça n’a pas changer. J’ai besoin de ton aide. Je veux que tu buttes mon patron. Toi ou un de tes gars. Je m’en fous. Fais moi ton prix, je vais payer. Mais je te le dis : l’ennemi, ce n’est plus toi. L’ennemi, c’est eux. Et je ne pourrai jamais revenir à une lutte contre toi. Pas après ce qu’ils ont fait. Tu veux une preuve de mon sérieux? Regarde alors."

Allant chercher un scalpel sur une étagère, elle s’entailla légèrement le bout du doigt pour faire perler le sang. Elle montra ensuite ce même doigt à sa vieille rivale.

"Tu connais la symbolique du sang non? Ça fait des liens. Des liens qui jamais ne se brisent. Je t’offre mon sang. En gage d’amitié, de fidélité si tu veux et tu peux même rajouter servitude si tu veux. Je le fais de bonne foi parce que je te respecte et que je t’aime bien. Dans tous les sens du terme comme je te l’ai dit plus tôt. La question c’est toi, t’es prête ou non à accepter ce que je t’offre?"

Eloane fut surprise de voir la jeune femme se lever aussi rapidement. Elle avait pensé qu’on lui avait fait une anesthésie générale, ce qui n’avait pas été le cas. Elle-même, quand elle en sortait, était complètement dans les vapes, comme après 5 ou 6 joints. Elle se rassit, et la regarda aller se soigner elle-même. Elle soupira, et alluma une nouvelle cigarette. Finalement, la trouvant un peu chancelante, et ayant peur qu’elle ne tombe, elle l’écrasa directement sur une table, et se releva pour aller la faire se rassoir, mais n’eut le temps de rien faire que la jeune femme la prit contre elle et la serra dans ses bras. Paralysée de surprise, Eloane écarquilla les yeux, et ne su pas quoi faire. Elle regarda autour d’elle, come si elle cherchait un peu de normalité dans cette situation absurde, jusqu’à ce que la policière la lâche.

-Mais qu’est ce que tu….

Mais Malhia la coupa, en commençant à débiter des paroles qu’Eloane tentait tant bien que mal d’enregistrer malgré le choc. La seule chose qui attira vraiment son attention, car c’était certainement le plus inattendu, c’était le coup du « je t’aime bien » qu’elle lui avait déjà fait tout à l’heure mais qu’Eloane avait préféré ignorer plutôt que d’essayer de comprendre. Elle secoua la tête, et fit signe à la jeune femme d’arrêter de parler, de s’entailler les doigts ou de faire quoi que ce soit d’autres. Entre ses demandes d’assassinat, ses promesses de servitudes et ce qui ressemblait à une déclaration, elle avait du mal à s’y retrouver.

-Attends attends, stop stop… Répète moi tout ça, moins vite… Et assieds toi Lui dit-elle en lui tendant une compresse pour son doigt qu’elle avait prit sur la table près du lit.

Elle-même s’assit sur le côté du lit, en fermant les yeux et en prenant une grande inspiration. Elle avait une bonne gueule de bois, ce qui ne l’aidait pas, et cela lui donnait un mal de tête accru par toutes ces révélations de la part de Malhia qui ne faisait peut être qu’essayer de distraire une fois de plus sa rivale. Ou alors… Autre chose, c’étai trop demander à Eloane de réfléchir vu l’état dans le quel elle était. Elle ne se demandait qu’une chose : bon sang mais qu’avait donc cette satanée policière derrière la tête ?

"Attends… Je vais faire ça simple si ça peut t’aider à comprendre tout ça. Ce que je ressens pour toi et tout. Mais tu vas être surprise!"

Une fois de nouveau devant Eloane (eh non, elle n’était pas allée s’asseoir), elle se pencha vers l’avant et… Embrassa la chef de la Mavros. Et pas qu’un baiser sur la joue, non un baiser sur la bouche et tout. C’était la forme d’expression que la policière avait trouvée pour exprimer ce qu’elle ressentait pour Eloane, ni plus ni moins. Malhia était un peu spéciale, oui, ses préférences étaient pour les femmes, oui, mais quoi de plus normal dans un monde aussi anormal? Il ne fallait pas s’en étonner après tout! Bon, évidemment, c’était un coup risqué. Eloane n’apprécierait certainement pas mais elle aurait au moins l’heure juste. Car justement, Malhia ne brisa pas le baiser au bout de quelques secondes non. Elle le laissa s’étirer. Pas jusqu’en asphyxier l’autre évidemment, c’eut été bien traître de sa part… Qui aurait pu croire qu’une des plus fervente protectrice de la justice en pincerait pour la chef de la Mavros? Il aurait fallu être complètement dingue… Mais à Ataxia, encore une fois, tout, absolument tout ou presque était possible. Les convenances n’existaient plus et seul l’instinct parlait dans les strates les plus basses de la société. À part les businessmen, rares étaient les personnes qui se donnaient encore la peine de parler. Et dans cette ville de débauche et de chaos, il fallait encore s’étonner que l’Amour avec un grand A existe encore. Vœu pieu, souhait de fou, peut-être bien. Mais le bon vieux proverbe qui ne risque rien n’a rien n’en demeurait pas moins vrai. Ce qui aurait rendu la situation plus étrange encore aurait été que la chef de la Mavros se montre réceptive… Mais encore là rien n’était gagné!

