Nettoyage

Il faisait plutôt calme ce soir-là au Night Club du quartier Mavros, à croire que les habitués avaient délibérément déserté l'endroit pour on ne sais quelle mystérieuse raison. La raison? Elle était toute simple en fait, l'un des habitués du Night Club, Wilbur Quimby, devait une grosse somme d'argent au boss depuis un certain temps déjà, il avait toujours su reporter l'échéance de sa dette, s'en tirant juste avec quelques avertissements, mais cette fois, c'était différent.

Voyant que Wilbur n'avait aucunement l'intention de rembourser la forte somme qu'il devait, quelqu'un fut envoyé pour s'occuper de lui, c'est ce qui expliquait la présence de Vincent au Night Club ce soir là, lui qui ne mettait jamais les pieds dans ce genre d'endroit, mais bon, un ordre était un ordre et il lui fallait l'exécuter.
Quimby avait rapidement comprit ce qui l'attendait en voyant Vincent entrer dans le bâtiment, il avait donc prit la fuite dans la partie réservée aux employés, cherchant en vain de l'aide qu'il ne trouva pas, il courait à travers les couloirs en espérant pouvoir trouver un moyen de s'échapper.

Il finit par arriver dans une sorte de salle de contrôle sans aucune issue, il était prit au piège, regardant les écrans de surveillance vidéo d'un oeil fébrile, cherchant son prédateur sur les moniteurs, mais ces derniers ne semblaient pas en fonction, ce qui n'arrangeait pas les affaires de ce pauvre Quimby. Un silence lourd pesait sur la pièce et le couloir qui y menait, c'est alors qu'il entendit des bruits de pas venant dans sa direction, la personne qui s'approchait marchait tranquillement, à son aise, comme s'il savait que tout cela allait bientôt prendre fin.
La voix de Vincent se mit alors à résonner dans le couloir, il chantait doucement, et croyez-moi, rien qu'a entendre cette chanson, Quimby aurait aimé mourir sur le champ d'une crise cardiaque..

"Total Slaughter, Total Slaughter...Pris de panique, Quimby actionna par mégarde un micro qui était raccordé directement à la salle du Night Club, les personnes présentes purent alors entendre le pauvre bougre gémir de peur, et la voix inquiétante de Vincent qui continuait à chanter...I won't leave a single man alive..."

En entendant cela dans les hauts parleurs, les quelques clients de l'établissement se figèrent sur place et levèrent leurs regards perplexe vers les diffuseurs de son, se demandant ce qu'il se passait en ce moment, on pouvait tout de même lire une certaine crainte sur leurs visages.
Les bruits de pas se faisaient plus proches de Quimby qui devenait comme fou, s'il en avait eu la possibilité, il aurait traversé le mur pour fuir, mais c'était peine perdue; Vincent lui continuait de progresser, chantant toujours...

"La de da de dai, Genocide...La de da de duh, An ocean of blood. Let's begin the killing time"

Et là, on pu entendre Quimby hurler de terreur et implorer pitié, ceci fut immédiatement suivit par deux détonantions consécutives, après plus rien, le silence avait reprit sa place, on put tout de même discerner via les haut-parleur, le bruit des pas qui s'éloignaient du micro. Quelques instants plus tard, Vincent quittait l'arrière-boutique du Night Club, se dirigeant vers le bar, lentement.

