Prêt, pas prêt, j'y vais!

Martin Carter était furieux. Tellement furieux que quiconque l'ayant déjà vu n'aurait pas reconnu le fanatique médecin scientifique qui veillait sur le laboratoire médical avec le fanatisme d'un cerbère... Un employé de la sécurité voulu l'empêcher d'Enter dans le bureau du bos mais il se retrouva bientôt abreuvé d'injures et il préféra battre en retraite. Ouvrant la porte du bureau de son supérieur (preuve indéniable que notre cher Carter était bel et bien déconnecté de la réalité...) à la volée, il alla se planter devant le grand patron de la Schya, la main crispé sur la crosse de son injecteur.

"Samuel Westfield je suppose? Vous devriez avoir honte! Inculte! Barbare! inconscient!"

Et il se mit à tourner en rond, débittant un flot de paroles pour le moins surprenante venant du d'ordinaire calme et tranquille spécialiste en analyse de substances diverses...

"Modifier les règlements du laboratoire sans MON consentement! Même Senora se donnait la peine de venir ME voir pour toute modification concernant MON laboratoire! Au cas où vous ne le sauriez pas, je vis dans ce laboratoire! Et vous laissez une armée de gamins entrer et tout sacager!À cause de votre manque de logique, nous avons eu un incendie sur les bras et plusieurs semaines de travail de détruites. Mais de toute façon tout le monde se moque de l'Avis de Carter, tant qu'il fait son travail! Oh Carter fait ci, oh Carter fait ça... Y EN A MARRE VOUS DIS-JE, MARRE!"

Et il rcommença à faire les cent pas jusqu'à ce que, d'inattention, il pile sur son lacet détaché et qu'il s'étale de tout son long, se cognant la tête au passage sur le bureau pour faire bonne figure.

Bien qu'il aie une jolie entaille au front, le scientifique se releva d'un mouvement brusque et dévisagea son supérieur avec une expression entre la surprise et l'agacement. Ill répondit d'un ton courroucé à son patron ce qu'il pensait et il ne se gêna pas pour le faire façon Carter...

"Bien sûr que ça va! LE grand Martin Carter ne se laisse pas démonter par le premier bureau venu fusse t'il celui du chef! Je représente le progrès moi et on arrête pas le progrès! Sauf si bien sûr ces sauvages qui enternt dans mon laboratoire sans autorisation continue à saboter mes efforts... Des gamins mon bon monsieur, des gamins et je suis encore trop généreux! Oh oui, bien trop généreux. Sales petits monstres immatures indigne d'être admis dans un lieu public!"

"Vous n'avez rien changé au règlement? Mais... WESTWOOD JE VAIS TE TUER! L'ORDURE! L'INFÂME LE MOINS QUE RIEN!"

Et Carter se remit à faire les cent pas, invectivant le membre de la Schya ci-haut mentionnné. Il était furieux contre l'Employé mais très content envers son patron... Une vrai bombe à retardement doublé d'une girouette...

"Il m'a dit qu'il avait changé les niveaux d'Accès, il m'a même donné un papier signé de votre nom et... Oh mais quel idiot j'ai été... JE vais en faire de la purée! Je vais le disséquer... NON, le vivisecter... En faire un sujet de test pour mes nouveaux poisons ou encore..."

Au prix d'un suprême effort, il se calma, esquissa un radieux sourire à son patron et reprit la parole d'un ton jovial.

"Vous allez être heureux boss, le taux de mortalité par contamination d'agent étrangers sur le terrain a diminué de 47%. Vraiment, certains criminels utilisent de curieux mélanges pour s'Attauqer à vos agents... L'autre jour encore je travaillais à trouver un contre-agent à une forme de gaz moutarde liquide..."

"je ne bois jamais pendant le service, c'est contre la règlementation interne qui régit les spécialistes en médecine. Histoire de conserver le maximum de nos capacités de réflexion. autrement, j'aurais consommé mais j'ai encore deux ou trois analyses sur le feu qui vont finir par nécessiter mon attention. Comme le disait un de mes collègues, ex médecin militaire... Semper vigilante. Toujours vigilant. Et puis du reste, devant cette bande d'incompétents qui se disent médecins dans ce bâtiment... Il faut bien quun professionnel s'occupent d'eux. Je ne veux pas critiquer vos choix de recrutement ni ceux de vos prédécesseurs mais bon..."

Répondit Carter d'un ton plutôt neutre malgré une certaine once de regret. Il aurait bien aimé fêter un peu mais qui aurait terminé son travail? Un incompétent de premier ordre ou encore un amateur de technicien de laboratoire? Il en frémit d'horreur juste à y penser.

"Quant à Westwood... J'ai toujours trouvé qu'il aurait plus eu sa place chez ces fêtards sauvages de la Synnefo ou ces brutes de la Mavros... Il n'a RIEN d'un membre typique de la Schya si ce n'est une supposée formation en combat rapproché..."

Oh bien sûr, Carter aurait pu en dire long, très long sur l'individu qui tentait toujours de se servir de son laboratoire pour raffiner de la drogue ce qui avait manqué de donner au médecin chef une attaque cardiaque...