"Je te l'ai dis non? Je t'aime bien."

Dit la policière, une fois le charme rompu et le baiser terminé. De totue façon, personne ne les avaient vu, personne ne les entendraient, ils étaient comme hors du temps et du monde, gracieuseté de la réputation et de la position de la terrible et redoutable Eloane Helies...

Eloane tomba des nus quand Malhia vint poser ses lèvres contre les siennes. Trop déboussolée pour penser à la repousser, elle ne fit rien pour arrêter le baiser. Mais au fond, ne l’avait elle pas elle aussi désiré ? Elle était bien trop fière pour l’admettre, du moins pas de suite, mais elle avait elle aussi eu quelques désirs à propos de sa rivale. Combien de fois l’une avait eu l’occasion d’abattre l’autre sans jamais le faire ? Il était clair que cela dissimulait sinon une amitié, une attirance quelconque.

Les joues de la jeune femme s’empourprèrent légèrement, ce qui ne lui arrivait d’ordinaire jamais. Quand la policière rompit le baiser, Eloane la regarda avec de grands yeux ronds, déboussolée par ce qu’elle venait de faire. Elle-même avait déjà eu des rapports avec des femmes, cela ne la choquait pas le moins du monde. Ce qui la mettait dans cet état, c’était juste que… Que c’était Malhia ! Bon sang, ce n’était pas n’importe qui, c’est celle avec qui elle s’était battu depuis si longtemps, elles s’étaient lancé les pires insultes, et s’étaient humiliées pendant des années, et tout cela pour en arriver là, cela semblait irréel ! Pour la première fois, Eloane se retrouvait désarmée dans le sens figuratif du terme face à la policière.

Elle resta muette quelques minutes, pour finalement reprendre ses esprits en secouant la tête, puis elle scruta la pièce autour d’elle qu’elle ne savait pas sure. Elle déglutit avec peine, et reposa son regard sur Malhia.

-Je pense… Que ce n’est pas le bon endroit pour euhm… Parler de ça.

Après tout, Malhia avait été droguée pour son opération, peut être ne faisait elle que délirer à cause de cela ! Eloane savait trop bien dans quel état on se trouvait après ce genre d’intervention. Elle soupira et se leva pour commencer à faire nerveusement les cents pas. Que devait-elle faire ? Ramener Malhia chez elle ou bien la laisser se débrouiller pour rentrer, sachant que dans son état elle risquait de faire à nouveau de mauvaises rencontres. Une chose était sure, elle ne pouvait pas la laisser là, c’était loin d’être un endroit sur.

"Là-dessus je suis bien d’accord. Mais mes collègues vont être venus récupérer mon véhicule et aucun taxi ou autobus ne se rend dans votre secteur. Et je doute que t’aimerais voir encore une bagnole de flic sur ton territoire. La question c’est…On va chez toi ou chez moi? T’as un véhicule toi, ça nous ouvre des portes… Alors c’est toi qui décide. Et t’en fais pas pour moi, je guéris vite, c’est une modification génétique faite dans mon système pour que je sois toujours d’attaque. Mais ça, tu vas bien finir par le découvrir… Elo…"

Et voilà qu’on en était aux familiarités et aux diminutifs. Ce n’était pas pour déplaire à la policière qui regarda la chef criminelle avec un regard… Tendre? Surprenant venant de deux personnes qui, quelques heures auparavant était ennemies mortelles…

"Tu sais, je ne frimais pas quand je t’ai dit que j’ai tué pour toi… Je t’appartiens autant que tu m’appartiens et je ne laisserai personne te faire du mal, surtout pas le viol ou la torture. Je les ai en horreur et te savoir dans une telle situation… Pourrait bien me tuer je pense, ce serait trop insupportable à concevoir. Et j’ai tué à plus d’une reprise pour que tu vives… Allant jusqu’à tuer des policiers parfois…"

Confessa la policière pour montrer à quel point elle tenait à la jeune femme. Toute une attirance pour la jeune femme. Pour que l’autre tue ses collègues pour qu’une criminelle vive… il en fallait beaucoup! Et parfois, il s'agissait de colègues qui étaient presque des amis...

"Dit moi Elo… JE t’ai montré ce que je ressentais pour toi. Toi, qu’est-ce que tu ressens pour moi? Montre le moi de la même façon, ce sera plus révélateur que les mots tu ne crois pas? Tant pis si on nous voit, on se chargera des témoins… À deux…"

Malhia n’était pas particulièrement belle, loin de là comparé à Eloane. Elle avait plus un physique d’androgyne mais il y avait un quelque chose chez elle qui attirait le regard et dans certains cas la convoitise, une certaine forme de désir que beaucoup étaient incapables d’expliquer. Cette particularité affectait-elle la chef criminelle?