Deux détonations résonnèrent non loin, et Vera se réveilla en sursaut, se cognant la tête à la surface qui se trouvait au-dessus d'elle et qui s'avéra être le dessous d'une table de bois miteuse et poussiéreuse. Elle poussa un gémissement de douleur et se frotta la tête en grimaçant, avant de prendre conscience de sa situation : elle se trouvait dans une salle plongée dans la pénombre. Mais elle n'avait pas besoin d'en distinguer tous les contours pour constater qu'elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait, ni que l'endroit en question semblait bien peu recommandable. Heureusement, il n'y avait personne. Vera s'extirpa le plus silencieusement possible de sous la table et se dressa sur ses pieds. Elle ressentit alors un vertige et dû se soutenir d'une main à la table, portant l'autre à sa tête et grimaçant sous l'effet désagréable du tangage. Elle pu sentir une bosse sur le sommet de son crâne. Il ne lui fallu pas longtemps pour se rappeler ce qu'il lui était arrivé avant de se retrouver dans cet état, ni pour en déduire ce qu'il lui était arrivé pendant qu'elle était inconsciente. Elle était en mission dans le quartier Mavros. Elle suivait sa cible à travers les rues sombres. Sa cible l'avait repérée. S'était jetée sur elle. L'avait maîtrisée avant qu'elle n'aie pu se défendre - la prochaine fois elle se rappellerait de toujours avoir son arme dégainée. Un bon coup sur la tête et... voilà le résultat. Mais où était-elle ? Très certainement toujours dans Mavros.

Un mince et faible filet de lumière filtrait sous une porte quelque peu délabrée. Vera s'approcha lentement, le bruit de ses pas étouffé par un vieux tapis dont s'échappaient des nuages de poussière à chaque fois que la jeune fille y posait un pied. Vera jeta un coup d'oeil par l'entrebaillement. Un couloir. Une ombre sur le sol, qui s'approchait. Vera recula de façon à ne pas être vue mais à continuer à observer le couloir. Un homme passa juste devant elle, mais ne sembla pas la repérer car il continua son chemin et disparut à travers une autre porte. Vera attendit quelques minutes et, voyant que personne d'autre ne venait, s'avança prudemment dans le couloir, sur les pas de l'homme. Derrière la porte qu'il avait empruntée, on pouvait entendre des bruits de conversation, de verres s'entrechoquant, de cling cling typiques aux machines à sous, le tout sur un fond de musique... Le Casino Mavros ! Voilà où elle devait se trouver. Comment allait-elle se sortir de là ? La seule voie vers la sortie se trouvait droit devant elle. Elle n'aurait pas le choix : elle allait devoir traverser la salle.

Elle jeta un coup d'oeil à sa tenue : un pull noir à col roulé et un pantalon de cuir, noir également. Elle avait un manteau lorsqu'elle avait quitté la Schya, mais il lui avait été arraché. Cela voulait dire qu'on lui avait pris ses armes les plus efficaces. Il ne lui restait plus que son poignard, soigneusement dissimulé dans une de ses bottes. Elle le saisit et le cacha dans sa manche. Puis, elle prit une grande inspiration et poussa la porte. Là, elle entreprit de traverser la salle, adoptant l'air le plus naturel qui soit, se permettant même d'adresser un petit sourire à un groupe de jeunes camés qui la dévisageaient d'un air absent. Elle avançait d'un pas rapide, prenant de grandes enjambées, pressée qu'elle était d'atteindre la sortie. Tellement pressée, et tellement occupée à surveiller ce qu'il se passait autour d'elle, qu'elle en oublia, cette tête en l'air, de regarder DEVANT elle. Le résultat ? Elle fonça droit dans un homme qui était assis au bar. Et pas n'importe lequel : celui là même qu'elle avait vu dans le couloir. Vera, s'étant pris les pieds dans ceux du banc, tomba en avant, entraînant l'homme dans sa chute.

Tout les membres de la Mavros présent dans la salle n'osèrent regarder Vincent alors que celui-ci venait de prendre place au bar et de passer commande d'un verre, tous savaient pertinemment qu'un regard de travers et c'en était finit, c'était du moins la rumeur qui courrait à son sujet actuellement au sein de l'organisation.
Son verre devant lui, Vincent s'en saisit tout en allumant une cigarette, buvant quelques gorgées, le regard dans le vague, il n'avait qu'une envie, terminer son verre en vitesse et regagner son appart', il pourrait enfin se reposer un peu car depuis quelques jours, il traquait les mauvais payeurs, c'était trop simple mais bon, fallait bien obéir aux ordres.