"Oh mais ne vous en faites pas sur ce point patron, je peux le faire parler à coup de drogues violentes. Je suis médecin et spécialiste dans la conception de substances en tout genre, plus spécifiqueent les poisons et les anti-poisons mais croyez moi, je peux très bien lui filer une maladie mortelle ou de quoi lui faire déballer sa vie devant vous sur commande!"

Dit Carter avant de prendre une gorgée de jus. Il effectua un mouvement de tête appréciateur avant de reprendre la parole.

"Le taux d'acidité est plaisamment peu élevé ce qui laisse la chance au sucre du fruit de donner un goût plaisant en bouche. J'en déduis que c'est un produit d'espagne de par la texture de la pulpe et si je ne m'abuse, c'est une récolte d'exception. Elle remonte à quelques semaines au gros maximum. Celui qui vous a vendu ceci a dû se faire avoir: ce qu'il y a dans mon verre est clairement artisanal mais ce genre d'article ne se vend pas au détail en bas de 35$ la bouteille... sauf si bien sûr vous avez des contacts aux douanes pour l'import export. Marché noir je dirais, les pays de ce monde font un embargo à Ataxia pour la plupart... Dont l'Espagne..."

"C'est vous qui voyez patron. Sauuf que tuer ne me fait ni chaud ni froid. C'est pour cette raison, entre autre, que je ne suis pas resté dans le privé. Qui plus est, un professionnel de mon calibre ne rechigne pas à faire les basses besognes: cela nous permet de nous rappeler que nous n'avons pas toujours eu sur nous kes feux des projecteurs et nous ramène au rang de simple mortel."

Dit Carter avec un demi-sourire amusé. Lui même se souvenait avec une précision relativement nette de ses débuts et de la difficulté de percer dans son domaine: tant de compétition pour pouvoir pratiquer une discipline, tant de méfiance et de haine pour avoir sa place au soleil... Et des sacrifices, bien sûr. Des dizaines de sacrifices à faire pour pouvoir réussir...

"NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON! ATTENTION PATRON! DU POISON!"

S'écria Carter en bondissant de son siège pour arracher le paquet de cigarettes des mains de son patron. Piétinant le tout avec une rage féroce en insultant à voix haute les producteurs de cigarettes, Carter couronna le tout en faisant une danse de la victoire autour de la poubelle dans laquelle il avait jeté le "cancer en boîte". On est médecin dévou ou on ne l'est pas et dans le cas de Carter, cela pouvait frôler la démesure...

"HAHAHA! Jamais Martin Carter ne laissera ce cancer en boîte tuer ses patients! Lui vivant, jamais! Et qu'on se le tienne pour dit! Le docteur Carter veille à la survie de ses patients!"

Il regarda son patron avec un large sourire aux lèvres. Il avait un air à la fois sévère et amusé mais il ne comptait pas se lancer dans une leçon de morale vis à vis son patron. Il se contenta de lui rappeler une phrase simple. Mais ô combien évocatrice.

"Fumer nuit à la santé patron, il ne faut pas l'oublier..."

"On dit ça on dit¸ca et c'est le cancer du poumon! Visite obligatoire pour le patron à l'infirmerie pour l'empêcher de se tuer ordonnée par le médecin chef! Et si vous saviez ce qu'un ennemi peut faire avec une simple cigarette... Vous en frémiriez d'horreur! Je suis moi même spécialiste dans la conception de petites substances à déposer sur et dans les objets quotidiens d'une cible donnée... Non non et non patron, vous allez me cesser cette horrible habitude avant de succomber à cause d'un odieux attentat à votre encontre. A t'on idée de se mettre ainsi en danger? Quand je pense que..."

Et Carter repartit dans un interminable sermon qui dura un certain pendant lequel le médecin chef ressemblait plus à un moulin à vent en pleine crise d'épilepsie qu'au professionnel qu'il était, s'emportant sur ses propres arguments, adoptant parfois un ton de voix presque suraigu pour marquer son indignation... De l'or en barre pour quiconque a envie de rire un bon coup. Surtotu que Carter ne s'en serait même pas rendu compte. Le boss aurait pu siester qu'il ne l'aurait pas plus vu...

« Problème? Ah oui… Et tout un! Je n’ai pas encore reçu la visite des membres plus influents et importants de l’organisation. Vous, votre second, les principaux espions, cambrioleurs, tueurs à gage… Les gens que je connais bien au niveau professionnels sont venus, aucun problème là-dessus, j’ai forcé la main à certains nouveaux mais la crème de la crème, ceux que je veux voir manquent à l’appel. Allez savoir pourquoi. Il s’agit d’une visite réglementaire avec les vaccins et tout le bataclan. Rien de réellement désagréable. Et puis dans le pire des cas je me déplacerai avec l’équipement dans les quartiers des concernés… Par les temps qui courent, je ne voudrais pas qu’il arrive malheur à mes patients. Quand on m’a engagé, on m’a clairement fait savoir que c’est ma tête qui se retrouverait sur une pique si nous perdions de bons éléments par manque de vigilance professionnelle. Et pour être honnête, je voudrais bien garder ma tête et la vie par extension… Simple préférence comme ça… »

Dit le médecin d’un ton soucieux. Il avait peut-être l’air d’un excentrique sans cœur mais il veillait à la santé et à la survie de ses patients avec un dévouement et un zèle quasiment fanatique… Et puis du reste, des médecins comme Carter, il n’y en avait pas deux, il n’y avait que lui pour s’inquiéter plus que ses propres patients sur leur état de santé général. Pour Carter, ces pauvres agents étaient exposés à mille causes de mort probables au quotidien et la moindre blessure pouvait devenir un angle d’entrée pour les pires maladies… Malgré lui, il en frémit d’horreur. Pour Carter, perdre un patient c’était plus qu’une faute c’était un crime grave, très grave!