Malhia était téméraire, alors qu’elle se trouvait en position d’infériorité. Elle devait pourtant bien savoir qu’elle risquait de provoquer la colère de l’une des personnes les plus dangereuses d’Ataxia non ? Cela ne semblait pas la gêner, et contre toute attente, Eloane ne devenait pas ivre de rage, elle se retrouvait gênée et ne savait pas trop quoi faire, comme une enfant de 10 ans. La tête basse et les mais croisées devant elle, elle tentait une dernière fois de remettre de l’ordre dans sa tête en vain. Elle regarda presque timidement la policière, et finalement, elle prit une légère inspiration pour lui souffler :

-Chez toi…

Il était en effet hors de question qu’elle l’amène chez elle, que ce soit à la Mavros où dans l’un de ses nombreux appartement tant qu’elle n’était pas sure et certaine de ses intentions. Elle avait quand même des responsabilités, qui passaient parfois avant sa vie privée, et protéger la Mavros en faisait parti. D’un autre côté, elle pouvait aussi bien tomber dans un traquenard, mais qu’importe, elle avait décidé d’arrêter de trop réfléchir l’espace de quelques heures. Elle était fatiguée de vivre 24h/24 en tant que boss de la Mavros qui doit tout le temps faire attention, elle aurait voulu pouvoir revenir de temps en temps à ce qu’était sa vie avant, où elle n’avait pas à se soucier de grand-chose.

Doucement, elle s’approcha de la jeune femme, et glissa sa main pâle le long du bras de Malhia pour attraper la sienne, et releva le regard vers elle pour finalement lui offrir un petit sourire. Maintenant qu’elle avait en quelques sorte débranché son cerveau, elle pouvait profiter de ce moment qu’elle avait inconsciemment désiré depuis si longtemps. Malhia allait peut être être déçue, car ce qu’Eloane lui offrait maintenant, c’était son « vrai elle », celle qui apparaissait de moins en moins, celle qu’elle ne connaissait pas encore. Elle aimait Eloane Boss de la Mavros, mais allait elle aimer Eloane gamine paumée ? C’était à voir.

"Ça me va. Mais je t’avertis tout de suite, je suis maniaque de la propreté alors ça peut te dépayser de ce que tu vois dans ton royaume de tous les jours. C’est une ancienne compagnie d’assurance qui avait la maison avant et ils avaient une gigantesque chambre forte, toute une pièce, ma chambre désormais. Insonorisée en plus alors on risque pas de déranger personne si jamais tu changes d’idée et que tu veux en revenir aux vieilles querelles… Mais je doute que tu veuilles ça."

Et donc Malhia lâcha à regret la main d’Eloane et, pour garder les apparences, passa la porte la première, son visage un masque de rage, récupéra ses affaires tout en ignorant les protestations du chirurgien et lâchant une commentaire acide sur ce qui lui arriverait si il essayait de l’empêcher de passer. Pour une femme, Malhia était assez imposante et rares étaient ceux qui essayaient de lui tenir tête. Évidemment, Eloane dû la suivre peu après car elle avait à peine attaché sa ceinture dans le véhicule précédemment volé par le chef de la Mavros que cette dernière faisait son apparition sur un siège. Esquissant un sourire mais ne disant absolument rien, elle mit les gaz pour retourner chez elle. La maison, un ouvrage à la fois élégant et discret, était de taille appréciable ne tarda pas à se faire voir quand ils changèrent de quartier. Malhia habitait près du poste de police mais personne ne saurait ni ne savait ce qu’elle faisait chez elle. Garant la voiture dans une rue adjacente (l’espace de stationnement étant occupé par ses véhicules de fonctions dont sa voiture, ramenée par ses collègues), elle conduisit ensuite Eloane à l’intérieur. Malhia vivait seule, dans un coin reculé du quartier, son plus proche voisin étant à au moins une rue d’elle mais son chez soi était chaleureux quoi qu’un peu spartiate : pas de décorations, de photos ou quoi que ce soit, tout était d’une propreté impeccable… Mais elle ne donna pas la chance à Eloane de faire le tour du propriétaire. Hop! Un aller simple pour la chambre à coucher : une grande pièce blindée, verrouillable de l’intérieur, un lit king size, une petit frigo, une télé, de quoi tenir un siège comme se plaisait à le dire Malhia. Et bien sûr, chose qu’elle montra à Eloane, caché dans un petit coffre-fort dans un mur, un album de photos d’Eloane, divers clichés pris lorsque c’était Malhia qui prenait le dessus sur la chef criminelle. Une fois coupée du monde extérieur, la policière reprit enfin la parole.

"Ça fait tellement longtemps que je te désire, que je rêve de toi… J’ai goûté à tes lèvres et je suis déjà une vraie junkie… Serais-tu assez cruelle pour me laisser souffrir, Elo?"

Elle désigna un espace à côté d’elle, sur le lit, invitant la chef criminelle à s’y asseoir.