Mais bon, alors que la fin de soirée s'annonçait tranquille, quelqu'un trouva intelligent de bousculer Vincent, jusque là tout allait bien, mais ce qui n'était vraiment pas malin fut de l'entraîner dans la chute qui suivit. Se retrouvant alors au sol, le verre renversé à ses cotés, la cigarette de l'autre, Vincent se releva rapidement, dégainant alors son arme pour mettre la fautive de tout cela en joue, il n'était pas jouasse le Vincent, mais alors pas du tout.

"Envie de mourir maintenant on dirait"

Il fixait la jeune femme droit dans les yeux de son regard glacial, bon, il faut admettre que buter quelqu'un juste pour un verre et une clope, c'était un peu poussé, mais bon, il s'agissait de Vincent aussi, fallait pas l'oublier. Appuyant alors sur la détente, la détonation figea toute l'assemblée du casino et la balle vint se figer à seulement deux centimètre de la tête de la jeune femme, direct dans le sol, après quoi il rangea son arme, lançant un regard dédaigneux envers la gamine..

"La prochaine fois, je ne viserai pas à coté"

Allumant une autre cigarette, il reprit place au bar, commandant un second verre en spécifiant au barman que "c'était sur le compte de la gamine"

En moins de temps qu'il n'en faut pour dire ouf, Vera se retrouva redressée sur ses pieds, face à un Mavros fulminant, et tenue en joue avant même d'avoir pu se rendre compte de ce qu'il lui arrivait. Elle déglutit péniblement alors que son visage se vidait de ses couleurs et que sa gorge se desséchait subitement.

"Envie de mourir maintenant on dirait"

Vera leva légèrement les mains, paumes en avant, et secoua la tête, sourcils légèrement froncés et lèvre inférieure peu vaillante.

- N... Non, veuillez m'excuser. Ce n'était pas volontaire euh...

Prenant conscience que son parlé devait être quelque peu trop soutenu pour l'endroit où elle se trouvait et qu'elle risquait ainsi de se faire repérer, elle préféra se taire. Il ne fallait surtout pas aggraver son cas. De toute façon, elle n'eut pas bien le temps de réfléchir à ce qu'elle aurait bien pu dire d'autre pour sa défense - si défense lui était accordée, et il semblait fortement que non - car une détonation retentit. Vera ferma les yeux, attendant à connaître finalement le grand mystère... Mais rien ne se passait. Elle rouvrit un oeil juste au moment où l'homme lui signifiait que la prochaine fois, le grand mystère ne se ferait pas attendre. Vera hocha la tête, lui signifiant que le message était bien passé. Sans même penser à demander son reste, elle s'empressa de reprendre sa marche en direction de la sortie. Mais elle n'avait pas pris deux pas qu'une réplique très singulière la fit se figer sur place. Elle se retourna. Sur le compte de la gamine ? Elle regarda autour d'elle. Ah... D'accord. Elle retint un soupire et vint s'asseoir à un tabouret, raisonnablement éloigné de celui de l'inquiétant homme. Le barman s'approcha d'elle d'un air piteux et lui communiqua le prix. Elle porta machinalement sa main à sa poitrine, comme elle le faisait lorsqu'elle voulait sortir son portefeuille de la poche intérieure de son manteau, où il se trouvait toujours... Oui mais voilà, on lui avait pris son manteau. A nouveau, le visage de Vera perdit ses couleurs alors qu'elle déglutissait péniblement. Elle tourna un regard affolé vers le pas commode, ne sachant comment se sortir de cette impasse. D'un geste réflexe, sa main droite se crispa, son poing se serrant, prêt à saisir le couteau dans sa manche. Elle se leva de son banc, et jeta un regard plein d'espoir vers la sortie. Dans la salle, le silence était presque total et il lui semblait que tous les regards étaient braqués sur elle - enfin, tout du moins, en ce qui concernait ceux qui étaient encore en état de voir quoi que ce soit.

