Du sang sur les mains [PV]

Invité

Nina sortait du grand bâtiment qui surplombait la place. Elle fut soulager de quitter les cris et l'empressement des gens qui se bousculaient pour vendre ou acheter telle ou telle action qui ne manquerait pas de chuter dans les jours à venir. Franchement, elle n'y comprenait rien à ces histoires boursières. Ca ne lui parlait pas. Par contre, ce qui lui parlait, c'était les cinq cadavres qu'elle laissait derrière elle en quittant les lieux. Trois gardes du corps et ses deux victimes. Le père et le fils. Elle avait fait d'une pierre deux coups et elle savait qu'elle serait payée double. Et bien sûr, elle ne serait pas inquiétée. Elle les avait tués dans les toilettes des hommes puis était entrée du côté femme pour se refaire une beauté… Et se laver les mains…

Elle fit quelques pas après avoir passé la grande porte de la Bourse et s'arrêta en haut des marches. Elle ferma les yeux et sourit sereinement. Elle aimait bien ce vent frais. Sans vraiment réfléchir, elle retira les pics de bois qui retenaient son chignon et laissa tomber ses cheveux le long de ses épaules. Elle avait fini sa journée et elle n'était pas armée vu qu'elle ne travaillait qu'à mains nues. Elle était donc tranquille.

Elle descendit les marches et, arrivée en bas, elle regretta l'intérieur… Dans la Bourse, les gens se poussaient et s'agglutinaient, certes… Mais ils laissaient du passage entre eux alors que là… Elle fut obligée de jouer des coudes mais ne put pas vraiment choisir sa direction ce qui fait qu'elle se retrouva face à la fontaine au centre de la place alors qu'elle avait cherché à en sortir. Elle soupira et s'assit sur le rebord du bassin. Elle observa un moment son reflet dans l'eau puis son regard se posa sur la main sur laquelle elle était appuyée. Elle se redressa et regarda ses doigts. Ils étaient propres, parfaits… et pourtant… Elle avait encore l'impression qu'ils étaient sales. Elle les plongea dans l'eau glacée.

*Et si je les lavais dans l'eau bénite ? Il me faudrait une église…*

Elle se mit à regarder autour d'elle, par delà la marée humaine, puis elle rit pour elle même. C'était vraiment une idée idiote… Elle ne croyait pas en Dieu. Elle se força à se contrôler. Cela faisait deux ans qu'elle tuait pour le compte de la Schya. Si elle se mettait déjà à avoir des remords, que deviendrait elle ? Non, franchement, c'était ridicule.

Un jour comme les autres dans la vie de Dakota, à la différence qu'un affreux mal de tête lui vrillait les tempes, et qu'il n'avait plus aucunes consciences du temps. Le pauvre était une nouvelle fois vidée de toute énergie, ce qui n'était pas étonnant, étant donné la quantité impressionante d'alcool qu'il avait ingurgité la veille, et le manque quasi total de sommeil qui avait suivit. Sérieusement, ce travail l'épuisait de plus en plus, et il songea une nouvelle fois à demander une augmentation, mais comme d'habitude, il ne fit qu'y songer, car au fond, il n'était pas obligé de faire ce travail, et il devait se l'avouer, il aimait bien la récente notoiété que ça lui apportait. En revanche, il aimait beaucoup mettre sa propre vie en péril, ce qui était arrivé par deux fois, en très peu de temps, mais comme on dit, ce sont les risques du métier, et en réalité, en ces temps troublés, il était certain que ça aurait très bien pût lui arriver même si il ne travaillait pas dans ce milieu.

Sans vraiment savoir comment, Dakota se retrouva à l'extérieur. La lumière du soleil lui procura alors la sensation d'une gigantesque explosion au niveau de la tête, c'est pourquoi il s'empressa de sortir ses lunettes de soleil et de les poser sur son nez, qui plus est, il se disait qu'il devait avoir une tête horrible et ça lui permettait de se cacher légèrement, car quand on était la coqueluche de ces dames, on ne pouvait se permettre d'apparaître n'importe comment dans la rue.

Il se mit à errer dans les rues d'Ataxia, sans trop savoir ou aller, il n'avait pas de but précis, à part peut-être de rentrer chez lui pour dormir, mais son corps ne semblait plus répondre, il était comme animé d'une volonté propre. Après ce qui lui sembla durer un quart d'heure, il remarqua que la foule se faisait plus dense, et huma une délicieuse odeur de cuisson. Il releva la tête et remarqua qu'il arrivait près de la place de la bourse, toujours bondée à cette heure. Dakota qui était affamé remarqua avec amusement que l'appel du ventre était encore plus fort que celui de morphée. Un peu plus enthousiaste qu'auparavant, il se fraya un chemin jusqu'à l'une des petites échoppes de la place, ou il se commanda un énorme hamburger. Une fois servit, il se dirigea vers la fontaine, s'assit sur le rebord et se mit à dévorer son déjeuner.
Quand soudain il se rappella que ça ne faisait pas partie des bonnes manières qu'on lui avait apprises, il regarda autour de lui. De nombreuses femmes le dévisageaient, apparemment, il ne pouvait rien faire sans que certaines de ses clientes ne le reconnaissent.
Faisant fît des convenances, il sourit à toute l'assemblée, et se remit à s'empiffrer, après tout il s'en fichait, il n'était pas en service.