Eloane se laissa conduire jusque chez la jeune femme sans prononcer le moindre mot. Elle qui d’habitude était toujours « dominante » dans ses relations avec les gens, elle confiait totalement les rênes à Malhia cette fois ci. Une fois chez elle, elle la suivit à l’intérieur qui était comme l’avait prévenu sa compagne d’une propreté impeccable. L’appartement d’Eloane avait été comme ça lui aussi, avant qu’elle n’emménage… Les services de nettoyage lui avaient préparé un nid douillet, qu’elle s’était empressée de remplir de cendres de cigarettes, de canettes vides et autres sans jamais faire le ménage ou presque, et elle ne laissait que rarement entrer les femmes de ménage, puisqu’elle ne faisait pour ainsi dire confiance à personne.

Elle se retrouva rapidement dans la chambre, et pu contempler avec fièrté mais tout de même une certaine peur l’album de Malhia. C’était quand même assez flippant de se savoir suivie et épiée, bien que flatteur… Mais quand même flippant ! Cela durait depuis combien de temps ?! Elle posa l’album sur un meuble, et rejoint la policière sur le lit.

-Depuis combien de temps Malhia ?

Elle se laissa tomber en arrière, et ferma les yeux. L’alcool continuait de lui tourner la tête, mais elle restait lucide. Un peu fatiguée, elle se frotta les yeux oubliant le maquillage qu’elle avait, qui se retrouva alors étalé autour de ses yeux, laissant apparaître son vrai regard non plus de femme fatale, mais de gamine mélancolique. Mais elle avait sur les lèvres un petit sourire qui lui ne la quittait pas qu’elle soit maquillée ou non.

Elle rouvrit les yeux pour les plonger dans ceux de la jeune femme. Elle ne la laisserait pas la toucher tant qu’elle n’aurait pas répondu à ses questions. Elle avait beau mit son côté garce de côté, elle restait toujours assez autoritaire, surtout en ce qui concernait son corps, elle en était seule maîtresse et ce dans n’importe quelle situation.

-Pourquoi t'esseyais de me butter alors ?

"Depuis combien de temps? Ça remonte à notre premier accrochage. Quand j’étais cadet de police. T’étais pas encore boss à l’époque. C’était à la sortie d’un club VIP si ma mémoire est bonne. T’étais la première personne à résister aussi farouchement à la capture et ça a éveillé tout de suite un certain désir chez moi. Et depuis ben… Je te suis quand je le peux. Comme je le peux, amassant ce qui était une maigre consolation, des photos de toi. C’est bizarre, je le sais mais aussi brave que je puisse être… J’ai jamais eu le courage de te le dire. J’étais certaine que tu me rejetterais. Alors le désir brûlant est devenu une torture et une agonie. C’est à ce moment là que je me suis dit que te butter arrangerait peut-être les choses. Que ça chasserait la douleur. Mais quand pour la première fois j’ai eu le dessus sur toi, que j’aurais pu te tuer et que je t’ai vu, blessée… J’en ai été incapable. Ta perte aurait été trop grande. Je me suis donc juré de te traquer, de retarder l’inévitable confrontation où l’une devrait tuer l’autre… Mais ça te faisais vivre plus longtemps car personne d’autre que moi alors ne cherchait à prendre ta vie. Et je me suis donc donnée corps et âme pour que tu vives, tu es et restes ma seule affaire non classée et elle ne le sera jamais d’ailleurs. Je ne peux pas me résoudre à prendre ta vie. À chaque fois que je t’ai blessé, je me blessais également, dans mon cœur, dans mon âme… Et je me suis dit qu’il fallait garder les apparences. Chaque affrontement te préservais un peu plus des autres policiers. Ta dernière arrestation devait être la base de ma confession… Mais tu t’es barrée avant. Voilà, tu sais le pourquoi du comment maintenant, Elo. Tu es… Tu es une femme superbe. Belle, intelligente, maîtresse d’elle… Et tellement libre…"

Dit la policière, les souvenirs revenant en elle avec une déconcertante facilité et une clarté trop évidente… Eloane, cette femme, cet amour interdit, ce fruit défendu… Il lui fallut transgresser tant de limites pour simplement s’approcher d’elle et maintenant elle craignait tant de la perdre… Être honnête, tout lui dire, tout lui révéler… Si cela lui permettait de l’avoir à ses côtés, de faire cette nuit la leur… Elle consentirait à tous les sacrifices. Pourquoi Eloane la faisait-elle autant languir? C'en était presque insupportable...

Eloane tenta de se remémorer cette journée où elles s’étaient croisées pour la première fois selon Malhia, mais elle ne s’en souvenait pas. La première image de la policière qu’elle avait en tête était cette nuit où 1 semaine après sa nomination au poste de Boss la jeune femme l’avait attaqué dans le quartier Mavros, sans trop la blesser mais en lui lançant une véritable déclaration de guerre. Depuis, elles s’étaient revues de nombreuses fois, mais jamais autour d’un café pour parler tranquillement non loin de là.
La policière avait tord sur un point : Eloane n’était pas libre, elle ne l’était plus, ou plus autant qu’avant. Cette réflexion fit légèrement soupirer la rousse et elle chassa rapidement de sa tête ces idées du « temps d’avant ».