Vincent sirotait déjà son nouveau verre alors que le barman lui allait donner le prix de la consommation à la gamine pour qu'elle paye. Bien qu'il n'y prêta guère attention, voir les yeux du barman se lever vers le ciel fit comprendre à Vincent que la môme n'avait pas de cash sur elle, assez ennuyeux tout cela étant donné qu'elle lui avait ruiné un verre et qu'en plus de ça, le second qu'il avait déjà bien entamé serait aussi à payer de sa poche, vraiment une soirée pourrie en somme.

Sans quitter son verre des yeux, il interpella la môme qui venait de se lever du tabouret, sans doute avait-elle dans l'idée de quitter les lieux fissa sans prévenir et sans payer, cela aurait pu marcher, mais dans un autre quartier que celui de la Mavros, ici elle ne risquait qu'une seule chose, de se faire trouer sa jolie peau, rien de plus et rien de moins..

"A ta place gamine, je me remettrais sur le tabouret, fait un pas vers la sortie et je peux t'assurer que c'est les pieds devant que tu quittera l'endroit"

Il avait parlé sans même la fixer, et il n'y avait rien de menaçant dans sa voix, c'était plutôt une sorte de conseil donné comme ça, maintenant restait à voir si elle allait écouter ce qu'on lui disait ou bien faire sa forte tête. Dans le cas où la môme tenterait tout de même le coup, Vincent empêcherait peut-être qu'on lui fasse du mal, bah oui, elle lui était redevable d'un verre, il n'allait tout de même pas laisser passer ça non plus.

Se tournant alors légèrement sur le tabouret, faisant face à la salle, il promena ses yeux sur les personnes présentes...Mouais, personne de bien dangereux ou qui oserait faire quoi que ce soit tant qu'il serait là, c'était déjà ça de prit. Il reporta alors son attention sur la gamine, remarquant qu'elle était toujours debout et qu'elle semblait un peu perdue, il lui désigna alors un tabouret non loin de lui..

"J'ai dis assis."

"A ta place gamine, je me remettrais sur le tabouret, fait un pas vers la sortie et je peux t'assurer que c'est les pieds devant que tu quittera l'endroit"

Il n'y avait plus de doutes : la gamine, c'était bien elle. Vera fronça les sourcils et retroussa la lèvre inférieure dans une moue adorablement boudeuse, tout en se rasseyant sur le dit tabouret, bien obéissante - de toute façon, elle n'avait pas le choix, l'avait-elle ? Elle posa les mains à plat sur ses genoux, fixant résolument le plan de travail d'une saleté repoussante d'un air vexé - mais sans plus, c'était juste pour la forme car elle n'en menait pas large. Elle jeta un dernier coup d'oeil autour d'elle, ne sachant trop ce qu'elle cherchait du regard. Un éventuel chevalier qui arriverait sur son cheval blanc pour la sauver de ce pétrin ? Hum, en un tel endroit, c'était bien la dernière chose qui pouvait arriver...

Autant entrer dans le jeu du félon, pour le moment. Peut-être avait-elle une chance de s'en sortir si elle ne jouait pas la maligne et qu'elle ne le contrariait pas plus. Elle était comme ça, Vera. Elle n'aimait pas chercher les ennuis. Dire qu'un peu plus de deux ans auparavant, elle suivait la voie de la loi. Elle se destinait à protéger la nation, à combattre le mal. Et aujourd'hui... Aujourd'hui, elle était du côté sombre de la Force. Aujourd'hui, elle était traquée comme le plus vil des criminels, puisqu'elle était elle-même une criminelle. Et ses malheurs l'avaient conduite dans ce bouge, où sa vie ne semblait tenir qu'à un fil.