« Peut-être qu’une note de service arrangerait les choses… Si cela ne vous dérange pas bien sûr. Je vous sais occupé donc ne vous sentez pas forcé… Mais je vous avouerai que cela me rassurerais énormément. »

« Il serait plus sage de se rendre directement à l’infirmerie car le gros de l’équipement plus statique s’y trouve. Personnellement, de mon avis de spécialiste, c’est le meilleur des choix. Mais en tant qu’employé et votre subordonné par conséquent… Ce serait une marque de respect que de venir faire le diagnostic ici. En toute franchise patron, ce sont deux possibilités qui ont leur poids dans la balance. Mais… Vous n’allez pas aimer ma recommandation… »

Le médecin poussa un profond soupir, se doutant bien que jouer les moralisateurs allait déplaire à son patron… Et un Carter calmé donc plus diplomate avait tendance à garder des détails pour lui, parfois trop de détails.

« Cessez de fumer. Se faire faire la morale est excessivement désagréable mais c’est d’une inquiétude réelle dont je vous fais part. En tant que médecin, en tant qu’employé en en tant que personne donc Martin juste Martin. Vous en faites bien ce que vous voulez mais j’ai tout sauf un bon pressentiment à cet égard. Et mon instinct se trompe malheureusement rarement. Et je m’en voudrais considérablement d’avoir été l’un des architectes de votre autodestruction bien involontaire. Et n’allez pas voir ici une fierté professionnelle égoïste car c’est loin d’être le cas, je peux vous l’assurer. »

Pendant un instant, le regard de Martin se fit lointain et triste, comme s’il regardait au fond de sa conscience et de ses souvenirs, comme si de pénibles expériences refaisaient surface. Il mit un long moment avant de s’Arracher à cette espèce de contemplation intérieure et quand il reprit la parole, le ton était douloureux. Très douloureux.

« Vous seriez le second chef à qui je recommande des conseils qu’ils n’auront pas suivit. Le premier a finit dans la tombe, reste à espérer que je ne serai pas un oiseau de malheur pour vous, patron. Et je vous dis cela sans exagération. Je l’espère réellement. »

« So now, your time is up. » Voilà en clair ce que son patron venait de lui dire. Pourquoi se rappelait-il cette phrase tiré d’un film du siècle dernier? Il n’aurait pas vraiment su le dire. Peut-être parce dans sa tête il restait une question très délicate à aborder et qu’il n’avait pas voulu l’aborder dans l’instant… Mais bon, il aurait tout le temps de s’interroger sur le sujet plus tard. Dans l’immédiat… Il avait autre chose à faire. Et puis du reste, ce n’était pas comme si c’était quelque chose auquel il ne pouvait faire face lui-même. Pour garder un air crédible qui n’éveillerait pas les soupçons sur son état de pensées actuel (il n’avait pas besoin que le boss lui colle quelqu’un pour le surveiller sur une intuition…), il fit ce que tout bon médecin aurait fait devant une manifestation de semi bonne volonté de la part de son patient. Il soupira et esquissa un demi sourire.

« Très bien patron. J’aurai l’occasion de vous reparler en temps et lieu d’autres choses qu’il reste à régler. Je vous remercie pour votre temps et l’attention que vous avez porté à mes paroles. Nous aurons l’occasion, j’espère, de converser un jour en dehors du cadre du travail. Un bon médecin fait aussi le suivit vie hors professionnelle de ses patients. Qui sait… Là dehors se trouve peut-être une source d’irritation ou de guérison pour vous… »

Sans un mot de plus, le médecin quitta le bureau de son supérieur pour se diriger vers l’ascenseur. Finalement, il commençait à l’apprécier ce Westfield. Il fallait simplement lui laisser le temps de faire ses preuves et lui donner une chance. Oh bien sûr, cela ne voulait pas dire qu’il trouverait un soutien inconditionnel en Carter, non loin de là. On n’achetait pas Carter, on gagnait sa confiance. Processus long et parfois ardu mais qui finissait toujours par payer. Sacré Carter, excentrique aux valeurs parfois vieillottes… Il faisait un joli contraste avec le Schya moyen voire avec l’ataxien moyen de bonne naissance. Et c’est-ce qui en faisait un personnage si efficace. De retour à son propre bureau, il commença à établir la liste des patients à voir en priorité. Le travail ne s’arrêtait jamais pour les gens dévoués à leur métier…