D’un revers de bras, elle essuya le rouge à lèvre qu’elle avait, laissant une marque pourpre sur son poignet, et un peu autour de sa bouche. Toujours sans ouvrir les yeux, elle ouvrit doucement les quelques boutons de sa chemises qui étaient juste là boutonnés, et les pans du vêtements retombèrent sur les côtés, dévoilant le corps d’albâtre de la jeune femme, parsemé de nombreuses cicatrices. ‘Lune était bien plus marquée que les autres, en plein milieu du ventre. C’était son petit souvenir de Senora, le boss de la Schya.

Elle finit par ouvrir les yeux, pour inviter Malhia du regard à elle aussi « se mettre à l’aise » avec un petit sourire. Mais cette petite scène si parfaite ne dura pas plus longtemps. Le téléphone du boss s mit à sonner. Et la sonnerie indiquait que l’appel venait de son second, elle ne pouvait donc pas se permettre de l’ignorer. Elle glissa la main dans la pochète attachée à sa cuisse sous sa jupe, et en sortir son téléphone. Elle décrocha sans même s’excuser, pour apprendre avec une expression sérieuse sur le visage que son second s’était fait chopé par les flics, et qu’un des Mavros avec qui il exécutait une mission avait réussi à prendre son portable et ses autres affaires pour s’enfuir de son côté. Elle raccrocha et soupira.

-Les responsabilités… Voilà pourquoi tu as tord, je ne suis pas libre.

Elle se redressa et commença à reboutonner sa chemise

-Je dois y aller.

Oh non… Cette soirée était à elle et elle n’allait pas laisser Eloane repartir de si tôt! Il y avait tant à se dire, à se raconter… Cette relation interdite avait de quoi pimenter l’existence plutôt morne de la policière et elle comptait bien profiter de chaque seconde dont elle pourrait bénéficier ce soir. Et puis du reste… Peut-être pourrait-elle aider la jeune boss de la Mavros après tout. Faire montre de bonne volonté, de bonne fois… La capitaine arrêta d’un geste doux les mains de la chef de la Mavros qui reboutonnait son vêtement, rien de brusque mais suffisamment fermement pour lui faire comprendre qu’elle ne comptait pas la laisser partir. Pas maintenant. Pas quand les choses commençait à se désamorcer. Et puis du reste… qui sait, si l’une ou l’autre venait à mourir le lendemain, chose probable en Ataxia, autant garder plus en souvenir que quelques minutes ensemble…

"Attends… Ne pars pas. Pas toi de suite… Je peux peut-être t’aider tu sais? Allez, tu peux me faire confiance, tu sais que je peux t’aider… Je voudrais…"

Elle fut interrompu par le téléphone. Lâchant un juron très peu féminin, elle alla chercher l’appareil, posé sur un meuble près du lit et décrocha, de mauvaise humeur. Son expression passa de l’agacement à l’incompréhension à un sourire carnassier et elle comprit ce qui demandait l’attention de la chef de la Mavros… Mais c’était apparemment un jour de chance pour la capitaine : c’était son équipe, ses amis fidèles et loyaux, ces policiers incorruptibles… Ou presque. Par amitié, pour garder l’unité du groupe, ils avaient fait certaines choses pas très catholiques…

"Non écoute mon bien espèce de british à la noix… Je me fous complètement du fait que vous l’ayez choppé ou non. Tu le relâches illico. Non j’ai pas perdu la tête. Écoute moi bien et arrête de faire le con : si on le choppe, qui va prendre le crédit? Nous ou Fatman? Bon tu vois quand tu veux! Je te l’ai dit White, il est allé trop loin cette fois. Ce salopard va payer… Et ça commence avec la politique du œil pour œil. Le prévenu, il faisait quoi? Mais t’es con toi! Vous l’avez coffré pour stationnement interdit! Ben laisse faire, c’est un truc pour se faire tous butter par la Mavros pour se venger!"

Elle regarda avec un regard mi sérieux mi amusé la chef de la Mavros, couvrit le combiné de sa main et passa un commentaire.

"Il a joué de malchance ton gars… Se stationner illégalement devant le bar le plus fréquenté de cette ville par mon équipe…"

Elle reprit la conversation, longue et laborieuse. Au bout d’un temps, la capitaine eu gain de cause et on relâcha le prévenu. Il fut même ramené avec toutes les excuses de l’équipe dans le quartier Mavros. Plusieurs minutes passèrent après cet appel avant que le téléphone d’Eloane ne sonne à nouveau…

Eloane laissa Malhia a sa conversation téléphonique, pendant ce temps, elle rassemblait ses affaires. Elle était assez inquiète, la mission qui avait été interrompu par cette arrestation était très importante, c’est pourquoi elle avait mis son second sur le coup. Elle leur avait été donnée par l’un de leur plus riche commanditaire, il risquait son post et donc son argent. C’est pourquoi il avait demandé à l’organisation avec qui il faisait souvent affaire de tuer de toute urgence la seule personne qui aurait pu prouver son infidélité envers sa femme : sa maîtresse elle-même qui l’avait menacé de tout révéler s’il ne l’épousait pas. L’image médiatique était très importante dans son métier, et manque de chance, la demoiselle était une dangereuse criminelle, qui n’appartenait à aucune organisation. Elle serait donc difficile à avoir, et ils n’avaient que peu de temps. La Mavros après beaucoup de recherche avait trouvé une occasion de se débarrasser d’elle, une seule, et ils venaient de la perdre. Ils allaient perdre un client très important s’ils ne faisaient rien. Aussi, Eloane ne pouvait pas rester là, elle devait rejoindre ses hommes, et régler le problème elle-même avant de courir à la catastrophe.