Elle poussa un petit soupir, à la fois pour essayer de calmer sa peur, mais également ses nerfs. Car effrayée, elle l'était. Mais elle était également en colère. En colère contre elle-même, de s'être - encore une fois - mise dans le pétrin. En colère contre la Schya, de lui faire mener cette vie qu'elle abhorrait, et ce même si elle lui apportait protection en échange - et quelle protection ! regardez où elle se retrouvait maintenant... Et en colère contre cet homme, cela tombait sous le sens. Elle était peut-être même plus en colère qu'elle n'avait peur, car sous ses airs de jeune fille faible et innocente, Vera n'en était pourtant pas moins une femme forte, courageuse et volontaire. Un ange, oui. Mais un ange guerrière. Elle se mit à tapoter de ses doigts sur la surface du bar, affichant un air impatient, mais évitant de croiser le regard du scélérat, et poussa un autre petit soupir exaspéré.

La gamine semblait avoir une grande envie de mettre les voiles pour se trouver à cent lieues d'ici, ce qui pouvait se comprendre lorsqu'on était pas du quartier, ce que bien sûr Vincent avait prit la peine de noter; il était en train de se demander d'où pouvait bien provenir cette jeune fille...La police? Sûrement pas, les flics ne sont pas assez fous pour envoyer leurs hommes au suicide..Une civile? Encore moins, les seuls civils mettant les pieds dans le quartier Mavros étaient soit des camés, soit des alcooliques, et la gamine ne ressemblait ni à l'un, ni à l'autre..

Vincent poussa un petit soupir, il venait de déduire que la gamine était soit une Schya, soit une Synnefo, et pour ces gens-là, se promener dans le quartier Mavros était synonyme de décès prématuré par perforation multiples...Allez savoir pourquoi, Vincent n'avait pas tellement envie de la buter, premièrement parce qu'elle n'avait pas l'air menaçante, et deuxièmement parce qu'il n'en avait pas reçu l'ordre, mais il lui fallait quand même savoir, il se leva donc de son siège, son verre en main et sa clope coincée aux bord des lèvres, et s'approcha de la jeune fille pour lui murmurer à l'oreille...

"Alors, Schya ou Synnefo? Et n'essaye pas de me faire croire que tu t'es simplement perdue gamine, je ne te croirai pas"

On peu dire que Vincent avait été des plus directs sur ce coup-là, mais à aucun moment sa voix n'était devenue aggressive, elle était, au contraire, plutôt calme, il ne s'agissait là que d'une banale question, rien de plus...

"Si tu répond franchement et rapidement tu pourra peut-être sortir d'ici sans que ta jolie frimousse ne soit abîmée, honnête comme marché, non?"

Dit-il en souriant légèrement tout en prenant place aux cotés de la gamine, il n'allait pas la laisser partir ainsi, il voulait en savoir plus, déjà pour quelle société elle bossait, et ensuite ce qu'elle était venue faire chez ses ennemis direct, sûr que cela pourrait intéresser Dame Helies.

Vera grimaça de dégoût que le vaurien s'approcha d'elle pour lui susurrer son interrogation à l'oreille. Elle n'appréciait déjà pas le contact rapproché, ayant été habituée depuis son arrivée à la Schya à la solitude. Mais si en plus il s'agissait d'un ennemi attitré qui risquait d'avoir une grande influence sur le très prochain déroulement des événements qui régissaient sa vie, pour sûr, cela lui plaisait encore infiniment moins. Elle toussota en grimaçant, agitant la paume de sa main devant elle, dérangée par la fumée de cigarette du Mavros, ce qui lui donnait quelques secondes pour réfléchir sur la marche à suivre : devait-elle répondre sincèrement, comme le lui conseillait le scélérat, ou manigancer un brin... Mais d'après lui, si elle choisissait cette solution, il serait capable de le deviner. Et d'un autre côté, si elle lui disait la vérité, elle se mettait tout aussi bien dans le pétrin. Une Schya dévoilée en territoire Mavros ne faisait jamais long feu. Que faire...

