Vie de couple: au travail!

La nuit avait passé à la fois lentement comme pour les laisser profiter l'un de l'autre et rapidement, parce qu'il fallait reprendre ses activités propres dès le lendemain matin: elle en garde du corps et lui en boss de la Synnefo. La magie devait-elle vraiment s'estomper maintenant? Reviendra-t-elle seulement? Sylia n'avait aucun doute dessus, elle qui était pourtant une femme bien réaliste, elle était certaine que la magie qui était entre eux, cette même nuit qu'ils avaient passée ensemble... n'était pas la dernière.
Et déjà que la première avait été des plus magnifiques alors Sylia attendait curieusement la suite des évènements: leur nouvelle vie à deux, ce début si passionnant de couple alors qu'elle allait peut-être être la cible de prochaines rumeurs. Olivier aussi. Et pas des plus agréables mais la tueuse à gages n'avait pas sa langue dans sa poche et c'était bien connu: elle faisait ce qu'elle voulait, après tout. Cependant, comment agir devant les yeux des autres?
"Ne pas mélanger vie privée et vie professionnelle"... C'était ce qu'elle lui avait dit la veille, alors le vouvoiement allait reprendre son cours, chacun avait sa place et son rôle dans la Synnefo, aussi Miss Win Der Walls resterait la "garde du corps de Monsieur Maxter". Cela ne la gênait pas étant donné qu'après, quand ils se retrouveront seuls, ils s'abandonneront à la familiarité, leur amour, leurs sentiments, "Sylia", "Olivier... Tout simplement.

Tôt ce matin, Sylia dut dire " à bientôt, Olivier" au creux de l'oreille de son aimé qui était encore dans le pays des rêves, accompagnant cette parole d'un léger vol de baiser avant de disparaitre de la chambre du Boss de l'organisation. Non pas qu'elle prêterait importance aux regards des autres si jamais il la voyait sortir de là par hasard. Non pas qu'elle avait d'autres choses à faire. Sylia était surtout garde du corps à l'extérieur du bâtiment. Mais, la jeune femme voulait prendre l'air, voir Ataxia et ses défauts comme ses qualités. Réfléchir... Non. Tout était clair dans sa tête, tout était... bien. Aucun brouillard à l'horizon ni chez elle ni dans la ville. IL ne faisait pas chaud et, pourtant, Sylia n'avait pas si froid que la plupart de ces gens pressés de travailler. En parlant de boulot...

*Je devrais y retourner maintenant...*

Quelques minutes de marche, Sylia revint à la Synnefo et se dirigea vers l'ascenseur qui l'emmena à l'étage où était sa chambre. Elle y entra et, première chose, il fallait laisser entrer le soleil! Chose faite.
Puis, elle prit une bonne douche, se sécha et s'habilla, étant donné qu'elle avait gardé les mêmes vêtements que la veille. Autant dire qu'elle n'avait pas passée inapercue dans la rue... mais bref.
La voici en tailleur: pantalon et haut de tailleur blancs, une chemise immaculée et une cravate noire qu'elle ne serra pas afin de respirer. La classe devait appartenir à Sylia Win Der Walls dès petite, son père lui avait bien appris quelques bonnes valeurs... Enfin, au moins, une. Mais, cela n'ôta pas le caractère dynamique et festif de la jeune femme. Puis, elle attacha ses longs cheveux blond pâle en queue de cheval sur sa tête, les laissant retomber. Il lui arrivait encore en bas du dos. Il faudrait qu'elle songe à les couper... un peu. Après avoir enfiler des escarpins noirs, la garde du corps n'avait pas oublié ses armes habituelles, cachées près de son corps. Quelque part. Puis, elle sortit de sa chambre, direction le bureau d'Olivier Maxter.

*J'espère qu'il n'a pas mal pris ma disparition soudaine de ce matin...*

En longeant le couloir pour revenir à l'ascenseur, Sylia attirait encore certains regards. Non, ils ne savaient rien sur le nouveau couple formé et pas des plus banals. Disons que c'est certainement comme une personne qui entre dans un endroit attire tout de suite l'attention... Un réflexe, une curiosité de son entourage désirant savoir qui faisait tout ce bruit rien qu'en marchant.
L'ascenseur monta et déjà l'étage du boss se trouvait derrière les portes métalliques qui s'ouvraient. Quelques pas, celle du bureau d'Olivier Maxter était devant elle.