Elle eut au moins la politesse d’attendre que la jeune femme ai fini son entretient avant de s’en aller, mais elle comprit rapidement que son appel et le sien n’étaient pas si étrangers. Elle soupira d’aise quand elle apprit que l’homme était libre, il pourrait donc l’épauler, mais encore une fois, elle ne pouvait pas rester. Elle avait quelqu’un à engueuler, et quelqu’un d’autre à tuer. Elle aussi aurait bien aimé continuer cette soirée qui avait si bien commencé mais… Elle ne pouvait pas se le permettre, l’enjeu était trop important.

A nouveau son portable sonna, c’était le même homme que tout à l’heure qui lui annonçait la bonne nouvelle. Elle lui dit qu’elle arrivait, et qu’ils devaient l’attendre à « l’endroit habituel ». Elle raccrocha et rangea le téléphone, avant de reporter son attention sur la policière.

-Ecoute… Je n’ai pas envie que la soirée se finisse comme ça mais… C’est comme ça. Je dois vraiment partir.

Elle commença par se dirriger vers la porte, mais finalement elle fit volte face et vint embrasser la jeune femme, avant de glisser un bout de carton dans sa main. C’était sa carte de visite, enfin… Celle qu’elle donnait, celle avec un faux nom, et un numéro de téléphone certes correct, mais qui n’était pas celui qu’elle utilisait pour le boulot, ni son téléphone personnel. C’était un portable dont elle se servait quand elle devait couvrir son identité, elle ne faisait pas encore assez confiance à Malhia pour lui donner son vrai numéro.

-Ne fais pas attention au nom, et… Appelle moi, à l’occasion.

Le prénom inscrit sur la carte n’était autre que celui de la policière elle-même, et le nom de famille était celui de jeune fille de la mère d’Eloane. C’était les premières choses qui lui étaient venues à l’esprit quand elle s’était créé cette énième fausse identité. Eloane sortit ensuite de la porte, et même pas le temps de dire ouf qu’elle avait déjà disparu.

Un unique baiser. Pour ce que cela valait de nos jours en Ataxia, peu de gens en aurait fait un cas. Mais pour des gens comme Malhia Lyman, cela voulait encore dire quelque chose. Cela faisait encore du sens. Surtout dans ce contexte. Elle esquissa un radieux sourire à la jeune femme avant de la regarder partir, regardant le bout de carton qu’elle avait désormais dans les mains comme s’il s’était agit d’un trésor d’une valeur inestimable. Le premier pas était fait, il fallait maintenant passer de l’abstrait au concret. Rendre réel ce qui jusqu’à tout récemment, quelques heures à peine était du domaine du rêve et du fantasme. Et pour concrétiser les choses… La policière était plus qu’impatiente de le faire. Et elle avait une idée derrière la tête pour que les choses se passent bien, que le temps certes suive son cours mais sans lui nuire. Mais pour ce faire, il lui faudrait passer plus d’un coup de fil. À commencer par ses collègues qui venaient de relâcher le second de la chef de la Mavros. Son objectif : savoir où Eloane avait filé pour aller lui prêter main forte. Le premier appel fut donc passé. Long et passablement laborieux, elle finit par obtenir l’endroit où ils avaient arrêté l’homme en question. Après avoir parlé avec chacun des agents qui avait été sur place, elle avait une bonne idée de la présence du type sur les lieux et pour confirmer la chose, il faudrait passer par des sources moins officielles, plus spécifiquement par tout ceux qui servaient d’informateurs à la police au regard du monde criminel. Ce serait une tâche pénible mais rien n’était trop quoi que ce soit pour ce qu’elle désirait accomplir. Nouveaux coups de fil, nouveaux échanges de parole… sa recherche allait trop lentement à son goût. Elle haussa le ton, ce qui força ses contacts à accélérer les opérations. Et puis un nom finit par sortir, quelque chose de plus que plausible et qui donnait une piste à la policière. Elle prit le temps de s’équiper, jeta un dernier regard à son album photos et partit dans la nuit porter assistance à la boss de la Mavros. Car on ne sait jamais quand les choses peuvent mal tourner après tout. Et la policière avait le pressentiment que tout n’allait pas aller pour le mieux au cours de l’opération de la Mavros… Même si elle n’avait que des fragments sur ce qu’ils comptaient faire.

Eloane de son côté filait à grande vitesse dans les rues de la ville qu’elle connaissait par cœur pour y avoir passé toute sa vie. Elle savait parfaitement où aller, quels raccourcis prendre, quels endroits éviter, et rapidement, ses collègues furent en vue. Ils n’échangèrent pas un mot, ils savaient où ils devaient se rendre, le plan serait légèrement changé. Au lieu d’être tué à distance, leur victime devrait être attaquée de façon plus proche : ils n’avaient plus le temps d’établir une planque. Ils se postèrent dans une ruelle déserte. La jeune femme devait passer par là, ou du moins dans les parages. Le beau gosse de l’équipe se posta une clope au bec dans la grande rue et attendit que l’autre fasse son apparition. On ne se méfiait pas de lui, il avait une gueule d’ange, un sourire charmeur, un air innocent presque niais, attendrissant, bref, on ne lui résistait pas, et on ne le craignait pas.