Elle n'eut plus à se poser longtemps la question, car un événement vint mettre un terme à son dilemme. En effet, la porte du Casino fut ouverte brutalement et un groupe d'hommes fit son entrée dans la pièce, arme au poing, parés de l'uniforme officiel de la police d'Ataxia. Ils étaient bien une vingtaine de courageux (ou de suicidaires, à voir) présents, ayant eut l'inspiration (ou l'ordre complètement fou) de venir faire une descente dans le quartier Mavros.

- Police ! Que personne ne bouge !

Les classiques ne changeaient pas, même à travers les décennies.

Les camés et autres ahuris de la Mavros eurent à peine une réaction : si ce n'est que la surprise pouvait se voir sur la plupart des visages, il n'y eut pour ainsi dire aucun mouvement dans la salle. Vera, elle, était quelque peu perdue. Elle qui avait toujours été dévouée à l'ordre se retrouvait maintenant du côté des méchants, et elle ne savait trop comment réagir. Devait-elle coopérer, se soumettre ou se battre ? Dans le doute, elle préféra rester immobile en attendant que quelque chose se passe. Mais ses yeux s'agitèrent, espérant repérer une éventuelle échappée. Malheureusement, le bar était très proche de l'entrée, et si elle faisait le moindre mouvement pour se sauver, elle ne manquerait pas de se prendre une balle - de la part de la police, ou bien du Mavros qui tenait tant à lui faire la conversation.

Police, que personne ne bouge!!

Ces mots résonnèrent dans la tête de Vincent avec le même effet que des ongles griffant un tableau noir, cela faisait naître en lui un sentiment de dégoût indéfinissable, il lança alors un regard noir vers les policiers qui étaient approximativement une vingtaine au premier abord, mouais ,autant s'attaquer à un chien enragé avec un cure-dent, ils n'avaient vraiment aucune idée de ce qui les attendait ici, ou bien ils avaient envie de mourir plus tôt que prévu, enfin, si c'est ce qu'ils avaient choisit.

Ecrasant sa cigarette dans le cendrier et en rallumant une autre aussitôt, Vincent se leva de son tabouret, les mains en poche, et fit quelques pas en direction des flics qui avaient eu l'idée saugrenue de faire irruption dans le casino Mavros, et se planta à quelques pas devant eux, l'air menaçant.

"Je ne crois pas que vous soyez invités à entrer ici messieurs, aussi je vous demanderai de sortir sans causer de soucis et ce le plus rapidement possible."

Il lança un rapide regard vers le barman qui, sans plus attendre, décrocha le téléphone et appela le quartier général de la Mavros pour signaler l'irruption des forces de l'ordre dans le bâtiment.
Vincent fixa ensuite chacun des policier droit dans les yeux, l'un après l'autre afin de voir s'ils avaient peur ou non, s'ils étaient vraiment motivés pour arrêter qui que ce soit ici ce soir. Apparemment plus de la moitié des flics ici présent étaient à la limite de faire dans leur froc dans les secondes qui suivent, par contre pour une minorité d'entre eux, la motivation se lisait dans leur regard, ceux-là allaient sans doute poser de gros gros problèmes ce soir.

"Vous avez le choix, soit vous partez maintenant et chacun d'entre vous pourra embrasser sa femme et ses gosses en rentrant à la maison, ou bien vous décidez de rester ici et là, vos familles recevrons une jolie médaille et les condoléances du chef de la police, à vous de voir."

Alors qu'il parlait aux policiers, plusieurs Mavros s'étaient placés derrière lui avec une furieuse envie d'en découdre avec les forces de l'ordre, la soirée s'annonçait mouvementée; Vincent jeta alors un regard vers la jeune femme..

"Planques-toi derrière le comptoir, vite"