*En mode garde du corps et tueuse à gages, Sylia!*

Sylia toqua trois fois à la porte.

Douce nuit de passion qui s’était passée si vite malgré ce qui sembla une éternité… Déjà la tyrannie de la réalité ramenait le boss de la Synnefo vers les affaires courantes de la journée. Il s’était levé et avait trouvé son lit vierge de la présence de son aimée. Compréhensible, à ses yeux, que les impératifs professionnels se remettent si vite en branle, il y alla donc d’une routine devenue automatisme à cause d’années d’exécutions. Faire son lit, prendre sa douce, s’habiller, manger… Et l’inévitable lecture du journal underground d’Ataxia, celui des hackers et des pirates informatique, des gens qui étaient comme lui, à la base. Car Olivier avait été hacker et espion pour le compte de la Synnefo avant d’être boss et cela, il tenait à ne jamais l’oublier. On avait tort de sous-estimer le pouvoir de l’underground, même en étant chef d’une société criminelle… Fronçant les sourcils pendant sa lecture, il nota mentalement de faire une vérification système du réseau de la Synnefo. Éviter les fuites et les surprises faisaient partie de son travail… Même si tout chef digne de ce nom aurait répugné à avouer sa paranoïa à l’égard de la sécurité de ses petites affaires… Quoi qu’avec Sylia à ses côtés, il se moquait de plus en plus de cet aspect plutôt exagéré dans sa gestion de la Synnefo… Pour en venir à bout, il faudrait plus que la Mavros, la Schya ou une armée quelconque. Et ce n’était pas un hacker de bas étage qui viendrait jouer dans ses platebandes côté sécurité!

Parlant de Sylia… Il allait être forcé de lui confier une tâche toute spéciale. Le salopard qui s’amusait à tuer sans discernement les criminels des trois grandes organisations s’en était encore prit à ses employés qui par chance en avaient réchappé… La prochaine fois, il ordonnerait des groupes de six sur toutes les missions, aussi petites soient-elles… Et il hésitait entre confier à son meilleur élément la charge de butter cette ordure ou de lui interdire de se mêler de cette affaire. Quoi qu’une chasse à l’homme en couple… Cela pourrait s’avérer amusant. Non. Trop de risques, tout bien considéré… Il faudrait tenter de lui tendre un piège… ce qui pourrait s’avérer comme étant… Divertissant à tout le moins. Et montrer à Ataxia que la Synnefo ne faisait pas que parler : elle agissait.

« LA question est… Est-ce que cela vaut la peine de tenter ne alliance temporaire Schya Mavros Synnefo pour butter ce type? Il est chiant mais quand même pas à ce point… Quoi que… Il faut souvent de petites choses pour en faire de plus grandes… Ce pourrait être une belle opportunité à saisir… »

Murmura t’il pour lui-même. Il allait se mettre à la rédaction du communiqué à transmettre respectivement à Eloane Helies et Samuel Westfield quand on cogna à sa porte. D’instinct il su que c’était Sylia… Et également grâce aux caméras cachées à l’Extérieur de son bureau, il allait de soi.

« Entrez, mademoiselle Win Der Walls… »

Après autorisation de son boss, parce que, oui, il y avait la vie privée, d'un côté, et, vie professionnelle, de l'autre, la jeune femme entra alors dans le bureau d'Olivier Maxter. Son sourire habituel n'avait pas quitté son visage et, à la vue de l'homme qu'elle aimait, il était même encore plus radieux qu'à l'accoutumée. Réflexe instinctif de l'amour, que voulez-vous? Il y a certaines petites choses qu'on ne peut pas contrôler.
Sylia ferma la porte derrière elle et s'avanca, ses talons claquant le sol... C'était d'ailleurs le seul bruit que l'on pouvait entendre, mise à part celui des ordinateurs du bureau qui fonctionnaient sans doute vingt quatre heures sur vingt quatre ou encore des doigts frappant les touches du clavier du grand patron de la Synnefo. En parlant de l'organisation, elle avait entendu par ci par là, rumeurs ou non mais elle doutait que cela soit faux étant donné que le sujet semblait sérieux, qu'on retrouvait pas mal d'agressions des agents de la Synnefo... voire ailleurs. Quelqu'un - société ou un client en particulier - en voulait aux organisations de criminels, ce qui n'était pas nouveau. Mais... Qui? Une raison particulière?