Quand il vit la victime passer, il l’aborda tout simplement en la draguant ouvertement. L’avait elle suivi pour lui faire ravaler ses paroles un peu trop crues, ou tout simplement parce qu’elle était tombée sous son charme ? On n’eut pas le temps de le savoir. A peine avait elle fait un pas dans la ruelle qu’une bande lui tombait dessus. Eloane et ses hommes étaient d’humeur à s’amuser, parce que oui, tuer était un jeu pour eux. Ils aimaient humilier leur proie, ils aimaient la faire souffrir, on leur avait apprit tout cela quand ils étaient enfants, c’était donc normal que cela garde une connotation ludique à leurs yeux.

La pauvre tenta bien se défendre, mais c’était sans espoir. Les Mavros en avaient fait un ballon humain. Ils se la passait en riant sadiquement, puis quand ils en eurent assez, Eloane s’avança et lui expliqua pourquoi elle était dans cette situation. Elle se confondit en excuse, et jura que ses menaces n’étaient que des menaces en l’air, mais rien à faire. La boss prit son couteau et coupa sans délicatesse les cheveux de sa victime. Elle les regarda avant de lui dire :

-Pfeuh, fausse blonde.

Elle les lui jeta au visage, et recula, laissant ses hommes continuer de s’amuser. Les Mavros était désordonné, chacun y allait de sa petite torture. Alors qu’un semblait éprouver un malin plaisir à couper toutes les extrémités du corps de la jeune femme, un autre s’amusait avec un petit flacon d’acide, pendant qu’un autre encore lui pissait dessus. La boss de la Mavros avait beau être là, il n’en était pas moins qu’ils n’étaient qu’une bande de jeunes délinquants sadiques et sans vergognes. Ils n’eurent pas le temps de l’achever que déjà elle tombait morte, d’épuisement. Eloane fit alors signe aux autres de s’écarter. Elle coupa alors la main droite qui n’avait plus que deux doigts, et la lança à son second avec un petit rire.

-Une petite farce ironique de notre commanditaire. Elle voulait qu’il lui demande sa main, il a tenu à respecter ce qu’il jugeait être sa dernière volonté.

Ils éclatèrent alors d’un rire sec et cruel.

-Les gars ce soir c’est ma tournée ! Pause. C’est une expression bien sur. On va au bar, et vous payerez ma part ajouta elle en se grillant une cigarette.

Ce qu’elle n’avait pas vu c’est qu’ils étaient observés. Et malgré qu’elle l’ai suivi pendant toutes ces années, Malhia connaissait-elle ce côté-là de la rousse ?

Elle en aurait presque sourit. La Mavros dans toute sa splendeur. Ou horreur selon les points de vue. De la violence gratuite, sadique, barbare et sanglante, Malhia en voyait tous les jours. Que cela vienne de la rousse volcanique ou d’une autre, qu’est-ce que cela pouvait bien lui faire? Elle n’était pas une sainte ni une enfant de chœur non plus… Des trucs vaches, des trucs peu orthodoxes et loin d’être admis par la charte des droits de l’homme, elle et ses collègues en avaient faits et commis plus d’un… Une part d’elle trouvait cela rafraîchissant et agréable à voir malgré le profond sentiment de révolte que son instinct de policière lui disait. Mais bon, on ne survivait pas en Ataxia en étant parfaitement sain d’esprit. De corps, c’était limite possible mais pas d’esprit...

Quand elle vit la petite troupe partir vers le bar le plus prche, elle les suivit à distance et quand elle fut sûre de ne pas pouvoir être repérée, elle entra dans l’établissement. Chance inouïe : une des serveuses den devait plus qu’une à la policière qui l’avait sortit de la merde à plus d’une fois et elle ne fut que trop heureuse de lui céder sa place de serveuse pour un soir… Moyennant une petite somme pour l’argent qu’elle n’empocherait pas. Malhia s’en fichait, elle aurait vidé son compte en banque pour se rapprocher d’Eloane… Une fois changée et dans l’uniforme des serveuses de l’endroit (et on ne posa pas de questions, les employés se succédant à la chaîne dans cette ville où la mort était chose du quotidien) et se dirigea vers la table des Mavros. Elle avait envie de jouer une carte qu’elle n’utilisait pas souvent, celle de la gentillesse. C’était une chose que peu de gens pouvaient se permettre en Ataxia… Et plus elle serait à l’opposé de osn modus operandi de flic, moins elle risquerait d’étriper tous les criminels assit à la table…

« Bonsoir messieurs dames, bienvenue dans notre petit bar sympathique… Qu’est-ce qui vous ferait plaisir? Une bonne bière, un alcool fort? Suffit de le demander! »

Son regard croisa celui de chaque criminel, s’attardant une microseconde de plus sur celui d’Eloane qui dut ne pas avoir de mal à la reconnaître, avant d’attendre les commandes. Qui savait… Peut-être qu’à la fin de la soirée elle pourrait se retrouver de nouveau seule avec la boss de la Mavros… Mais bon, à cœur vaillant rien d’impossible, comme aurait dit ses collègues et Malhia avait bien l’intention de faire son maximum pour se rapprocher de son but.