Sylia s'était arrêtée devant le bureau du jeune homme et le regarda travailler pendant un petit moment. Bien qu'elle disait ne pas mélanger le boulot et l'amour, elle n'était pas insensible intérieurement à sa vue et ça la réchauffait et l'encourageait. Le voir aussi concentré n'était pas désagréable... Et des idées à la fois étranges, passionnées et tordues passèrent dans son esprit, pensées qu'elle tentait de repousser le plus vite possible. Ce n'était pas le moment, Sylia!

-Bonjour... Olivier. Elle s'était souvenue que la première fois où ils n'étaient pas aussi proches, il l'avait autorisée l'appeler par son prénom. Je suis venu pour savoir si vous comptiez sortir aujourd'hui et alors, je serais là pour assurer votre protection puisque je suis, avant tout, votre garde du corps... ou si, dans le cas contraire, vous aviez un rôle à me confier, un autre boulot...

« Sincèrement, j’hésite. Énormément même. Tu n’es pas sans connaître les rumeurs plutôt… Tenaces sur cette ordure qui attaque sans discernement les fils et les filles de la Synnefo. Je veux que quelqu’un me le ramène vivant que je le lapide avec du petit gravier pour faire durer la torture, je veux que chaque membre de cette organisation ait le loisir de lui faire payer au centuple les terribles crimes qu’il a commit contre nous et ultimement je veux sa tête sur mon bureau. Sur un plateau d’argent. Mais toute la question est dans le risque. Imaginons un instant que par la plus horrible des malchances, ce soit lui qui prenne le dessus sur toi… Je ne veux pas me retrouver avec ta tête sur mon bureau. Enfin… Pas détachée de ton corps il va de soi! Alors je me suis dit… Pourquoi ne pas partir en chasse ensemble? Mieux : pourquoi ne pas y aller en bande? Mais encore là, un autre problème se pose… »

Fit savoir le chef de la Synnefo en faisant apparaître dans les airs un article de journal via un des projecteurs de son bureau. Un communiqué des forces de police concernant une augmentation des patrouilles. Sous le règne Maxter, on évitait les tueries et les blessés inutiles. On réduisait les dommages collatéraux. On se comportait en chirurgiens : précis et efficaces. Et si Synnefo et forces de police venaient à tomber nez à nez, ce serait la fusillade à coup sûr… Chose à laquelle Olivier ne tenait pas.

« Pour une fois que nous en sommes dans un à peu près de Status quo avec la police, je en vais pas risquer un affrontement armé pour avoir la tête d’un seul homme bien que ce ne soit pas l’envie qui me manque! Et quand je pense que pour un peu et il aurait pu m’avoir moi… OH! J’ENRAGE! JE LE HAIS! »

Vitupéra le chef de la Synnefo, virant au rouge, le regard de feu et balançant sa tasse vide de toutes ses forces contre le mur du fond où elle explosa en morceaux. Et quand Olivier Maxter se fâchait, on se mettait à couvert ou aux abris, par soucis de sécurité personnelle. Quand il voyait rouge, le chef de la Synnefo était réputé pour ses… Pulsions plus violentes et parfois meurtrières, littéralement.

« Et quand je l’aurai dans une cellule je ferai savoir au monde entier ce qu’il en coûte de nous attaquer, je diffuserai son exécution en public sur le net s’il le faut mais personne, non personne ne va tuer MES employés sans MON consentement exprès! A-t-on idée.. »

Et il se lança dans un virulent monologue à l’encontre du monde en général et des ennemis de la Synnefo, ponctué de jurons, de cris de rage et de gestuelle qui aurait été comique en d’autres circonstances. Sylia avait intérêt à le calmer et vite avant qu’il ne fasse quelque chose d’inconsidéré qui finirait mal et ce de façon invariable…