Eloane et sa bande se dirigèrent vers un bar du coin qu’ils connaissaient bien. Il n’était pas situé dans le quartier Mavros, mais ils y étaient respectés, et l’endroit était plus propre que dans leur quartier. A peine étaient ils entrés qu’un serveur mettait des clients dehors. Ils n’avaient plus de table libre, mais ils ne pouvaient pas l’annoncer à ces client là ; au risque de se retrouver avec un flingue sur la tempe. On fit alors s’installer le petit groupe à la table fraichement libérée, mais ils ne firent que déposer leurs affaires et allèrent tous directement vers les toilettes. Ils sentaient le sang à plein nez et eux même finissaient par être écœurés par cette odeur. Même si ce n’était qu’une toilette de fortune, ils ressortirent les mains et le visage propre.

De retour, Eloane dit l’air de rien qu’elle aurait apprécié une chaise pour y poser ses pieds. Personne ne réagit, aussi, son second donna un coup de pied dans le ventre d’un des clients à côté d’eux en répliquant : « T’as pas entendu la patronne ? Elle veut une chaise ! ». Le bougre n’était pas un Mavros, mais la société était mégalomane et se croyait maîtresse de la ville. Personne n’osa répliquer et Eloane pu étendre ses jambes sur la chaise qui était maintenant sienne. Son second de rassit et sortit la main de sa sacoche et commença à l’agiter en l’air en beuglant : « on a soif ! ». Ils entamèrent alors tous en cœur une chanson paillarde dont le thème était l’argent et le sexe. Déjà la salle se vidait d’elle-même. Ils ne tardèrent pas à voir arriver une serveuse, et quelle serveuse ! Eloane eut un sourire en coin, mais fit comme si de rien n’était.

-On veut un cocktail cocotte, un truc fort à se partager. Eyh les mecs, regardez ça. L’homme prit la main de la défunte de celles du second et la plaqua sur les fesses de Malhia. La main au cul ! Et tous y comprit Eloane explosèrent de rire et reprirent en cœur leur chant grivois.

Derrière le bar, on n’avait pas attendu que Malhia revienne pour préparer la commande. Dans un grand récipient, une sorte de vase immense fut préparé un cocktail à base de vodka, dans le quel il fut ajouté un produit qui faisait jaillir du mélange de la fumé si opaque qu’il était impossible de voir le liquide. On ajouta des pailles immenses, et on attendit que la serveuse fasse son job.

« Excellent jeu de mots monsieur. Je pourrais ajouter qu’avoir été plus vigilante, je vous aurais prit la main dans le sac. Maintenant, ne désirant pas vous faire patienter davantage, je vais aller chercher vos consommations, j’en ai pour quelques secondes. »

Un monument imperturbable, voilà ce qu’était Malhia en ce moment. Elle endurerait ce qu’il faudrait, ce n’était pas moins dur que l’entraînement des sections spéciales ou son boulot de tous les jours aux ordres de Fatman. Qui plus est, ce type, elle serait sûrement appelé à le revoir… Et elle lui ferait bouffer ses noisettes par l’urètre, pour faire bonne figure. Les gens du bar la regardèrent, estomaqués. Une serveuse qui ne tremblait pas comme une feuille devant la Mavros, c’était nouveau ça… Et qui en plus se laissait prendre au jeu plutôt que de pleurnicher qu’on la laisse tranquille… C’était quelque chose ça! Adressant un sourire poli aux gens du bar, Malhia repartit en sens inverse avec le grand bol qu’elle posa sur la table, juste devant Eloane. Comme le voulait l’usage, elle se plaça à une dizaine de pas de celle-ci, attendant une commande ou un ordre en provenance de la table. Quand on joue un rôle on le joue jusqu’au bout et Malhia se sentait suffisamment capable de faire le nécessaire.

¤P’tit con va… Quand je te mettrai la main au collet, mes gars et moi on va t’en faire baver… Pour la forme, je vais te faire courir derrière mon véhicule, pieds nus, sur un tapis de verre pilé… On verra si tu fais toujours de l’humour après ça. Ensuite, histoire de te faire passer le goût des idioties, je vais te faire prendre de bonnes bouffées du tuyau d’échappement de mon bébé et ensuite on te fera boire un gallon de savon pour nettoyer le dépotoir qui te sert de bouche. Si tu y survis… T’auras peut-être le droit de vivre. Ça c’est si les gars et moi on se sent d’humeur clément et vu ta sale gueule… T’as aucune chance… Vraiment aucune chance. Pour me faire plaisir tiens, je vais t’Envoyer faire un tour côté Schya, ils vont se faire une joie de te faire la peau…¤